Quand l'anodin devient une information

‘‘Marigot des médias’’: Le journaliste Zek Alafaï parle de son parcours, ses beaux souvenirs, les difficultés du métier,…

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Pour ce deuxième numéro de « Marigot des médias », nous recevons  un confrère à plusieurs casquettes.  Journaliste, blogueur,  promoteur de l’agence de communication << integral advertisement>>, et membre d’organisations de jeunes et de la société civile,  Zek Alafaï,  a bien voulu partager avec nous,  son parcours, ses beaux souvenirs, les difficultés du métier. Sur ce dernier point, l’ancien produit de Radio univers semble ne pas regretter son choix, celui de faire carrière dans la presse au détriment de sa formation de base, les sciences juridiques. Détails !!!

Kpakpat Médias: Merci de vous présentez à nos lecteurs et lectrices?

Je suis Zek Adjitchè Alafaï, blogueur et journaliste indépendant ivoiro-béninois, membre du réseau international des journalistes arabes et africains (Rijaa). Je suis titulaire d’une Maîtrise en sciences juridiques, option Droit des affaires et carrières judiciaires. Je suis célibataire, néanmoins père d’un  jolie petit garçon de 6ans.

Parlez-nous un peu de votre parcours dans le métier ?

Je suis arrivé au journalisme en 2009 par Radio Univers, la radio-école de l’université d’Abomey-calavi, qui a vu le jour en 1990. J’y ai animé plusieurs émissions de la grille des programmes d’alors dont «au parfum d’un plume » dédiée à la promotion du livre et aux acteurs de la chaîne du livre.

Pour lever tout équivoque, je dois dire que je suis de la promotion 2009 dont le parrain est Tiburce Adagbè, le promoteur de l’hebdomadaire  « le déchainé du jeudi » et l’auteur de « mémoires de chaudron », un feuilleton polico-littéraire à succès qui relate les péripéties de la conquête et de l’ascension au pouvoir de l’ancien président de la République,  Boni Yayi dont il fut l’un des plus proches collaborateurs.

Le journaliste Zek Alafaï

Après la formation à Radio Univers et un stage de courte durée à radio Planète, je me retrouve grâce à Jean-Eudes Dakin à l’Institut maritime de management et de communication (IMC), créé et dirigé par Joseph Innocent Gandaho, expert maritime, premier directeur général du Conseil national des chargeurs du Bénin (CNCB) et secrétaire exécutif du l’Union des conseils des chargeurs africains (Ucca). Il fut par ailleurs conseiller technique de l’ancien chef de l’Etat, Mathieu Kérékou. L’institut éditait un journal « tam-tam afrik » et un magazine,  « le magazine des métiers de la mer (3m) >>. Il était également l’un des pionniers de la presse en ligne au Bénin. Il possédait au moins trois sites internet, un pour le journal, un autre pour le magazine et un troisième pour l’institut même. C’est là donc que je deviens rédacteur web, peaufine et affine ma plume et m’intéresse aux questions liées au droit maritime.

C’est néanmoins à “Soleil Bénin infos” que je découvre véritablement l’univers médiatique béninois. J’en deviens le rédacteur en chef peu avant de me consacrer à mon propre projet de presse, la création et l’animation du blog d’information  « le sanctuaire du messager » et de l’agence de communication << integral advertisement>>.

Vous avez fait vos premiers pas dans la presse par la radio, mais vous êtes aujourd’hui dans la presse en ligne. Pourquoi ce changement de cap ?

Je n’ai pas changé de cap. Je suis juste la ligne, sinon la courbe de mon destin et le cours de ma vie. C’est à IMC que j’ai découvert la presse en ligne qui était encore embryonnaire. J’y suis revenu tout naturellement parce dans beaucoup de secteurs, le numérique a beaucoup fait évoluer  les choses. Le métier de journaliste a été profondément bouleversé avec le développement du numérique. Je crois, ma foi, que l’avenir de la presse est dans le développement de la presse en ligne.

Vivez-vous de votre profession ?

