Quand l'anodin devient une information

Docteur Paul Koffi Koffi : «J’ai décidé d’effectuer une visite de travail pour m’assurer de la bonne exécution de nos chantiers, pour apprécier les difficultés de la mise en œuvre de ces chantiers et voir les perspectives »

0

Le Bénin a reçu un hôte de marque du 07 au 10 octobre dernier. Il s’agit du   Commissaire chargé du département  de l’aménagement du territoire communautaire et du transport à la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Accompagné d’une forte délégation composée de Claude Dossou, Chef division des Infrastructures et de Juliette Youan, Chargée de mission, sans oublier le Représentant résident de la Commission de l’Uemoa au Bénin, Yaovi Batchasi, Docteur Paul Koffi a pu s’entretenir sur plusieurs sujets relatifs à  son domaine de compétence avec les ministres du Cadre de vie et du développement durable, José Didier Tonato, des Infrastructures routières et des transports, Hervé Hèhomey et autres autorités à divers niveaux. En outre, la délégation a pu visiter le poste de contrôle juxtaposé (PCJ) de Hilacondji-Sanvée Condji à la frontière du  Bénin et du Togo, ainsi que la station de pesage d’essieux à basse vitesse de Houègbo, dans la commune de Toffo.  Et dans un entretien exclusif à Kpakpato Medias,  c’est un homme heureux et comblé qui   fait le point de sa mission au Bénin et les perspectives. Détails !!!

Kpakpato Medias : Docteur Paul  Koffi Koffi, vous avez séjourné pendant plusieurs jours au Bénin. Dîtes- nous, dans  quel cadre s’inscrivait ce déplacement en terre béninoise ?

Docteur Paul  Koffi Koffi :  En ma qualité de Commissaire chargé du département  de l’aménagement du territoire communautaire et du transport, j’ai décidé avec l’accord de mon président  de commission,  d’effectuer une visite de travail dans deux pays, le Togo et le Bénin pour m’assurer de la bonne exécution de nos chantiers et aussi pour apprécier les difficultés de la mise en œuvre de ces chantiers et voir les perspectives. Il y avait un certain nombre de chantiers à voir.

Au niveau de l’Aménagement du territoire, nous avons le dossier Schéma du développement de l’espace régional (SDER) qui porte sur une vision stratégique à  très long terme,  sur une période de 20 ans pour apprécier l’évolution de l’espace des huit Etats  et voir comment on peut favoriser l’interpénétration des économies  des pays du littoral et des pays de l’hinterland . Il y a  des variations, des écarts de développement, comment corriger ces écarts  sur les éléments structurants, sur les éléments de durabilité, mais aussi sur la promotion du développement économique et notamment des infrastructures de transport, des infrastructures énergétiques, des infrastructures de communication, … qui servent à renforcer l’intégration.

Il est important que les Etats s’approprient ce schéma qui vient d’être adopté par le dernier Conseil des ministres du 28 septembre 2020.

Le Bénin dispose déjà d’un schéma national.  Il est important maintenant que   dans sa vulgarisation, dans sa diffusion, dans sa mise en jour,  que le Bénin intègre les éléments du SDER.

Au niveau de l’Aménagement du territoire,  c’est celui des Schémas  d’aménagement transfrontaliers intégrés (SATI)  qui vise à identifier des activités de proximité. L’intégration se fait aussi par les peuples en impliquant les collectivités, les populations  à la base. Et avec,  l’insécurité grandissante dans la zone,  nous essayons de promouvoir ce schéma.

Par exemple,  avec le Bénin,  nous avons le schéma de la côtière  qui mobilise cinq pays depuis la Côte d’Ivoire jusqu’au Bénin, naturellement qui se prolonge jusqu’au Nigéria. Ensuite, nous avons le Bénin et le Niger.  Nous avons le  Bénin et le Burkina-Faso.

Donc, ce sont ces schémas de proximité qui rapprochent les populations qui parfois sont séparées par une frontière artificielle qui nous a été léguées par la colonisation.

Ça,  ce sont les deux grands dossiers d’Aménagement du territoire.

Nous avons le deuxième grand  volet, celui des Infrastructures routières et des transports.

Sur  ce volet, nous avons la question des postes de contrôle juxtaposés (PCJ). Nous en avons un,  pour ne pas dire deux qui sont en construction à la frontière  Bénin- Togo.

Justement, que retenez-vous après votre visite sur le poste de contrôle juxtaposé de Hilacondji-Sanvée Condji à la frontière du Bénin et du Togo ?

Nous avons fait le constat en étant sur le chantier que ce projet avance. J’allais même dire très bien, puisque les travaux sont à plus de 98% exécutés et selon la société de  contrôle,  ce grand ouvrage pourrait être achevé à la fin du mois d’octobre pour qu’il soit réceptionné par les deux Etats et la Commission.  Nous avons apprécié la qualité des travaux. Nous avons fait le constat que les choses se passent très bien.

