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Bénin: Sans remord, Jacques Ayadji cadenasse son rapprochement de Talon et exclut un départ du « couvent »

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Jacques Ayadji est depuis ce samedi 28 juillet 2018 le président du Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin). L’ancien secrétaire général du Syndicat des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (Syntra-Tp) repousse ainsi son come-back dans le monde syndical et cadenasse au passage son rapprochement de la mouvance présidentielle. L’homme qui a qualifié le candidat Patrice Talon de « bourreau » et traité ce dernier de tous les noms d’oiseau n’éprouve visiblement aucun remord.

Manassé AGBOSSAGA

Il fallait vivre longtemps pour assister à ce retournement spectaculaire à 290 degré de Jacques Ayadji. L’ex bouillant syndicaliste refroidi par le vent du Nouveau départ se plait depuis le 06 avril 2016 aux côtés de Patrice Talon. Promu au poste de directeur directeur général des Infrastructures, Jacques Ayadji a vite changé de langage sur l’ex magnat du Coton.

Petit rappel des offenses

Avant la présidentielle de 2016, Jacques Ayadji,  s’était donné pour mission de vilipender le candidat Patrice Talon. Sur les chaines de radio, dans la presse écrite et sur les réseaux sociaux, l’ex secrétaire général du Syntra-Tp ne manquait pas de sortir les  munitions pour mettre en exergue la dangerosité du personnage Talon.  Morceaux choisis, grâce aux archives des sites des  quotidiens La Nouvelle Tribune, Soleil Bénin Infos et autres :

« L’élection de Patrice Talon sera catastrophique, scandaleuse… On ne peut pas mettre à la tête de ce pays un bourreau…Patrice Talon est libre d’être candidat, …mais nous les béninois avons le devoir de faire échec à son élection… Patrice Talon a mis ses moyens au service du KO de 2011…Patrice Talon défend ses intérêts, le pays peut mourir…Patrice Talon n’a pas d’amour pour le Bénin… Si Patrice Talon est candidat, je serai candidat. S’il annonce sa candidature, à la minute qui suit, je serai candidat contre lui ».

Ravale ses vomissures

Au second tour de la présidentielle de 2016, Jacques Ayadji sous un pseudo prétexte du combat contre la colonisation a ravalé ses vomissures. L’homme  qui a annoncé que l’élection du magnat du coton serait une catastrophe a appelé les béninois à voter pour le candidat Patrice Talon. On est au début de l’épisode du feuilleton ‘‘ la surprise Ayadji’’.

Comme certains béninois qui manquent de crédibilité entre leurs propos et leurs actes, l’ancien syndicaliste n’a pas hésité à accepter par la suite sa nomination au poste  de directeur général intérimaire  des infrastructures. Jacques Ayadji accepte ainsi de servir les intérêts du « bourreau ». Patrice Talon a, beau manqué d’amour pour le Bénin  et être plus intéressé par ses intérêts, il ne voit pas d’inconvénient à travailler avec lui.

A cet instant là, Jacques Ayadji amorce  sa  métamorphose définitive. A sa prise de fonction en juillet 2016,  il n’hésitera pas à lancer qu’il entre au couvent.

« Je suis aujourd’hui directeur général des travaux publics. Je change de statut. Je rentre au couvent. Cela veut dire que je ne suis plus libre de dire comme je veux, ce que je veux », prévenait l’homme lors de sa prise de fonction.

Mais là encore, Jacques Ayadji n’a  pas tenu  parole. Il a fait le contraire de ses déclarations. En effet après sa nomination, Jacques Ayadji trouvait le temps nécessaire pour attaquer les décisions de la Cour constitutionnelle présidée à l’époque par le Professeur Théodore Holo. Sans scrupule, comme s’il était encré dans le style Talon, il ne manquera pas d’inviter les autorités actuelles à « jeter à la poubelle les décisions de la Cour constitutionnelle.

Et si Jacques Ayadji  a, après sa nomination,  gardé   le réflexe de  vilipender la Cour constitutionnelle, cela  n’a  pas été le cas pour son combat contre le néocolonialisme. En effet, l’homme qui avait combattu la candidature de Lionel Zinsou au point de courir à Abomey pour une pause-photo sur la statue de Béhanzin  n’a pipé aucun mot quand Patrice Talon a, après 58 d’indépendance,   décidé de confier la gestion du port de Cotonou à un belge.    

Pour confirmer son égarement, l’ex syndicaliste devenu amoureux du « bourreau  Talon » a lancé  ce jeudi 28 juillet son mouvement politique dénommé Mouvement des élites engagées pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin). Mieux, il a confirmé sa présence dans la mouvance présidentielle. Jacques Ayadji exclut ainsi son retour dans le monde syndical. Il conforte au contraire sa présence dans le monde des avantages et privilèges du pouvoir. Servir le « bourreau » ne pose donc pas de problème à ce dernier. L’éthique, les valeurs, les propos du passé ne sont donc pas dans le dictionnaire de Jacques Ayadji.

Étonnant de la part de quelqu’un qui rassurait « ne pas vendre son âme ».

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