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Brésil: Le président Bolsonaro harangue la foule à moto en pleine pandémie

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Le président brésilien Jair Bolsonaro a pris la tête dimanche matin d’un cortège de plusieurs milliers de motos défilant dans les rues de Rio de Janeiro pour une manifestation en son soutien, causant de nombreux rassemblements en pleine pandémie.

Accompagnée d’un important service d’ordre, la parade à moto, retransmise en direct sur le compte Facebook officiel du chef de l’Etat, était suivie par de nombreux manifestants le saluant le long de la route, agitant des drapeaux du Brésil.

Le président Jair Bolsonaro prend la tête d'un grand rassemblement de motards dans la capitale Brasilia. Cet évènement se tient pour la fête des mères, malgré le bilan catastrophique du pays face au Covid-19, avec 420.000 morts.
© Sergio LIMA Le président Jair Bolsonaro prend la tête d’un grand rassemblement de motards dans la capitale Brasilia. Cet évènement se tient pour la fête des mères, malgré le bilan catastrophique du pays face au Covid-19, avec 420.000 morts.

Après une demi-heure de trajet, les motos se sont arrêtées durant quelques minutes et Jair Bolsonaro, casqué, mais sans masque de protection, s’est mis debout sur son engin pour saluer la foule.

Les cris de “mito” (le mythe, surnom donné au président par ses partisans) se mêlaient au rugissement des moteurs.

Le cortège, parti du Parc Olympique qui a accueilli les JO de 2016, a parcouru environ 40 km durant une heure et demie le long des plages de Rio, notamment celles d’Ipanema et Copacabana, les plus touristiques.

À l’arrivée, sur la plage de Flamengo, près du centre-ville, le président est descendu de sa moto pour un bain de foule parmi les milliers de manifestants qui l’attendaient, leur serrant la main ou posant pour des photos à visage découvert.

Manifestation à moto de soutien au président Jair Bolsonaro à Rio le 23 mai 2021
© CARL DE SOUZA Manifestation à moto de soutien au président Jair Bolsonaro à Rio le 23 mai 2021

“Mon armée n’ira jamais dans la rue pour vous obliger à rester chez vous”, a lancé le chef de l’Etat lors d’un bref discours sur une estrade.

“Sans aucune preuve scientifique, des gouverneurs et des maires ont imposé le confinement ou le couvre-feu (…) Nous sommes prêts à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir votre liberté”, a-t-il ajouté.

– Amende pour un bain de foule –

Fin avril, le président d’extrême droite a dit qu’il attendait “un signe du peuple” pour mettre fin aux restrictions prises localement par les maires ou les gouverneurs pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus, insinuant qu’il pourrait même déployer l’armée.

Depuis, des manifestations pro-Bolsonaro ont eu lieu tous les week-ends, au mépris de toute distanciation physique.

Il y a une semaine, le chef de l’Etat a fait irruption à cheval lors d’une manifestation d’agriculteurs, à Brasilia.

Il tente de remobiliser son noyau dur de partisans les plus extrémistes, sa cote de popularité étant au plus bas depuis le début de son mandat, en janvier 2019. Les derniers sondages le donnent perdant face à l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva pour la présidentielle de 2022.

Vendredi, le président Bolsonaro s’est vu infliger une amende par le gouvernement de l’Etat du Maranhao (nord-est) à cause d’un bain de foule sans masque lors d’une cérémonie de remise de titres de propriété rurale.

Le montant de l’amende ne sera fixé qu’une fois que la présidence aura présenté sa défense, sous 15 jours. 

Jair Bolsonaro est sous le feu des critiques en raison de sa gestion chaotique de la pandémie, dans un pays où le Covid-19 a fait près de 450.000 morts.

Une commission d’enquête parlementaire au Sénat se penche depuis trois semaines sur les “omissions” du gouvernement durant la crise sanitaire, avec des témoignages accablants lors des premières auditions.

Lors de la manifestation de dimanche à Rio, le président était accompagné sur l’estrade de l’ex-ministre de la Santé Eduardo Pazuello, accusé par de nombreux sénateurs d’avoir menti cette semaine devant cette commission pour tenter de minimiser la responsabilité du gouvernement.

AFP

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