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Voitures et motos électriques au Bénin : Richard Boni Ouorou évoque les limites, avantages et fait des propositions

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Les Motos électriques débarquent à Cotonou au grand bonheur des populations surtout des zemidjans qui pour les uns y ont trouvé une bouée de sauvetage à bien d’égards… Ces motos qui participent à assurer la transition écologique prennent de la place dans les débats et malgré les nombreux avantages liés à leur utilisation justifie qu’on interroge leurs incidences socio-économiques. Des motos électriques dans des Etats sans grandes indépendances énergétiques pour quelle plus-value et quelles dispositions politiques prend t-on face à cette floraison d’offres de moyens de transports électriques par plusieurs sociétés étrangères pour protéger les communautés? Reporter Bénin Monde a posé quelques questions à l’économiste et Politologue Richard Boni Ouorou ….

Quels sont selon vous, les limites à l’utilisation de voitures et motos électriques dans des pays sous-développés comme le Bénin, sans électricité permanente?

L’utilisation de voitures et de motos électriques dans notre pays qui malheureusement est confrontée à l’instar des pays africains a une production très limitée d’énergie électrique, peut être limitée tenant compte de plusieurs facteurs dont :

L’absence d’infrastructures de recharge par exemple. Car, vous n’êtes pas sans savoir que Les voitures et les motos électriques nécessitent des infrastructures de recharge pour être utilisées efficacement. Or, comme je le disais, dans nos pays sous-développés, il y a une absence d’infrastructures de recharge, ce qui pourrait rendre difficile la recharge des véhicules électriques et limiter leurs utilisations à temps plein.

Le coût élevé des véhicules électriques : Les voitures et les motos électriques peuvent être plus chères que leurs homologues à essence. Dans les pays sous-développés, où les budgets sont souvent limités, l’achat de véhicules électriques peut être prohibitif pour de nombreuses personnes. C’est peut-être pour ces raisons, que ces engins sont proposés chez nous avec un relatif aménagement des conditions de paiements pour influencer le choc pour les clients de l’impact des couts initiaux d’acquisition.

La qualité de l’électricité : Dans nos pays sous-développés, l’électricité n’est pas toujours fiable et peut être interrompue de manière sporadique. Cela peut rendre difficile la recharge des véhicules électriques, car les interruptions de courant peuvent endommager les batteries et par répétition immobiliser l’engin sur le moyen terme.

L’accès limité à l’électricité : Dans les zones rurales de nombreux de nos pays sous-développés, l’accès à l’électricité peut être limité voire inexistant. Sans accès à l’électricité, il est impossible de recharger les véhicules électriques. Ce qui d’ailleurs, restreint le marché.

Pour faire court, l’utilisation de voitures et de motos électriques dans des pays sous-développés sans électricité permanente comme le nôtre, peut être limitée par l’absence d’infrastructures de recharge, le coût élevé des véhicules électriques, la qualité de l’électricité et l’accès limité à l’électricité.

Le Bénin étant considéré comme pays pauvre et les béninois aussi, ces engins peuvent-ils exercer une pression sur le portefeuille des clients compte tenu du coût élevé de l’électricité ?

Le coût de plus en plus élevé de l’électricité peut être un facteur important à considérer par les clients dans les pays sous-développés et au Bénin en particulier. Dans de nombreux pays à l’instar de notre pays, les tarifs d’électricité peuvent être élevés en raison de la production limitée d’énergie et des coûts élevés d’infrastructures. Cela peut rendre l’utilisation de véhicules électriques plus coûteuse que l’utilisation de véhicules à essence.

Cependant, il est important de noter que les coûts de fonctionnement des véhicules électriques sont généralement inférieurs à ceux des véhicules à essence. Les véhicules électriques ont des coûts de maintenance inférieurs en raison de la simplicité de leur système de propulsion électrique, et l’électricité est souvent moins chère que les carburants fossiles dans de nombreux pays. Ainsi, les client.e.s peuvent voir des économies pour ceux qui sont patient.e.s sur le long terme en utilisant des véhicules électriques malgré les coûts initiaux plus élevés.

