Quand l'anodin devient une information

Nicéphore Soglo : « Le Comité de la Résistance Nationale se bat et continuera de se battre contre l’intimidation, la dictature et la répression sauvage »

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Pas
de résignation dans le rang des forces de l’opposition. Face à la presse ce jeudi
10 octobre 2019, Nicéphore Soglo a réitéré la détermination des partis de l’opposition
réunis au sein du Comité de la Résistance Nationale à se battre pour le respect
des libertés et les principes démocratiques, fruits de la conférence nationale de
1990. En outre, les forces de l’opposition ont, par la voix de Nicéphore Soglo,
rappelé les préalables avant la tenue de tout dialogue. Déclaration !!!
Déclaration !!! Déclaration !!!

DÉCLARATION DES FORCES POLITIQUES DE LA RÉSISTANCE

       Mesdames, Messieurs

    6 avril 2016, 10 octobre 2019, 42 mois, ou
03 ans et demi se sont écoulés, trois ans et demi qui ont vu le rêve de tout un
peuple tourner au cauchemar.

    Trois ans et demi qui ont vu s’écrouler une
Nation qui, il y a encore peu, tirait sa fierté et sa raison d’être, non pas
des immenses ressources géologiques dont regorgent certains pays, mais de son
histoire construite à la sueur et au sang de son vaillant peuple, une fierté
reconnue et saluée de part le monde.

    Aujourd’hui, que reste-t-il de cette
histoire, de cette richesse qu’aucun sous-sol ne peut produire ? La question
est bien venue en ce jour, jeudi 10 octobre 2019, où l’actualité nous
interpelle et nous questionne. Qu’avons-nous fait des résolutions de la
Conférence Nationale ? Quels souvenirs gardons-nous de la mémoire de ceux qui
sont morts pour qu’arrive le 19 février 1990 ? Que nous réserve l’avenir ?

    Aux deux premières interrogations, on peut
répondre sans aucun risque d’erreur, qu’aujourd’hui, tout cela représente un
gâchis qui doit faire retourner dans leurs tombes les Pères initiateurs et
animateurs de la Conférence Nationale.

    La tradition de droiture, de justice et de
fraternité de ce peuple pacifique l’a amené à confier ses destinées à un de ses
fils prodige par infamie. Une erreur dont il (le peuple) paie aujourd’hui le
prix, un prix insensé et totalement injuste.

    Oui, au sortir des élections
présidentielles de mars 2016, Patrice Talon a été porté à la tête de notre
pays. Lorsqu’on connaît le climat combien lourd et tendu qui prévalait entre
son prédécesseur à qui il a froidement tenté de donner la mort et lui, il est
permis de saluer la grandeur d’âme de notre peuple.

    C’est un drame qui s’abat sur notre pays
depuis ce temps avec un président qui s’est emparé de tous les secteurs vitaux
de l’économie nationale, et qui, pour protéger ses intérêts personnels assis
sur la multitude de conflits au sommet de l’Etat, s’appuie sur un régime
policier, une justice oppressive, une corruption sans limite.

    Aussi, de nombreux concitoyens ont-ils été
jetés en prison et continuent de l’être et d’autres contraints à l’exil en
raison de leur opinion politique, pendant que se pavanent sans scrupule et avec
arrogance, ceux qui ont commis de graves crimes économiques.

    Comme si cela ne suffisait pas, Patrice
Talon a décidé d’installer un parlement de sang et d’exclusion, totalement
acquis à sa cause, au sortir d’une parodie d’élection législative boycottée par
plus de 90% du corps électoral. Pour protester contre cette supercherie, et
usant de leurs droits constitutionnels, nos concitoyens sont descendus dans les
rues, les mains nues. C’est à la stupeur générale que Patrice Talon a ordonné à
l’armée  d’ouvrir le feu sur les manifestants.
Pour la première fois depuis la fin formelle de la colonisation de notre pays
et après six coups d’état militaire intervenus sans effusion de sang, des
citoyens ont été froidement abattus et les dépouilles mortelles confisquées.

    Nous sommes en Afrique, et sommes
Africains. Nos morts ont droit à des funérailles qui honorent et saluent leurs
mémoires et leurs âmes crient vengeance. Ils sont morts pour que ne siègent pas
les députés croupions ; ils sont morts pour que Patrice Talon n’enracine pas le
règne de la dictature ; ils sont morts aussi et surtout pour que renaisse le
Bénin des cendres de la dictature et c’est ici que prend tout son sens cette
question posée plus haut : que nous réserve l’avenir ? Les martyrs de
Cadjèhoun, de Kandi, de Tchaourou et de Savè ont versé leur sang pour libérer
notre peuple. Ils ont consenti le sacrifice suprême pour que le Bénin reste
debout. Patrice Talon doit restituer les corps aux familles en pleurs, afin
qu’aux obsèques de ces héros la Nation vienne s’incliner.

    Partout sur le continent, souffle un vent
de liberté sous la pression des forces démocratiques. Les derniers événements
intervenus au Sénégal et au Cameroun 
envoient un signal fort à Patrice Talon et lui interdisent de faire la
sourde oreille.

