Espoir Mariano Tchogbé, président de l’ONG Afrique Espoir: « La biodiversité, ce n’est pas que l’affaire des dirigeants »

Au Bénin, la 5ᵉ édition de la Semaine Nationale de la Biodiversité s’est déroulée du 21 au 25 mai 2024 à Cotonou. Placée sous le thème : Contribuez au plan pour la vie sur terre, il s’agissait d’un rendez-vous capital dans la lutte pour la préservation de la biodiversité au Bénin. Président de l’ONG Afrique, Espoir Mariano Tchogbé forestier de formation a pris activement part aux différentes activités au programme. Au micro de Kpakpato Médias, il lève un coin de voile sur les motifs de sa participation, parle un peu des actions menées par son ONG dans la lutte pour la préservation de la biodiversité et lance un appel aux populations. Lisez-plutôt !

Kpakpato Médias : Mr Tchogbé Espoir Mariano, que peut-on retenir des principales raisons qui justifient la participation de l’ONG Afrique Espoir à l’édition 2024 de la Semaine Nationale de la Biodiversité au Bénin ?

Vous savez, au titre des efforts de l’Etat Béninois dans la lutte pour la préservation de l’environnement, la Semaine Nationale de la Biodiversité nous apparaît comme une activité capitale. Une tribune en effet, où répondent présents les décideurs et autres acteurs engagés pour la cause de l’environnement. Une tribune idéale pour faire passer donc nos points de vue. Il est donc important d’y participer parce que, quand vous avez des opinions à partager sur la restauration et la protection de la Biodiversité, il faut vous joindre aux colloques, il faut vous joindre là où les décisions se prennent, là où ça se discute. Nous en tant qu’ONG, nous avons des points de vue différents de ceux des politiciens. Donc, dès que l’occasion nous est donnée, on saute là-dessus et nous crions haut et fort pour dire tout ce que nous avons sur le cœur, par conséquent ce que la population a sur le cœur.

Quel est alors le message principal que vous êtes allé passer cette fois-ci. C’est-à-dire dans le cadre de la 5ᵉ édition 2024 de la Semaine nationale de la Biodiversité au Bénin ?

Pour le compte de l’édition 2024 de la Semaine Nationale de la Biodiversité, l’ONG Afrique Espoir est allée expliquer combien de fois il est aujourd’hui important de mettre les Nouvelles technologies de l’information et de la communication au service de la sensibilisation des populations dans la lutte pour la restauration de la biodiversité. Il ne faut pas qu’on se cramponne toujours sur les études scientifiques qui ne sont pas réellement publiées. Les décideurs ont besoin d’entendre ce que nous avons compris, ce qui a été étudié, pour savoir là où il y a un problème et comment faire pour les régler. Aussi, il y a des choses sur lesquelles les genres doivent être informés. Mais par manque d’outils, d’autres personnes compensent ce vide par de fausses informations. Ce qui n’aide pas la population à la base.

Un exemple pour illustrer votre propos ?

Un exemple ! On n’informe pas les populations à la base, les paysans, les fermiers, les jardiniers sur le risque des herbicides qu’ils utilisent. Aux États-Unis, il y a quelqu’un qui a intenté un procès contre un fabricant d’herbicide et il a gagné. Mais au Bénin, combien de paysan ont la capacité de faire cette lutte ?

En Afrique et au Bénin en général, on rapporte tout à la sorcellerie parce qu’il y a des maladies bizarres qu’on ne comprend pas. Mais ces maladies bizarres sont en réalité des cancers contractés suite à l’utilisation des produits biochimiques dans l’agriculture. Vous avez également des enfants qui naissent avec des malformations.

En France, il y a un fond pour indemniser les paysans dont les enfants naissent avec les malformations. De plus, il y a une partie de la médecine pédiatrique qui se consacre déjà à l’étude de ces pathologies par rapport aux fermiers. Au Bénin, qu’est-ce que nous faisons dans ce sens ?

Voici entre autres les raisons pour lesquelles l’ONG Afrique Espoir lutte à travers des communications pour une implication des populations autochtones à la base.

Que peut-on retenir des actions que vous avez déjà menées pour atteindre cet objectif ?

Afrique Espoir mène plus des actions de communication envers les populations. Elle communique avec elles sur ce qu’elles doivent savoir et que les paysans ne disent pas. Au Bénin, nous avons travaillé du Sud au Nord dans ce sens. Entre autres actions, nous pouvons citer :

Dans le département de l’Atlantique, nous avons organisé des ateliers avec les populations de Togbin pour leur parler des conséquences de la destruction des zones humides par le système de dragage.

Au niveau des collines, il y a eu la cession de 1100 hectares à des sociétés pour pouvoir venir créer des puits à carbone alors que la forêt mère est là et remplie déjà ces zones. La population ignorante a déjà signé les papiers, les ADC (Attestation de Détention Coutumière, Ndlr) étaient en cours quand l’Ong Afrique Espoir s’est saisie de ce dossier. Nous avons a fait le combat pour empêcher.

Au niveau de l’Alibori, il y a des bonnes dames qui sont dans la transformation du rônier. Elles ont besoin juste des coups de pouce, des informations pour savoir que leur produit issu du rônier peut être valorisé plus. Qu’elles peuvent aussi délaisser ça pour faire de l’huile de neem qui n’est pas contaminée, qui ne leur amène pas de problème.

Il faut dire qu’aujourd’hui, nous informons également par les réseaux sociaux sur les éventuelles modifications de ce que nous consommons. Vous avez tous entendu parler des OGM ! La citronnelle par exemple qui n’est plus naturel. Elle n’a plus les mêmes saveurs, les mêmes odeurs. Les piments qui sont gros, mais qui ne durent plus. Les petits Colas qui se vendent dans les feux tricolores, vous voyez leur grosseur ! Mais aller chercher l’original du petit Cola. C’est vraiment petit et c’est bien enrichir avec les vraies substances.

Nous faisons toutes ces communications pour pouvoir amener les populations à changer d’attitude. Mais faute de moyens, nous nous limitons sur ce que nous pouvons faire.

Votre appel à l’endroit de la population ?

Nous voulons dire à la population que la Biodiversité nous a fait. C’est la biodiversité qui nous nourrit, c’est la biodiversité qui est dans nos plats, la biodiversité est même dans nos spiritualités. La biodiversité, n’est pas que l’affaire des dirigeants. Il faut que la population s’intéresse plus à ce qui se passe dans la nature. Que la population essaie de poser des questions et de s’adonner plus à des activités qui leur expliquent les changements de la nature. Quand elles remarquent quelque chose qui n’existe plus dans leur environnement immédiat, qu’elles se rapprochent des ONG de l’environnement afin de chercher à comprendre. Nous allons faire des recherches pour leur apporter de la lumière.

Propos recueillis par Christophe KPOSSINOU

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