Je ne fais que ce métier. C’est donc tout naturellement de cette profession que je tire mon gagne-pain. Maintenant, il y a des hauts et des bas. Des moments où tout est rose et des moments où on broie du noir et on est bien obligé de vivre de l’aide et de l’assistance de bonnes volontés. C’est qu’il n’est en réalité pas facile d’être journaliste dans un pays pauvre comme le nôtre où les conditions de travail dans les rédactions, surtout de presse écrite, sont dévalorisantes. 

Si c’était à refaire, choisirez vous la presse ?

 Comme je l’ai dit plus haut, je suis juste le cours de ma vie, la courbe de mon destin. Je n’ai donc aucun regret quant à la profession que j’exerce. Tout est question d’opportunités dans la vie. Je dirai même que ce métier m’a rendu un très grand service, celui de mieux comprendre la société dans laquelle je vis, le fonctionnement de son système politique et bien d’autres choses. Choses que j’avais apprises en théorie sur les bancs de la faculté de droit et de sciences politiques (fadesp) mais que la pratique du métier de journaliste m’a permis de comprendre davantage. Donc, si c’était à refaire, oui je le referai, mais avec plus de lucidité.

Des exploits et déceptions…

 Je ne parlerai pas d’exploits en tant que tel mais d’événements qui m’ont marqué. La première, c’est la participation aux manifestations officielles du world press freedom day, à Accra en 2018, organisé par l’Unesco et le gouvernement ghanéen. C’était une fierté d’avoir participé à cette grande messe qui réunit chaque année le gotha des journalistes venant des quatre coins du monde.

La deuxième chose que je peux évoquer est que ce métier nous fait rentrer dans les endroits les plus insoupçonnés et nous fait rencontrer des personnes qu’il nous serait difficile d’approcher  si nous étions de simples citoyens. C’est comme cela, j’ai pu rencontrer à Niamey en 2015, avec mon confrère François Djandjo,  le ministre Mohamed Bazoum, aujourd’hui le candidat du parti au pouvoir pnds-tarayya pour succéder à l’actuel  président de la République,  Mahamadou Issifou.

Déceptions…

Je me désole juste que le métier ne soit pas si valorisant du point de vue rémunération. Mais,  cela est compensé par les opportunités que le métier offre. Ensuite, c’est ce métier là qui sait défendre mieux que quiconque les droits des travailleurs des autres corps de métier,  mais paradoxalement, les problèmes du secteur sont comme des sujets tabous. On évoque véritablement nos problèmes que dans une perspective électoraliste lorsqu’il faut élire nos représentants dans les institutions, organismes et autres faîtières.

Quand Zek Alafaï  n’est pas pris  par le métier, que fait t- il?

 Je suis membre de plusieurs organisations de jeunes et organisations de la société civile qui œuvre pour l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD), pour la promotion de la culture de la paix, l’assistance à l’enfance défavorisée et aux personnes démunies. Dans ce cadre, j’ai participé aux travaux de priorisation des cibles ODD organisé par le gouvernement du Bénin et les partenaires techniques et financiers (ptf) en 2017. Quand je ne suis donc pas pris par mon métier, j’aide mon pays à ma manière, de même que les hommes et les femmes qui y vivent et qui aspirent à un mieux-être.

Des loisirs…

Comme loisirs, j’aime tout naturellement la lecture, les documentaires, la marche, le footing, les voyages, la découverte de milieux nouveaux pour moi. Je pratique l’écotourisme et je suis un ancien amateur de golf.

Quel conseil avez-vous à donner aux jeunes qui souhaitent faire carrière en journalisme ?

Bon, moi aussi, j’ai toujours besoin de conseils hein. On ne finit jamais d’apprendre. Cela étant dit,  le conseil que je peux donner aux plus  jeunes que moi, car selon la charte africaine de la jeunesse,  je demeure encore un jeune, qui veulent embrasser le métier de journaliste, je leur dirai tout simplement, dans un premier temps, d’aimer le travail bien fait. Pas de l’à peu près. Ensuite,  d’être très ambitieux. Le reste viendra à force de patience et de persévérance. Un proverbe africain, wolof en particulier nous (r)enseigne que : << celui qui est patient est plus efficace que celui qui n’est qu’intelligent>>.

Réalisation : Manassé AGBOSSAGA

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