« La justice béninoise doit se ressaisir car il y a un temps pour faire la volonté d’un pouvoir éphémère et… » (Opinion)

Le pouvoir d’Etat n’est qu’un gaz d’échappement

Quand l’injustice devient un jeu banal dans les palais de justice au Bénin, l’Etat de droit se transforme en un rêve lointain et la cohésion sociale en prend un sérieux coup avec des blessures qui ne se cicatrisent jamais. L’infertilité morale d’une société devient un blocage collectif lorsque la justice fait semblant d’être impartiale.

Alors, la république disparaît, l’Etat s’embourbe dans des rapports de force, la devise nationale est pulvérisée et le pays amorce une succession sans fin des règlements de comptes dans la succession des régimes politiques, surtout quand celle-ci s’opère par l’ingénierie des fraudes électorales dans but de conserver et confisquer durablement l’exercice du pouvoir d’État pour protéger ses arrières au lieu de protéger le peuple et d’affronter les contradictions avec ce peuple.

La contradiction principale, c’est ceux qui profitent de l’autocratie pour démolir les socles de l’Etat de droit dont la vocation est de protéger tout le monde et d’abord les faibles. En criminalisant les libertés fondamentales, c’est resolument faire le choix de rejeter la démocratie pour faire l’éloge du pouvoir personnel hyper concentrationnaire. C’est également prendre les Béninois pour des moutons qui doivent suivre bêtement la volonté d’un régime fortement décrié. Cette forme d’impopularité choisie n’est qu’un leurre. Chaque autocrate a ses peurs, aussi puissant soit-il!

La colère d’un peuple commence par gronder dans son cœur et quand la conscience récupère cette montée d’adrénaline collective, il faut éviter les débordements et craindre le retour du bâton car aucun peuple ne supporte indéfiniment l’injustice et la torture. Un régime qui abuse du langage des armes pour dicter sa seule volonté, que ce régime sache que seul le peuple pourra le sauver quand sa descente aux enfers s’amorcera. Toutes les dictatures finissent par un triste sort.

L’intelligence est un bon parfum qui fait des jaloux et appelle la haine.

Condamnée à 10 ans d’emprisonnement, cette icône de la combativité citoyenne, madame Reckya Madougou, serait la première femme terroriste, après son cursus politique d’ancienne ministre de la justice, garde des sceaux.

J’ai eu de la gêne et une grande honte pour l’appareil judiciaire de mon pays, le Bénin, quand j’ai appris que l’objet de sa condamnation est le terrorisme. J’avais alors demandé qu’on ferme pour quelques années les facultés de droit de toutes les universités publiques du Bénin. La science n’existe pas sans la clarification des concepts qui est le minimum d’exigence en sciences juridiques pour qualifier les faits avant de prononcer une décision de justice. Est-ce qu’on enseigne l’art divinatoire dans une faculté de droit pour facilement jouer avec ce mot terrorisme dans les tribunaux ?

La justice béninoise doit se ressaisir car il y a un temps pour faire la volonté d’un pouvoir éphémère et tout le reste du temps servir son peuple, dire le droit en son nom. Le droit qui éduque à l’injustice est un droit déshumanisant et il est un droit indigne.

Au nom de mon droit de revendiquer la vérité pour que la justice soit réhabilitée au bénéfice du peuple souverain, je ne saurais faire confiance à cette justice injuste qui adore humilier et broyer. Elle m’inspire insécurité, impertinence et imprudence dans ses décisions.

 » Je ne prends pas de libertés avec les faits  » Professeur Cheikh Anta Diop, égyptologue perpétuel.

L’injustice délégitime l’injuste, décrédibilise l’institution qui la produit ou la cautionne et ne grandit que la haine.

Simon Narcisse Tomèty

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