Echec de la révision de la constitution : Le « plan A » tombé à l’eau,  Djènontin alerte sur le « plan sournois et hyper dangereux qui vient »

Valentin Djènontin réagit après le rejet de la proposition de loi portant révision de la constitution. L’ancien député se réjouit du verdict et adresse ses félicitations aux députés qui ont dit non au député Assan Séibou. Toutefois, l’ancien député alerte le peuple sur un plan B qui va être mis en oeuvre, appelant les uns et les autres à la vigilance.  

 » ECHEC DE LA QUATRIEME TENTATIVE DE REVISION CONSTITUTIONNELLE SOUS PATRICE TALON AU BENIN.

Le vendredi 22 décembre 2023, des Présidents d’institutions et des députés en exercice, tous membres de la mouvance présidentielle affublés du ministre de la Justice, principal animateur d’un pseudo-dialogue inter-institutionnel se sont réunis.

Au menu de leurs échanges, une nouvelle révision de la constitution après celle de 2019 restée célèbre pour avoir été faite en pleine nuit, à minuit passé, alors que le peuple dormait, par des députés de la 8ème Législature nommés puis investis dans le sang.

Le vendredi 26 janvier 2024, le député Assan SEIBOU (Bloc Républicain) a introduit au Parlement une proposition de loi portant révision de la constitution.

Le mercredi 21 février 2024, une session extraordinaire de l’Assemblée nationale demandée par soixante (60) députés de la mouvance présidentielle a été ouverte pour étudier entre autres lois, la révision de la constitution demandée par le député SEIBOU. Suspendue pour être poursuivie le lundi 26 février 2026, elle ne l’a été que le mardi 27 février 2026.

Le vendredi 1er mars 2026, après plusieurs reports, la séance fatidique d’adoption de la nouvelle constitution a eu lieu.

Programmée pour démarrer à 10H, la séance plénière n’a réellement débuté qu’aux environs de 23 heures.

Au petit matin de ce samedi 02 mars 2026, à 0H 41, le décompte des votes a crucifié l’ambition de Patrice de TALON et de son camp.

A 0H43, le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur Louis VLAVONOU a rendu public le verdict des urnes en ces termes : « Chers collègues, nous avons dit à l’entame que si le nombre de voix pour, c’est-à-dire oui était supérieur à 82, nous aurons pris en considération la proposition de loi ; si c’était inférieur, l’Assemblée l’aurait rejetée. Cici étant, nous avons OUI : 71 ; NON : 35 ; Abstention : O2. Conclusion : l’Assemblée nationale a délibéré et rejeté en sa séance du vendredi 1er mars 2024, la prise en considération de la proposition de loi portant révision de la constitution de la République du Bénin par 71 voix pour, 35 voix contre et O2 abstentions. »

Le plan A du Président Patrice TALON vient ainsi de tomber. C’est une première victoire à mi-chemin à célébrer ; mais elle n’est pas suffisante pour libérer le peuple.

C’est ici, le lieu de rendre publiquement hommage aux 28 députés du parti politique Les Démocrates ainsi qu’à leur Président pour leur courage et leur témérité à défendre le peuple dans ses aspirations profondes.
Je tiens particulièrement à saluer la bravoure des dix (10) députés de la mouvance présidentielle :

– Aux 7 + 2 soit 9 députés de la mouvance présidentielle qui ont publiquement brandi à la tribune devant caméras le carton rouge et jaune pour rejeter la révision opportuniste de la constitution pour le maintien de Patrice TALON au pouvoir par lui-même ou par procuration ; je vous dis bravo pour votre courage et votre lucidité. Vous venez de briser le lien de servitude diabolique qui vous maintenait en esclavage contre le bonheur du peuple béninois.

– Au seul député qui était absent et qui n’avait pas délivré de procuration, je vous dis merci. Cette prise de distance non audacieuse est un début de prise de conscience du déclin dans lequel Patrice TALON continue de plonger le Bénin.

Je me félicite de cette victoire ainsi que tout le peuple béninois en général et particulièrement les faiseurs d’opinions, les chefs de partis politiques, les intellectuels, les juristes, les sages et les responsables religieux qui ont publiquement pris position dans ce débat de salut national.

Le plan B de Patrice TALON, le plus sournois et hyper dangereux qui vient et que nous devons combattre de toutes nos forces dans une attitude de prière fervente, est celui porté par le député AKE Natondé à travers sa proposition de loi portant modification de la loi N° 2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral en République du Bénin.

Dans ma lettre ouverte en date du jeudi 22 février 2024 au Président de la République, aux Présidents des Institutions, en l’occurrence ceux de l’Assemblée nationale et de la Cour Constitutionnelle ainsi qu’aux forces vives de la Nation, j’écrivais que la proposition du code « AKE Natondé (UP-R) sur injonction du Président Patrice TALON est un brasier qui va ravager le Bénin entier à l’horizon 2026 en raison du germe d’exclusion évidente qu’elle porte en elle. »

La Décision DCC 24-001 du 04 janvier 2024 de la Cour Constitutionnelle du Professeur Dorothée SOSSA est claire, limpide et sans ambiguïté : « Les députés issus des élections législatives de 2023 sont tous en droit de parrainer les candidats à l’élection présidentielle de 2026… »

Les prérogatives et les décisions de la Cour Constitutionnelle n’ont besoin d’aucune interprétation personnelle.

« La Cour Constitutionnelle est la plus haute juridiction de l’Etat en matière constitutionnelle. Elle est juge de la constitutionnalité de la loi et elle garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques. Elle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics. » (Article 114) ;

« Les décisions de la Cour Constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours.
Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités civiles, militaires et juridictionnelles. » (Article 124).

