Categories: Non classéPolitique

L’ancienne présidente bolivienne Jeanine Añez sous les verrous

En décembre 2019, l’ancien président Evo Morales, réfugié en Argentine, était accusé de «terrorisme» et de «sédition». La sénatrice de droite Jeanine Añez occupait alors la fonction de présidente, par intérim, le temps d’organiser une nouvelle élection. Aujourd’hui, les rôles sont inversés.

Le MAS, Mouvement vers le socialisme, fondé par Evo Morales, a remporté la présidentielle du 18 octobre, les poursuites contre l’ancien président ont été abandonnées. Rentré en Bolivie, il est officiellement en retrait de la politique, même s’il ne se prive pas d’intervenir régulièrement dans le débat.

Et c’est Jeanine Añez qui se retrouve cette fois devant la justice, qui plus est pour les mêmes chefs d’inculpation que son prédécesseur : «terrorisme» et «sédition». Elle est entrée en prison samedi, pour une détention préventive de quatre mois. Trois ex-ministres de son gouvernement et trois haut gradés de l’armée sont eux aussi poursuivis.

Soupçons de fraude et manifestations

Les détracteurs d’Evo Morales, premier président indigène du pays, estiment que les juges manquent d’indépendance, l’ancienne sénatrice n’ayant pour eux pas provoqué le «coup d’Etat» – expression employé par le MAS – qui avait chassé l’homme, au pouvoir depuis 2006 (et bien décidé à y rester).

Après l’annonce de la victoire de Morales dès le premier tour, ses opposants avaient crié à la fraude et avaient manifesté, soutenus par une partie des forces de l’ordre. Une trentaine de personnes avaient été tuées dans les affrontements.

Après l’intervention du chef des armées, le général Kaliman, qui «recommandait» au président de s’effacer, Evo Morales avait présenté sa démission et quitté le pays. Dans la confusion, Jeanine Añez, deuxième vice-présidente du Sénat, avait alors été désignée chef de l’Etat, via un processus controversé.

«Acte de persécution politique».

Sur les réseaux sociaux, celle qui fut à la tête de la Bolivie de novembre 2019 à novembre 2020 a dénoncé un «acte de persécution politique». Le gouvernement «m’accuse d’avoir participé à un coup d’Etat qui n’a jamais eu lieu», a-t-elle écrit, comparant le MAS aux dictatures boliviennes du XXe siècle. Depuis son fief du Chaparé, où il a commencé sa carrière politique comme leader syndical des cocaleros (cultivateurs de coca), Evo Morales a réclamé que soient «sanctionnés» les responsables de son éviction de 2019.

Déposée par une députée du MAS, la plainte qui est à l’origine de l’arrestation de Jeanine Añez vise également le dirigeant régionaliste de la ville de Santa Cruz tout juste élu, Luis Fernando Camacho. Militant anti-MAS au discours volontiers raciste, il a joué un rôle clé dans les manifestations qui ont conduit au départ d’Evo Morales.

«Des citoyens qui ont servi la Bolivie»

La conférence épiscopale de Bolivie, très influente, a réclamé dans un communiqué «la mise en liberté immédiate des personnes arrêtées». Les évêques «ne peuvent rester passifs alors que l’on poursuit des citoyens qui ont servi la Bolivie» dans «des moments difficiles de son histoire».

L’ex-président centriste Carlos Mesa, battu en novembre par le dauphin de Morales, Luis Arce, a lui aussi dénoncé les arrestations et les mandats d’arrêt, évoquant «un processus de persécution politique pire que lors des dictatures» qu’a connues la Bolivie. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé au respect «de procédures équitables et d’une transparence totale», et l’Union européenne a réagi par la voix de son chef de la diplomatie, Josep Borrell : sur Twitter, il en appelle à «une justice transparente et sans pression politique, dans le respect de l’indépendance des pouvoirs».

Libération

gilbert

Recent Posts

Bénin- Arrestation des travailleurs dans le cadre des manifestations du 1er Mai: La part de vérité de la CSTB

La Confédération Syndicale des Travailleurs du Bénin (CSTB) livre sa part de vérité dans le…

1 heure ago

Bénin : Compte rendu du Conseil des ministres du mercredi 08 mai 2024

Le Conseil des Ministres s'est réuni mercredi, le 08 mai 2024, sous la présidence de…

2 heures ago

Conseil des ministres au Bénin : une nomination prononcée lors de la session du 08 mai 2024

Au Bénin, le Conseil des ministres s'est tenu ce mercredi 08 mai 2024 au palais…

3 heures ago

Bénin : voici les grandes décisions du Conseil des ministres du mercredi 08 mai 2024

Le Conseil des ministres s'est tenu ce mercredi 08 mai 2024 au palais de la…

3 heures ago

Un présumé chef d’une bande criminelle neutralisé à Kandi dans un échange de tirs avec la Police

Le lundi 06 Mai 2024, suite aux différentes plaintes de vols à mains armées perpétrés…

8 heures ago

This website uses cookies.