Categories: Non classéPolitique

3ème mandat : Soro parle de « forfaiture » et accuse Ouattara de vouloir « brûler » la Côte d’Ivoire

Guillaume Soro a accordé une interview au Journal du Dimanche. Dans cet entretien, il évoque la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. L’ancien président de l’Assemblée nationale affiche son opposition à la candidature de Alassane Ouattara, qu’il accuse d’ailleurs de vouloir brûler la Côte d’Ivoire. Kpakpato Medias vous propose l’intégralité de l’interview.

Guillaume Soro

JDD: Le président Ouattara invoque une nouvelle interprétation de la Constitution après l’instauration de la IIIe République approuvée par le peuple lors du référendum du 30 octobre 2016. Il parle de “compteurs remis à zéro” et d'”un cas de force majeur”.

SORO: Il n’y a pas d’interprétation possible. C’est une forfaiture. Il est clairement écrit qu’on ne peut se présenter une troisième fois. D’ailleurs, il n’a cessé de répéter au cours du mois de mars dernier – propos validés par ses juristes – qu’il n’était pas autorisé à faire un troisième mandat. C’est clairement une atteinte à l’indépendance de la Côte d’Ivoire.

JJD: Vous parlez même de coup d’Etat…

SORO: Oui, et il a franchi la ligne rouge. Quand vous vous attaquez à la constitution d’un pays, vous sapez les bases de l’Etat. Au-delà de la Côte d’Ivoire, il y a la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedao), dont fait partie notre pays et qui possède également une charte interdisant de faire un mandat de trop. Il existe donc un double verrou que M. Ouattara a clairement fait sauter.

JDD: Une déception politique et personnelle?

SORO: Il venait chez moi, on se connaissait très bien. En 1990, j’étais encore étudiant et, ensemble, nous nous sommes battus contre le parti unique et pour une alternance politique. Venant de quelqu’un qui a travaillé au Fonds monétaire international, vous comprenez mon ahurissement. Il a profité de l’auréole du FMI pour se glisser dans la peau du charmeur. Moi-même, j’ai été séduit par son CV. Je l’ai soutenu. Nous étions cinq camarades, quatre sont partis. Vous comprenez mon désarroi. J’ai honte. Son comportement caricature les Africains. Mais aussi les politiques. Quel Ivoirien va nous croire?

JDD: Vous vivez en exil, que pouvez-vous faire en réaction à cette décision?

SORO: Dans le cadre de mon mouvement, nous allons nous réunir ­aujourd’hui pour annoncer que nous nous opposons sans concession au troisième mandat de Ouattara. C’est une question de survie, pour sauver la République et ses fondements, protéger notre Constitution et réaliser un idéal démocratique. Nous allons nous battre et lui demander de renoncer.

JDD: De Paris?

SORO: Oui, nous avons des relais et j’ai appelé à l’unité d’action de toute l’opposition. Les manifestations ont commencé à Abidjan, et nous ne sommes pas en 1960. Nous sommes en 2020, il y a Internet et les réseaux sociaux.

J’ai la dictature contre moi mais le droit avec moi

JDD: Vous êtes candidat à l’élection présidentielle, mais vous avez été exclu de la liste électorale et vous ne pouvez pas rentrer en Côte d’Ivoire…

SORO: Je maintiens ma candidature parce que la Constitution me donne le droit de me présenter. J’ai la dictature contre moi mais le droit avec moi. Une parodie de procès a été organisée à mon encontre afin de me rayer de la présidentielle, mais la Cour africaine des droits de l’homme a cassé la décision du tribunal d’Abidjan. Je suis convaincu d’être en bonne position pour gagner cette élection.

JDD: Qu’attendez-vous de la France?

SORO: Maintenant que M. Macron s’est ­invité dans le débat politique ivoirien en félicitant M. Ouattara et en distribuant des bonnes notes, j’attends les sanctions, un carton rouge. Il existe une grande communauté française en Côte d’Ivoire, or aujourd’hui nous sommes à quelques mois d’une élection qui sonne les prémices d’une crise pré-électorale, il prend des risques. Le pays va brûler.

JDD: Qui va le faire brûler?

SORO: Ouattara, bien sûr! Parce que les Ivoiriens n’accepteront jamais qu’il soit candidat alors que lui veut l’être par la force des chars.

Source : Le Journal Du Dimanchehttps://www.lejdd.fr/International/Afrique/guillaume-soro-candidat-a-la-presidentielle-en-cote-divoire-au-jdd-ouattara-va-bruler-le-pays-3984872.amp?Echobox=1596918816&__twitter_impression=true

gilbert

Recent Posts

50è anniversaire de Reckya Madougou en prison : l’émouvant message de Daniel Edah

Depuis la prison, Reckya Madougou souffle ses 50 bougies ce mardi 30 avril 2024. A…

3 heures ago

A Klouékanmè : Richard Boni Ouorou dissipe les doutes de ses partisans sur ses origines

Le président du mouvement Libéral Bénin a rencontré les Libéraux de la commune de Klouékanmè,…

3 heures ago

Haïti: Edgard Leblanc Fils désigné président du Conseil de Transition

En Haïti, le nom du président du Conseil de transition est connu. Ce mardi 30…

4 heures ago

Insécurité : un réseau de cambriolage d’appareils électroménagers démantelé à Tchatchou

Dans la nuit du vendredi 26 au samedi 27 Avril 2024 aux environs de 03…

5 heures ago

Cherté de la vie au Bénin : Le “COJEM Citoyens” dédouane le Gouvernement et indique la vraie cause

ace à la polémique et aux dénonciations sur la cherté de la vie, le Cadre…

6 heures ago

6è édition Masterclass : Richard Boni Ouorou prône un leadership qui allie “sagesse des anciens” et “audace des jeunes”

Richard Boni Ouorou a partagé sa vision du leadership avec les participants de la Masterclass…

2 jours ago

This website uses cookies.