 Au niveau des infrastructures, nous avons des postes de pesage.  Nous en avons ici au Bénin, le poste de Houègbo qui avait été inauguré en 2012, mais pas mis en service.  Après les appels que nous avons effectué vis-à-vis du gouvernement béninois, le Bénin a décidé de le réhabiliter et de le rendre disponible. Il a été mis en service à la fin du mois de septembre dernier.

Constat sur ce poste…

Nous l’avons visité avec le ministre des infrastructures routières et des transports. Nous en sommes satisfaits, puisqu’ils ont fait plus que le réhabiliter.  Ils ont élargi sa mission, à une mission de péage.

Vous savez que le poste de pesage vise à mettre en œuvre le règlement 14 en contrôlant le gabarit, le poids total,  la  charge, mais aussi la charge  à l’essieu.

Donc le Bénin a désormais un instrument efficace qui va permettre d’assurer le contrôle des camions de marchandises, c’est une avancée majeure. Il faut saluer.

Ces deux ouvrages qui sont dans notre portefeuille s’exécutent bien et j’avoue que nous n’avons pas manqué de féliciter le gouvernement béninois en général, et les ministres en charge qui s’occupent de ces dossiers, en particulier.

Le troisième dossier,  c’est celui de l’aviation civile. Il y a la certification de l’aéroport. Il nous reste aujourd’hui,  trois aéroports à certifier dans la zone, celui de Cotonou, celui de Ouagadougou et celui de Bissau. Les deux qui sont les plus avancés, c’est celui de Cotonou et de Ouagadougou.

Aujourd’hui,  nous avons un taux de conformité de plus de 65% dans la zone. Nous sommes heureux, mais nous devons encore faire mieux.

Le gouvernement béninois s’est engagé à mettre en œuvre  les reformes pour que cette certification ait lieu à la fin de cette année.

Donc,  nous partons sur cet objectif et déjà nous sommes satisfaits de l’état d’avancement des éléments à mettre en œuvre.

Aussi, avons-nous fait le constat que le Gouvernement béninois envisage un nouvel aéroport à Glo- Djigbé. Nous avons la responsabilité à l’Uemoa de procéder à l’étude de faisabilité. Il y a une question institutionnelle à régler notamment l’autorité, maître d’ouvrage de l’opération qui a dû changer entre temps, et nous attendons qu’il soit désigné une nouvelle autorité pour prendre en charge les études. Il est important que les études soient réalisées avant la construction de l’ouvrage.

Ce sont les grands chantiers que nous avons examinés avec les autorités béninoises.

Impression générale…

Nous partons satisfaits.  Nous espérons que d’ici la fin de l’année tout  ces éléments connaîtront pour certains,  un résultat définitif, pour d’autres,  une avancée encourageante.

Quelle sera la suite après cette visite ?

Nous allons faire un rapport au président de la Commission.  Nous verrons dans quel cadre nous allons continuer l’appui que nous mettons à disposition de ces pays, qu’il faut encourager.

En termes de bonnes pratiques,  le Bénin est le pays qui fait le mieux dans la sous-région, pour ne pas dire les mauvaises pratiques notamment les perceptions illicites, les temps de passage sur les corridors, les tracasseries policières qui n’existent quasiment pas, les perceptions qui sont les plus faibles.

 Aussi,  le règlement 14, c’est à saluer. Le Bénin applique les recommandations que nous avons prises. Le Bénin respecte le taux de surcharge de 15%, puisque nous étions à 40% de surcharge. Nous sommes passés à 20% et aujourd’hui nous progressons à 15%.

Sur les huit pays,  il y a quatre qui sont à 15% et le Bénin fait partie de ces pays qu’il faut encourager.

Sur le règlement 14, je lance un appel à tous les pays. Cela doit se faire au même rythme.

Un mot pour terminer cet entretien…

Sur l’aménagement du territoire, tous les pays se sont engagés à mettre en œuvre le SDER. Nous allons continuer à les appuyer.

Su les SATI, nous devons faire en sorte que les projets programmes de la zone autour du Bénin puissent s’exécuter.

Et pour les infrastructures que sont les PCJ, nous avons la certitude qu’il sera achevé, viendra compléter Malanville qui est déjà opérationnel. Cela va donner un avantage comparatif au Bénin pour encore améliorer la qualité des prestations, mais surtout réduire encore les mauvaises pratiques sur les corridors.

 Enfin sur les postes de pesage, sur l’exemple du Bénin,  c’est de transformer pour ne pas dire étendre les missions des postes de pesage en poste de péage. Au niveau de la Commission,  nous allons imaginer, réfléchir sur une règlementation communautaire en matière de péage.

Réalisation et Transcription : Manassé AGBOSSAGA

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.