Quand l'anodin devient une information

« La libération immédiate de Joël Aïvo s’impose non seulement par des considérations de justice mais aussi d’humanité, de bon sens et de conscience », selon Me Ludovic Hennebel (Communiqué)

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Communiqué de presse – détention Joël Aïvo

« Le Professeur Joel Aïvo, militant politique qui fut candidat à la dernière élection présidentielle, empêché de concourir, a été arrêté le 15 avril 2021 et est depuis lors privé de liberté. Cette arrestation est arbitraire et cruelle, inacceptable dans un Etat de droit.

Cette arrestation est marquée du sceau de l’arbitraire, en ce sens qu’elle est inappropriée, injuste, et bafoue les garanties judiciaires, les principes du raisonnable, de la nécessité et de la proportionnalité. Arrêté sans mandat d’arrêt, sans aucun motif, Joël Aïvo est empêché de préparer sa défense puisque ses avocats sont privés de tout accès au dossier. L’arrestation et la détention de Joël Aïvo sont contraires au droit international des droits de l’homme et le Bénin viole ses obligations internationales en le détenant ainsi. Mais cette arrestation est aussi arbitraire car le Professeur Aïvo a été arrêté et est détenu au Bénin car il a lu à haute voix un texte: ce texte est celui de la Constitution du Bénin. Il a osé rappeler que le Bénin était une démocratie et un Etat de droit. Il est emprisonné car il s’est exprimé publiquement et a fait connaître son opinion de constitutionnaliste sur une question de droit, en tant que professeur, en tant qu’intellectuel, en tant qu’expert, en tant que citoyen.

Mais cette arrestation n’est pas seulement arbitraire, illégale, et injuste, elle est également particulièrement cruelle. En effet, s’il est en soi cruel de détenir arbitrairement un intellectuel car il a exprimé ses idées, il est encore plus cruel, lâche et ignoble de l’incarcérer dans des conditions inacceptables qui l’exposent à des risques pour sa vie, son intégrité et sa santé. Et pourtant, les autorités béninoises, loin de respecter leurs obligations internationales en la matière, ont choisi d’incarcérer le Professeur Aïvo dans une cellule comptant 38 détenus, dans des conditions inhumaines, cruelles et dégradantes. Les autorités pénitentiaires ont ainsi volontairement forcé la cohabitation en lieu clos de détenus malades du Coronavirus avec d’autres détenus sains, dans des conditions sanitaires innommables, en choisissant ainsi de les exposer à un risque quasi certain de contamination de la maladie. C’est ainsi que le Professeur Joël Aïvo a contracté la maladie pour se voir ensuite refuser l’accès à des soins, le tout dans la perspective de lui infliger un traitement cruel, inhumain et dégradant.

La détention de Joël Aïvo heurte la conscience juridique universelle et est intolérable dans un Etat de droit. A l’arbitraire de sa détention, s’ajoute désormais la cruauté des conditions de détention qui l’exposent à un risque certain d’atteinte à sa santé et à son intégrité.

La libération immédiate de Joël Aïvo est exigée par ses avocats et par les défenseurs des droits de l’homme, et elle s’impose non seulement par des considérations de justice mais aussi d’humanité, de bon sens et de conscience. Libérez Joël Aïvo ! Libérez le Professeur ! »

Fait à Paris, le 22 juin 2021

Professeur Ludovic Hennebel, Avocat international

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