Le président américain vient de perdre d’un coup 88 millions d’abonnés.
Twitter a annoncé vendredi avoir suspendu «de façon permanente» le compte personnel de Donald Trump, invoquant les risques «de nouvelles incitations à la violence» comme celles qui ont embrasé le Capitole cette semaine.
«Après avoir examiné le contenu de tweets récents publiés par le compte @realDonaldTrump, et au vu du contexte actuel, nous avons pris la décision de suspendre ce compte afin de limiter les risques d’incitations à la violence», a expliqué le réseau social sur son blogue.
Twitter avait déjà temporairement bloqué mercredi le compte de Donald Trump pendant une douzaine d’heures après l’invasion du Capitole par des partisans du président sortant.
Le réseau reprochait notamment au principal intéressé d’avoir publié une vidéo répétant de fausses allégations concernant des fraudes électorales qui n’ont jamais été démontrées devant les tribunaux.
Twitter accorde depuis longtemps à Donald Trump et à d’autres dirigeants mondiaux de larges exemptions à ses règles contre les attaques personnelles, les discours de haine et d’autres comportements.
Mais vendredi, la société a expliqué sur son blogue que les récents tweets du président américain équivalaient à une «glorification de la violence» lorsqu’ils étaient lus dans leur contexte, évoquant non seulement l’émeute du Capitole mais des rumeurs de manifestations armées lors de l’investiture de Joe Biden, le 20 janvier.
Dans ces tweets, Donald Trump a affirmé qu’il n’assisterait pas à la cérémonie. Il a aussi qualifié ses partisans de «patriotes américains», affirmant que leurs voix «se feront encore entendre longtemps».
Or, ces déclarations, selon Twitter, «sont susceptibles d’inspirer d’autres personnes à reproduire les actes de violence qui ont eu lieu le 6 janvier 2021», sachant par exemple que le président sortant ne sera pas au National Mall le 20 janvier.
Une attaque contre la liberté d’expression, dénonce Trump
Se connectant en soirée au compte officiel de la présidence américaine @POTUS, qu’il n’utilise d’ordinaire que très rarement, Donald Trump a accusé Twitter de «museler la liberté d’expression»… avant de voir ses messages supprimés à nouveau.
«Les employés de Twitter ont coordonné avec les démocrates et la gauche radicale le retrait de mon compte de leur plateforme, pour me faire taire moi – et VOUS, les 75 000 000 grands patriotes qui ont voté pour moi», a-t-il lancé, ajoutant dans un gazouillis subséquent qu’il songeait maintenant à créer sa propre plateforme.
Ces tweets n’étaient plus visibles quelques minutes seulement après avoir été publiés.
Le grand ménage
Plus tôt vendredi, Twitter avait annoncé la suspension permanente de plusieurs comptes publiant du contenu QAnon, dont celui de Michael Flynn, un ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, et celui de Sidney Powell, une ancienne avocate de la campagne du président.
Parmi les adeptes de QAnon radiés du réseau social figure aussi le Québécois Alexis Cossette-Trudel, connu entre autres choses pour son engagement antimasque. Facebook et YouTube l’ont également banni l’automne dernier.
Le mouvement QAnon est apparu dans le sillage de la théorie dite du « pizzagate » durant la campagne électorale de 2016, une théorie complotiste selon laquelle des responsables démocrates et des vedettes de Hollywood vouent un culte au diable et mangent des enfants.
Le Federal Bureau of Investigation (FBI) considère que ce mouvement présente un risque de violence puisque certains de ses partisans ont déjà commis des meurtres et des enlèvements.
Google a également suspendu vendredi le réseau social Parler, où l’absence de modération des contenus permet à tout un chacun de partager ses idées, même les plus extrêmes. Apple, pour sa part, a donné 24 heures à Parler pour se doter d’une politique en la matière, sans quoi l’application disparaîtra de son système d’exploitation.
CBC/Radio-Canada