Le Politologue Mathias Hounkpè plaide pour la relecture de la loi N°2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral. Il a adressé cette suggestion lors du colloque organisé par la Conférence épiscopales du Bénin, ce jeudi 25 avril au palais des congrès de Cotonou, sur le thème « Les modifications du Code électoral au Bénin de 1990 à aujourd’hui : le Code électoral, le vivre-ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation ».
Avis tranché du spécialiste des questions électorales malgré le quitus des sept sages de la cour constitutionnelle. Présentant une communication dans le cadre du colloque organisé par l’Eglise catholique du Bénin, Mathias Hounkpè a ouvertement appelé à la relecture de la loi N°2024-13 du 15 mars 2024 modifiant et complétant la loi N°2019-43 du 15 novembre 2019 portant code électoral.
L’expert justifie cette exhortation par plusieurs incompréhensions contenues dans le code électoral qui devrait servir aux élections générales de 2026.
Mathias Hounkpè fait d’abord remarquer que le seuil le plus élevé dans le monde pour une liste présentée par le parti, est de 7% et cite la Turquie. Pour lui, le seuil d’éligibilité des partis pour les législatives qui était à 10%, désormais à 20% est, en plus d’être « unique » dans le monde est « restrictif ». Et de s’interroger « qu’est ce qui est unique par rapport au Bénin » pour prendre de « mesure que personne ne connaît nulle part »?
Le Politologue poursuit et évoque le deuxième paradoxe béninois. « Lorsque vous regardez les autres pays, lorsqu’on fixe un seuil et qu’on donne la possibilité, que les partis aillent aux élections en coalition, les critères sont plus élevés pour les partis qui vont en coalition. C’est-à-dire, si je dis maintenant, un parti unique qui présente une liste doit remplir 10%, si j’offre la possibilité de coalition, si vous êtes plusieurs partis, c’est 15% ou 20%.. Ici, on fait le contraire », fait-il remarquer.
Mathias Hounkpè s’attarde sur le seuil d’éligibilité pour les partis et soulève une troisième question en rapport avec le taux de participation. « La troisième question que je me pose, lorsqu’on fixe les seuils, moi les chiffres que je connais, si vous prenez de 1992 à 2015, la moyenne en terme de taux de participation aux élections législatives au Bénin, c’est 66%. Si vous prenez la moyenne entre 2019 et 2023, c’est 32%. ça veut dire quoi ? ça veut dire que si vous allez aux élections en 2026 et que les citoyens décident de dire, on veut prendre la parole, le taux de participation qu’on a connu de 2019 à 2023 va être multiplié (…) Je ne sais pas qui peut anticiper le résultat qui peut en sortir (…)Je ne sais pas pourquoi on va vers ce chemin d’incertitude. Je ne comprends pas », a t-il poursuivi.
L’Administrateur du Programme de Gouvernance Politique et de Consolidation Démocratique de OSIWA a, en dernier point, évoqué les « éventualités possibles en terme de contrôle du parlement et de la présidence » pour suggérer la relecture du code électoral. Mentionnant « trois ou quatre cas possibles », sans entrer dans les détails, Mathias Hounkpè alerte sur les incertitudes des résultats de ces élections et de la gestion du pays.
Mais confiant que « les politiciens » aiment se « jouer de nous », il dit croire que ce code électoral ne va pas servir à l’organisation des élections générales de 2026;
L’Honorable Ahouanvoèbla appréciera !!!
Manassé AGBOSSAGA