Quand l'anodin devient une information

Les points à retenir de l’ultime débat présidentiel américain

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WASHINGTON — Le président américain Donald Trump et son adversaire démocrate Joe Biden se sont rencontrés pour la deuxième et dernière fois.

© Fournis par La Presse Canadienne

Voici les principaux points à retenir de leur face-à-face de jeudi soir:

LA COVID-19, UN BOULET POUR LE PRÉSIDENT

La difficulté de M. Trump à défendre adéquatement sa gestion de la pandémie reste un frein à sa campagne.

Il était tout à fait prévisible que ce sujet ouvrirait le débat. M. Trump s’est fait poser plusieurs versions de cette même question lors de différentes entrevues et il a rarement pu y offrir une réponse claire.

Questionné sur ses plans pour contenir le virus à l’avenir, M. Trump a plutôt répondu que sa gestion antérieure de la crise était sans faute. D’un grand optimisme, il a même prédit que la COVID-19 disparaîtrait sous peu.

M. Biden s’était préparé. «Quiconque est responsable d’autant de morts ne devrait pas rester président des États-Unis d’Amérique», a-t-il asséné.

ENCORE UN ASSAUT CONTRE L’«OBAMACARE»

MM. Trump et Biden ont tous deux cherché à se positionner en tant que défenseurs de l’accès aux soins de santé, parfaitement conscients que cet enjeu figurait au coeur des préoccupations des Américains avant même l’avènement du nouveau coronavirus.

Mais les efforts de M. Trump pour abroger la loi sur les soins abordables de l’administration de Barack Obama lui ont été renvoyés au visage.

M. Biden, de son côté, a dû parer les attaques de M. Trump qui a assimilé son plan à du socialisme. Il s’est défendu en affirmant que ses opposants lors de la primaire démocrate étaient ceux qui proposaient des politiques plus à gauche.

«J’ai battu tous ces autres gens», a-t-il souligné, railleur.

UN TON MOINS HARGNEUX

Après s’être attiré des reproches bipartites pour ses interjections colériques lors du premier débat, il y a trois semaines, M. Trump a adopté un style moins agressif pour la majeure partie de la joute.

Il a souvent demandé à la modératrice Kristen Welker s’il pouvait répliquer, plutôt que de simplement couper la parole de son rival.

Le ton a bien sûr monté à quelques occasions, mais dans l’ensemble, les téléspectateurs ont finalement obtenu ce dont ils avaient été privés le 29 septembre: un débat digne de ce nom.

LES ATTAQUES PERSONNELLES DE M. TRUMP

Désireux de répéter l’expérience de la campagne présidentielle de 2016, M. Trump est revenu à une tactique qui l’avait selon lui propulsé jusqu’au Bureau ovale: une avalanche d’attaques personnelles.

Il a soulevé à plusieurs reprises des allégations non fondées contre M. Biden et son fils Hunter dans le but de brosser le portrait d’une famille corrompue.

M. Trump n’a offert aucune preuve tangible pour appuyer ses affirmations, et il a souvent fait des déclarations qui n’ont pas résisté à un examen minutieux par le passé.

HOMMES BLANCS ET JUSTICE RACIALE

Le fait qu’un homme blanc de 74 ans et un homme blanc de 77 ans se font concurrence pour diriger les États-Unis détonne avec une année marquée par des débats sur la justice raciale.

MM. Trump et Biden n’ont pas fait grand-chose pour dissiper cette dissonance, jeudi soir.

Même si Kristen Welker leur a offert plusieurs occasions de s’adresser directement aux Afro-Américains, les deux hommes ont tous deux dit comprendre les défis auxquels font face leurs concitoyens noirs… pour ensuite concentrer leurs énergies à se discréditer l’un l’autre.

M. Trump a pratiquement présenté M. Biden comme l’unique responsable de l’incarcération disproportionnée des «jeunes hommes noirs».

Le président s’est aussi autoproclamé «la personne la moins raciste dans la salle». «Personne n’en a fait autant que moi» pour les Afro-Américains «à l’exception d’Abraham Lincoln, peut-être», a-t-il avancé.

LE CLIMAT

La soirée de jeudi a été le théâtre d’une première discussion approfondie sur les changements climatiques en 20 ans de débats présidentiels.

Donald Trump s’est félicité d’avoir retiré les États-Unis de l’accord de Paris, affirmant qu’il essayait ainsi d’éviter des pertes d’emplois en sol américain.

Cela ne l’a pas empêché de s’arroger le mérite de l’amélioration substantielle la qualité de l’air et de l’eau au pays — pourtant en partie attribuable aux réglementations adoptées par son prédécesseur.

L’environnement revêt une importance particulière pour les partisans de M. Biden et ce dernier a appelé à des investissements massifs dans de nouvelles industries vertes. «Notre santé et nos emplois sont en jeu», a-t-il prévenu, en réclamant une transition énergétique.

M. Trump a saisi la balle au bond et a demandé aux électeurs du Texas et de Pennsylvanie s’ils étaient bien à l’écoute.

LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE SE POINTE LE BOUT DU NEZ

M. Biden a enfin eu l’occasion de discuter de politique étrangère — mais juste un peu.

Il s’agissait de l’un de ses sujets de prédilection avant que la pandémie et d’autres crises d’envergure nationale ne l’éclipsent.

M. Biden a reproché au président d’accorder de la légitimité au régime autoritaire de la Corée du Nord en rencontrant Kim Jong-un, «son copain, qui est un malfrat». M. Trump a dit entretenir une relation «différente», mais «très bonne», avec le dirigeant nord-coréen.

M. Biden a rétorqué que les pays «avaient de bonnes relations avec Hitler avant qu’il n’envahisse, en fait, le reste de l’Europe».

Ce n’était sans doute pas la discussion approfondie et nuancée que certains espéraient.

Bill Barrow et Zeke Miller, The Associated Press

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