La prolongation de la fermeture physique des écoles, envisagée par Québec, a pris le réseau scolaire par surprise. On s’attendait plutôt à un renforcement des mesures sanitaires dans l’espoir de garder les écoles ouvertes.© Valerian Mazataud Le Devoir Le premier ministre François Legault envisage de prolonger l’enseignement à distance d’une semaine au niveau primaire (jusqu’au 18 janvier) et de deux semaines au niveau secondaire (jusqu’au 25 janvier).
« Pour nous, la présence à l’école est un service essentiel, surtout au primaire, dit Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement (FQDE). L’enseignement à distance, c’est une solution de rechange, mais ça rapporte peu sur le plan pédagogique. Ça va devenir dramatique pour nos élèves. »
Le premier ministre François Legault envisage de prolonger l’enseignement à distance d’une semaine au niveau primaire (jusqu’au 18 janvier) et de deux semaines au niveau secondaire (jusqu’au 25 janvier). Il doit en faire l’annonce mercredi lors d’un point de presse.
L’Association des pédiatres du Québec s’oppose à ce reconfinement et croit que les élèves du primaire et du secondaire doivent retourner en classe le 11 janvier, comme prévu. Le regroupement « réaffirme que la lutte primordiale et acharnée contre la COVID-19 ne doit pas se faire au détriment de toute une génération de jeunes qui ont droit au maintien d’une éducation de qualité en présentiel », est-il écrit dans une lettre au gouvernement Legault, dont Le Devoir a pu prendre connaissance.
Les pédiatres font valoir que les « écoles ne constituent pas les principaux lieux d’éclosion » et que la « grande majorité des éclosions en milieu scolaire comptent cinq cas et moins ». Ils soulignent que des « impacts majeurs » sont « déjà perceptibles sur le parcours scolaire et développemental des enfants ».
Échecs à l’horizon
Yvon Boucher, qui a occupé une série de postes en éducation depuis 33 ans, prévoit un taux d’échec alarmant des élèves en raison des confinements successifs de cet hiver et du printemps dernier. « C’est inévitable : les élèves auront eu une deuxième fin d’année tout croche à cause de la pandémie. Les retards ne se résorberont pas comme par magie », dit cet enseignant à la formation continue de l’Université de Montréal qui a été professeur, directeur d’école et cadre des services éducatifs dans le réseau public d’éducation. Ce spécialiste de l’évaluation des apprentissages propose une solution hors de l’ordinaire : prolonger l’année scolaire jusqu’à la fin du mois d’octobre 2021 (tout en maintenant les vacances d’été) pour permettre aux enseignants et aux élèves de rattraper la matière prévue au programme.
Ce n’est qu’en novembre que se ferait le changement d’année scolaire, sauf pour les élèves de cinquième secondaire, qui passeraient au cégep comme d’habitude à la fin du mois d’août. Le fait de garder le même enseignant deux mois de plus aiderait les élèves à mieux digérer la matière, estime ce vétéran du réseau scolaire.
Yvon Boucher suggère aussi de diminuer la pondération du premier bulletin scolaire, dont la remise est prévue le 22 janvier. Le ministère prévoit que les deux bulletins (celui-ci et le bulletin final) vaudront chacun pour 50 % de la note finale. Compte tenu du taux d’échec anticipé, il vaut mieux réduire le poids du premier bulletin à 20 % de la note finale pour éviter de décourager les élèves en difficulté, selon lui.
Catherine Beauvais St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et des professeurs de Montréal, rappelle que les syndicats réclament eux aussi un changement à la pondération des bulletins en raison des bouleversements dus à la pandémie. « Le reconfinement que s’apprête à annoncer le gouvernement aura un impact sur le reste de l’année scolaire. Il faut planifier la suite rapidement », dit-elle.
Avec Marie-Eve Cousineau et Marco Bélair-Cirino/Le Devoir