Quand l'anodin devient une information

Donald Trump fils interrogé par les procureurs du District de Columbia

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Le fils aîné de l’ex-président américain Donald Trump a témoigné à huis clos dans le cadre d’une poursuite du procureur général du District de Columbia. Celle-ci porte sur l’utilisation frauduleuse alléguée de fonds censés être consacrés à l’investiture de Donald Trump, en 2017.Donald Trump fils serait dans la mire des procureurs de plus d'un État.© Carlos Barria/Reuters Donald Trump fils serait dans la mire des procureurs de plus d’un État.

Donald Trump fils a livré une déclaration sous serment le 11 février, indique un document déposé mardi devant la Cour supérieure du District de Columbia et d’abord révélé par CNN.

L’an dernier, le bureau du procureur général du District de Columbia a intenté une action contre le comité d’investiture de Donald Trump et la Trump Organization, dont Donald Trump fils est l’un des vice-présidents à la direction. Les deux entités sont accusées d’avoir détourné des fonds pour enrichir l’entreprise familiale de l’ex-locataire de la Maison-Blanche.

La déposition de Donald Trump fils «a soulevé des questions additionnelles sur la nature» d’un relevé d’hôtel sur lequel le bureau du procureur général a enquêté, stipule la poursuite dans une requête judiciaire visant à repousser la date de remise de la preuve.

Dans sa demande au tribunal, le bureau du procureur général Karl Racine réclame également la déposition de trois nouveaux témoins, qui viendraient s’ajouter aux 10 déjà entendus, dont Ivanka Trump. La fille aînée de l’ex-président américain, qui était aussi sa conseillère au cours de son mandat à la Maison-Blanche, a enregistré une déposition en décembre dernier.

Les procureurs allèguent que la Trump Organization, après avoir signé un contrat d’une valeur de quelque 50 000 dollars avec l’hôtel Loews Madison pour plusieurs chambres en janvier 2017, a transmis la note au comité d’investiture, qui l’a ensuite acquittée.

Trois des témoins interrogés sur cette question ont «donné des explications contradictoires sur l’objet du contrat et les raisons pour lesquelles le comité d’investiture a accepté de le payer», ont-ils écrit. «Aucun des témoins n’a donné un compte rendu complet ou précis des circonstances de la facturation.»

Les procureurs ont par ailleurs joint au dossier des notes de l’agence de recouvrement sur l’acquittement de la facture.

Rick Gates, qui était le vice-président du comité d’investiture, «assurera le paiement, mais il a besoin que le nom soit changé. On ne peut pas dire Trump Organization», peut-on lire dans une note de juillet 2017.

«Ils semblent tous se montrer du doigt et se trouver des prétextes pour ne pas payer, et cela semble être un autre stratagème pour que le nom de l’organisation ne figure pas dessus», dit une note ultérieure.

Donald Trump avait amassé 107 millions de dollars pour les festivités entourant son investiture, soit près du double du précédent établi huit ans plus tôt par Barack Obama.

Malgré la cagnotte record amassée, les célébrations avaient pourtant été moins fastueuses que celles de certains de ses prédécesseurs.

Des documents obtenus par ABC News en janvier 2019 avaient montré que le comité d’investiture de Donald Trump avait en outre dépensé plus de 1,5 million de dollars à l’hôtel Trump International de Washington, avant son arrivée au pouvoir, le 20 janvier 2017.

Dans la mire des procureurs de Manhattan

Donald Trump fils ne semble pas au bout de ses peines. Mardi, The Daily Beast révélait que les procureurs du district de Manhattan, à New York, qui mènent une enquête criminelle sur Donald Trump et la Trump Organization, avaient étendu leur enquête et portaient un intérêt particulier à l’aîné des enfants Trump.

Lundi, la Cour suprême américaine a débouté l’ex-président, qui souhaitait protéger ses déclarations de revenus et d’autres documents financiers de leur investigation.

M. Trump contestait une décision d’un tribunal de première instance, rendue en octobre dernier, qui obligeait sa firme comptable, Mazars USA, à se plier à l’ordonnance de production de documents présentée par le bureau de Cyrus Vance.

L’enquête des procureurs new-yorkais porte notamment sur les paiements effectués lors de la campagne présidentielle de 2016 à deux ex-maîtresses présumées de Donald Trump dans la foulée de révélations de son ancien avocat personnel et ex-homme de confiance, Michael Cohen. Ce dernier a d’ailleurs été condamné dans ce dossier.

En août 2020, des documents déposés par le bureau de Cyrus Vance indiquaient que la portée de son enquête s’était élargie à de possibles fraudes bancaires à l’assurance.

Michael Cohen avait déclaré devant le Congrès en 2019 que son ancien client surestimait son patrimoine financier lorsqu’il transigeait avec les banques, tout en le minimisant auprès du fisc.

Sophie-Hélène Lebeuf

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