Création de l’Agence nationale de gestion des marchés : Les réserves de Richard Boni Ouorou

Gestion des marchés et dépouillement des communautés décentralisées.

Terrien,ne,s

Ma conception personnelle de la gouvernance inclusive ne nécessite plus de démonstration. La promotion de la transparence, de la responsabilité et d’une véritable séparation des pouvoirs constitue un élément essentiel de ma vision pour l’avenir de notre pays. Par conséquent, je suis fermement convaincu que des réformes, à l’instar de celle que je veux dénoncer aujourd’hui, devraient être menées de manière ouverte et intégrative, avec la participation active de la société civile et des groupes cibles, afin de construire une démocratie plus solide et plus inclusive.

Le principe de l’« incrementalisme » a déjà fait ses preuves dans des sociétés fortes et inclusives. Mettons donc fin à l’appauvrissement des collectivités territoriales de façon systématique.

Ainsi donc, par décret en date du 3 août 2023, le gouvernement a instauré un nouveau mécanisme pour la gestion des marchés, avec à la clé la création d’une énième Agence publique. Il est d’une évidence que la prolifération de ces mécanismes et institutions, justifiée par des réformes soi-disant disruptives sous le régime de Patrice Talon, est entourée d’une opacité préoccupante quant à leurs objectifs et finalités véritables.

Tandis que certains journalistes, trop occupés à négocier leur rémunération pour la communication, rapportent l’information, le citoyen reste totalement ignorant des effets potentiels de ces réformes sur sa conditions de vie et le renforcement des ressources de l’Etat. Une analyse approfondie de ces mécanismes par la presse pourrait pourtant engendrer des débats utiles, rendant ainsi une réforme potentiellement bénéfique, mais mal formulée, plus pragmatique et inclusive.

En ce qui concerne ce nouveau mécanisme de gestion des marchés, je crois qu’il est temps pour nous de faire évoluer notre démocratie par une véritable séparation des pouvoirs. Il est donc crucial que les communautés décentralisées prennent leur autonomie, notamment en ce qui concerne la gestion de leurs marchés. Je suis d’avis que, dans le cadre de la lutte contre la corruption, des mécanismes de supervision et de transparence soient instaurés au niveau local et supra-local, avec une surveillance concomitante.

L’urgence est maintenant que le gouvernement se prononce sur l’arrière-plan politique et économique de ce mécanisme de gestion, afin que nous puissions non seulement juger de son importance, mais surtout être informés qu’il ne s’agit pas simplement d’un autre instrument de contrôle politique des maires par le pouvoir central à des fins électorales.

Issa Richard Boni Ouorou

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