La proposition de loi AKE Natondé qui accorde le droit de parrainage des candidats à l’élection présidentielle de 2026 aux députés qui seront élus en 2026 est à tout point de vue contraire aux recommandations de la Cour Constitutionnelle en date du 4 janvier 2024.

Elle est dangereuse et attentatoire à la paix sociale.

C’est une grande brèche ouverte pour l’exclusion totale de l’opposition et des nouvelles voix dissidentes à Patrice TALON lors des élections générales de 2026.

Seuls les candidats choisis par Patrice TALON seront en lice pour les élections communales, législatives et présidentielle de 2026.

Tous les maires et députés de 2026 désignés dans ces conditions étant les ouvriers de Patrice TALON, il sera seul à décider comme ce fut le cas en 2021, des candidats à la présidentielle de 2026 qui bénéficieront de parrainage ; étant seul détenteur de toutes les fiches de parrainage (109 députés + 77 maires) soit 186 fiches de parrainage.

Faire une autre lecture de la proposition de la loi AKE Natondé, c’est manquer d’objectivité, de lucidité ; c’est méconnaître le mode opératoire de Patrice TALON depuis avril 2016.

La Cour Constitutionnelle ne doit en aucun cas se dédire en cautionnant cet hold-up électoral en perspective.

Aux sept conseillers de la Cour Constitutionnelle de la mandature SOSSA, votre responsabilité est grande pour la sauvegarde de l’unité et de la cohésion nationale, la paix sociale.

Vous avez une nouvelle page d’histoire à écrire après la Cour Joseph DJOGBENOU.

« La réputation est préférable à de grandes richesses, et la grâce vaut mieux que l’argent et que l’or. » Proverbes 22 : 1

Je rends grâce à Dieu qui ne cesse de m’inspirer et de se servir de ma bouche pour alerter toutes les fois le peuple béninois des desseins machiavéliques de Patrice TALON.

En effet, lors du débat général en plénière du vendredi 1er mars 2024 avant le vote de la révision de la constitution, le député Augustin AHOUANVOEBLA a clairement exprimé ce que j’avais révélé à propos de la proposition de loi AKE.

En substance, il déclarait : « Ce sera amer. Vous allez le voir en 2026. Je travaillerai avec mon groupe parlementaire pour que lors des élections couplées législatives et communales, mon groupe parlementaire ait au moins 80% de députés et le contrôle de 80% des élus communaux. Je verrai comment les Démocrates auront de candidat à parrainer. Je verrai comment le BR aura de candidat à parrainer. Voilà ce qui vous attend. La classe politique va regretter. »

Cette menace en des termes aussi clairs contre la classe politique (l’opposition et une partie de la mouvance) ne s’est pas limitée là. Il a également menacé la Cour Constitutionnelle qui a osé convoquer le député SEIBOU dans le cadre de l’instruction du recours contre la proposition de loi de révision de la constitution. « En 2026, nous allons nettoyer tout cela. »

Quelle est la popularité, la force ou la capacité de UP-R pour que le député AHOUANVOEBLA Augustin rêve de 80% d’élus pour son parti politique si ce n’est l’exclusion, le tripatouillage, le vol, le bourrage d’urnes ?
Peuple Béninois, réveillez-vous !

Béninoise, Béninois, chers compatriotes.

Voyez-vous le plan en gestation à travers la proposition de loi AKE en vue de confisquer le pouvoir d’Etat pendant des décennies aux fins de perpétuer les conflits d’intérêt au sommet de l’Etat sur fond de corruption au profit d’un clan ?

Chers Députés de tous bords confondus, particulièrement, ceux de la mouvance présidentielle.

Sortez de vos illusions. Patrice TALON n’a jamais été et ne sera jamais un homme de parole. La ruse et la manipulation sont ses compagnons de fortune.

Rejetez en bloc la proposition de modification du code faite par AKE. C’est une dangereuse loi conçue dans l’enceinte luciférienne.

Si vous vous laissez appâter par la promesse de figurer sur la liste des candidats aux législatives de 2026, vous n’aurez vos yeux que pour pleurer. Vous n’y serez pas.

Je ne suis pas naïf. La lutte sera âpre et remplie d’embûches mais le peuple gagnera.
Une fois encore, je vous lance cet appel :

L’heure a sonné pour tous, sans distinction aucune de travailler à sauver la patrie.

Tout esprit partisan, égoïste ou de conservatisme de positions actuelles acquises risquent d’être fort fatal pour les uns et les autres puisque tout pourrait voler en éclat en cas de crises sérieuses. Dès lors, tout le monde a intérêt à bien négocier le tournant décisif de 2026 où pour la première fois, sous le renouveau démocratique entamé en 1990, le Bénin va organiser la même année trois importantes élections : communales et municipales, législatives et présidentielle dans un climat de profondes fractures sociales.

L’urgence du Bénin avant tout scrutin paisible, sécurisé demeure la convocation d’une assise nationale pour la restauration de la démocratie et l’Etat de droit.

Les actes ci-après sont recommandés au minima :

– Libération de tous les détenus politiques,

– Retour sécurisé des exilés politiques,

– Levée de toutes les restrictions contenues dans divers codes et lois par abrogation,

– Relecture concertée de la charte des partis politiques,

– Suspension de la constitution révisée et restauration de la constitution de 1990 conformément aux arrêts de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, ainsi que le code électoral de 2013.

Samedi, 02 mars 2024.

DJENONTIN-AGOSSOU Valentin.

Ancien Ministre, Ancien Député. – BENIN

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