Quel
dialogue politique pout-on organiser, pendant que nos compatriotes sont
contraints à l’exil ?

Quel
dialogue politique pout-on organiser, pendant que des compatriotes croupissent
en prison pour délit d’opinion ?

Quel
dialogue politique pout-on organiser alors que notre Assemblée Nationale est
devenue un lieu souillé du sang de nos compatriotes ?

Quel
dialogue politique pout-on organiser, pendant que Patrice Talon continue de
contraindre nos concitoyens à l’extrême précarité ?

    La situation économique de notre pays est
dramatique : Patrice Talon, son gouvernement et son parlement de sang et
d’exclusion sont restés insensibles aux conséquences de la fermeture de nos
frontières avec le Nigéria alors que dans tous les autres pays concernés, et
Chefs d’Etats et autres institutions s’en préoccupent. Cela ne fait que
confirmer son indifférence vis à vis de la souffrance du peuple béninois.

    Plus de 503 enseignants du  primaire et du secondaire ont été suspendus,
sans aucune procédure en cette rentrée où les classes sont pléthoriques et sans
enseignants, sous le prétexte d’avoir refusé d’être soumis à une prétendue
évaluation diagnostique.

    La Résistance Nationale,  résolue à combattre quoi qu’il en coûte la
déliquescence des valeurs qui fondent la République, rejette catégoriquement ce
scénario imaginé par Patrice Talon pour se donner du souffle et rebondir dans
sa politique meurtrière.

    Patrice Talon sait tout le tort qu’il a
causé à notre pays et à son peuple et aucun dialogue n’est envisageable sans
les préalables ci-après :

-la
reprise des élections législatives pour donner la parole au peuple et lui
permettre de choisir ses représentants ;

-l’amnistie
générale pour tous les exilés et détenus politiques ;

-la
restitution des dépouilles mortelles de nos compatriotes assassinés à leurs
familles respectives afin de leur permettre de faire le deuil des disparus ;

-la
réintégration sans délai dans leur fonction des 503 enseignants abusivement
suspendus.

    Les deux partis politiques siamois le
savent et c’est ce qui explique la cacophonie et la guerre de tranchées qu’ils
se livrent depuis quelques mois. Les petits partis qui gravitent autour des
deux autres le savent aussi et leur prise de position ces derniers jours n’est
ni plus ni moins qu’une déconnexion d’un système décadent et moribond construit
sur le mensonge et les pratiques de hors-la-loi. Les parlementaires aux
vêtements tâchés du sang de nos martyrs le savent et c’est ce qui explique
qu’ils font profil bas, incapables de se ranger aux côtés du peuple,
prisonniers des énormes avantages de corruption dont ils jouissent.

   
Tout notre peuple le sait et son silence n’est que le calme avant la
tempête, et non une résignation.

    Le pays de Béhanzin, Bio Guera, Kaba et
autres héros de la résistance dont nous sommes les dignes et fiers héritiers ne
saurait se résigner face à aucune épreuve.

    Nul n’ignore le rôle éminemment  positif joué par le Clergé dans la mise en
route du processus démocratique dans notre pays, et tous les efforts qu’il
déploie depuis que l’héritage de la Conférence Nationale est mis à mal. Comme
si sa  démarche dérangeait, on a fait
l’option de l’ignorer, de l’infantiliser pour recourir à des personnages
douteux de notoriété publique pour conduire le pseudo dialogue, aggravant  la crise de confiance.

    Le Bénin est notre commune Patrie, nous
devons travailler ensemble à la construire, à produire la richesse et à la
partager. C’est pourquoi le Comité de la Résistance Nationale se bat et
continuera de se battre contre l’intimidation, la dictature et la répression
sauvage
qui caractérisent le Régime Talon  dont la finalité réelle est de concentrer la
richesse nationale aux mains d’une minorité arrogante et opportuniste.

    Pour toutes les raisons évoquées plus haut
et singulièrement pour la mémoire de nos martyrs, aucun sacrifice ne sera de
trop pour combattre le régime apatride et de trahison de Patrice Talon.

    Aussi, voudrais-je, du haut de cette
tribune, en ce jour du jeudi 10 octobre 2019 annoncer la création d’un Fonds
National de Solidarité, destiné à venir en aide aux orphelins dont Patrice
Talon a fait exécuter froidement les géniteurs et qui sont abandonnés à leur
sort. J’invite par conséquent tous les Béninois à faire le geste minimum pour
aller au secours de ces âmes en détresse, victimes collatérales de la barbarie
du régime de Patrice Talon.

    Je voudrais pour finir inviter tout notre
peuple à assister ou à s’unir d’intentions à la messe qui sera dite dans une
Église quelconque le samedi 12 octobre 2019 dont l’heures vous sera communiqué,
pour le repos des âmes de nos concitoyens lâchement assassinés.

VIVE LA RESISTANCE NATIONALE !

VIVE les FORCES DE L’OPPOSITION !

VIVE LE BENIN !

JE VOUS REMERCIE

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