Et je pense d’ailleurs, que nos gouvernements et les autorités devraient être encouragé.e.s à mettre en place des politiques et des programmes pour encourager l’utilisation de véhicules électriques et rendre leur utilisation plus accessible et abordable pour les personnes à faible revenu compte tenu du faible coût de leurs maintenances comparées à leurs homologues à essence. Par exemple, en mettant en place des programmes qui comportent des incitations fiscales pour les entreprises qui voudront réaménager leurs parcs automobiles, des subventions pour l’achat de véhicules et motos électriques personnels ainsi que des programmes de financement qui peuvent contribuer à réduire la pression des coûts initiaux pour les clients.

Pour résumer, le coût élevé de l’électricité peut avoir un impact sur le portefeuille des clients au Bénin ou ailleurs dans les pays sous-développés, mais les avantages à long terme des véhicules électriques peuvent compenser ces coûts initiaux plus élevés. Nous devons donc encourager nos dirigeants béninois pour que les politiques et les programmes gouvernementaux aident à rendre l’utilisation des véhicules électriques plus abordable et accessible surtout pour les personnes à faible revenu.

Étant donné que les batteries de recharges sont uniquement disponibles auprès des vendeurs de ces engins et non ailleurs et sans concurrence, quels instruments législatifs nos députés de la 9 eme législature, doivent-ils mettre en place pour protéger les utilisateurs en cas de faillite des sociétés qui commercialisent ces engins. Puisque vous dites que le marché de vente des motos et voitures électriques est petit, donc on est en droit d’envisager que s’ils ne peuvent élargir leur marché, ils peuvent se décourager et plier bagage ?

D’abord, il y a une différence entre interrompre une activité commerciale pour mauvais rendement et faire faillite. Mais dans les deux cas, il faudra penser aux clients et en tant que personnes ressources, je me fais le plaisir de vous proposer quelques pistes.

La protection des utilisateurs de voitures et de motos électriques en cas de faillite des sociétés qui commercialisent ces engins est un enjeu important qui doit interpeler nos honorables députés pour qu’ils réfléchissent a protéger dans le cadre de leur mandat, d’éventuels victimes en mettant en place des instruments législatifs qui serviraient en cas de faillite de ces sociétés. En voici quelques suggestions :

Obligation de garantie : Les députés peuvent prendre des lois pour exiger que les vendeurs de voitures et de motos électriques offrent une garantie obligatoire pour les batteries de recharges. Cette garantie doit être transférable à un tiers en cas de vente de la voiture ou de la moto électrique. Cela protégera les utilisateurs pendant son exercice et même en cas de faillite de la société qui a vendu le véhicule électrique.

Obligation de dépôt de garantie : Les députés peuvent également exiger par voie législatifs bien sûr, que les vendeurs de voitures et de motos électriques déposent une garantie financière auprès d’un organisme de réglementation. Cette garantie peut être utilisée pour rembourser les utilisateurs en cas de faillite de la société qui a vendu le véhicule électrique.

Réglementation des vendeurs : Les députés ont la possibilité d’établir des règles pour réglementer les vendeurs de voitures et de motos électriques. Ces règles peuvent inclure des exigences en matière de capitaux propres, de formation du personnel, de transparence financière, d’obligation de service après-vente et d’autres dispositions pour protéger les utilisateurs.

Création d’un fonds de garantie : Les députés peuvent également envisager la création d’un fonds de garantie pour les utilisateurs de voitures et de motos électriques. Ce fonds peut être financé par une taxe sur les ventes de véhicules électriques ou par d’autres moyens. Le fonds pourra-t-être utilisé pour rembourser les utilisateurs en cas de faillite de la société qui a vendu le véhicule électrique.

Il est donc urgent et nécessaire, que les députés pensent dès lors qu’une activité commerciale émerge et commence à prendre de l’ampleur, à mettre en place des instruments législatifs pour protéger et limiter les effets sur d’éventuelles victimes et sur l’économie de façon générale afin de prévenir l’avenir et les dégâts en cas de faillite ou cessation brusque d’activité des entreprises quelques soient les domaines d’activité.

Une loi spéciale sur les assurances pour garantir le dédommagement des utilisateurs en cas de rupture de contrat par les sociétés commerçantes est-elle envisageable?

Il est possible de créer une loi spéciale sur les assurances, si elle n’existe pas déjà, pour garantir le dédommagement rapide des utilisateurs en cas de rupture de contrat par les sociétés commerçantes de voitures et de motos électriques. Cette loi pourrait exiger que les sociétés de vente de voitures et de motos électriques souscrivent une assurance pour couvrir les coûts de réparation ou de remplacement des batteries de recharges en cas de faillite ou de rupture de contrat. Mais parlant d’assurance, une loi pourrait exiger des sociétés commerçantes, qu’elles exigent de leurs client.e.s que ces dernier.e.s souscrivent à une assurance sur les équipements avant la mise en consommation. Cela réduirait le fait que par manque de moyen et de pièces de rechange, notre pays devienne un cimetière de véhicules et motos électriques.

La première assurance pourrait être financée par une taxe ou une contribution obligatoire sur les ventes de véhicules électriques, ou par une prime payée par les sociétés de vente de voitures et de motos électriques elle-même. Les utilisateurs de voitures et de motos électriques pourraient alors être protégés en cas de faillite ou de rupture de contrat, et leur dédommagement pourrait être garanti par l’assurance.

Cependant, la mise en place d’une telle loi nécessite une analyse minutieuse des coûts, des avantages et des implications pour les différentes parties prenantes. Il est important de veiller à ce que les coûts ne soient pas excessifs pour les sociétés de vente de voitures et de motos électriques, et ceci est très important afin de ne pas décourager l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché. De même, il est important de veiller à ce que les primes d’assurance ne soient pas excessives pour les utilisateurs de voitures et de motos électriques, afin de ne pas décourager l’adoption de ces véhicules et freiner la révolution que ça induirait.

Pour finir, dites-nous ce que pourriez proposer pour améliorer la relation entre client et commerçant afin de contribuer à cette révolution, donner confiance aux utilisateurs et promouvoir le domaine des véhicules et motos électriques dans notre pays ?

Concernant de potentielles propositions pour améliorer et rendre lucratif le secteur des véhicules électriques, du point de vue législatif par exemple, plusieurs instruments et mécanismes pourraient être proposés pour renforcer la confiance dans la communauté des utilisateurs de véhicules et motos électriques chez nous je veux dire au Bénin dont voici quelques exemples non-exhaustifs:

La mise en place de normes de sécurité et de qualité : des lois et réglementations pourraient imposer des normes strictes pour la sécurité et la qualité des véhicules et motos électriques vendus sur le marché béninois. Les fabricants dans l’avenir et les distributeurs déjà présents, devraient satisfaire à ces normes avant de pouvoir commercialiser leurs produits.

La création de centres de certification : Le gouvernement pourrait mettre en place des centres de certifications indépendants pour tester et certifier la sécurité et la qualité des véhicules et des motos électriques. Ces centres pourraient également évaluer la conformité des produits aux normes en vigueur.

Mettre en place un système de réglementation : On pourrait créer des organismes de réglementation pour superviser le marché des véhicules et motos électriques. Ces organismes pourraient établir des règles de conduite pour les fabricants s’il y en a, les distributeurs et les utilisateurs, et veiller à leur respect.

Des incitations fiscales pour les investissements dans les technologies propres : le gouvernement pourrait offrir des incitations fiscales pour encourager les entreprises à investir dans les technologies propres, y compris les véhicules et motos électriques afin de créer un nouveau marché dynamique et de nouvelles habitudes de consommation pour l’évolution de notre économie.

Des programmes de formation et d’éducation : le gouvernement pourrait mettre en place des programmes de formation et d’éducation pour les utilisateurs de véhicules et motos électriques, afin de leur apprendre les pratiques de conduite sûres et responsables.

La promotion de la recherche et du développement : le gouvernement pourrait encourager la recherche et le développement de nouvelles technologies de véhicules et motos électriques en offrant des subventions et des incitations fiscales pour les entreprises qui investissent dans ce domaine.

J’ai foi qu’en mettant en place ces instruments et ces mécanismes, un gouvernement, aux ambitions compatibles avec les défis de notre époque, pourrait contribuer à renforcer la confiance dans la communauté des utilisateurs de véhicules et motos électriques et promouvoir le secteur pour en tirer, au bénéfice du pays tout entier, les retombées économiques, financières et écologiques.

Merci pour l’opportunité d’une telle interview sur un sujet d’actualité mais qui manque d’information pour le public. Prenez soin de vous et transmettez mes salutations à tous mes compatriotes partout où ils sont.

Source : Reporter Bénin Monde

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