L’armée américaine frappe des milices pro-iraniennes en Syrie
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les frappes auraient fait 17 morts et détruit trois camions de munitions .
Il s’agit de la première opération militaire de l’administration Biden, depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu plus d’un mois : les Etats-Unis ont frappé jeudi soir des infrastructures utilisées par des milices pro-iraniennes en Syrie, en réponse aux récentes attaques contre le personnel américain et de la coalition en Irak. Une opération «défensive», a qualifié John Kirby, le porte-parole du Pentagone, qui a affirmé que les frappes avaient détruit «de multiples infrastructures situées à un poste-frontière utilisé par des milices soutenues par l’Iran, notamment le Kataeb Hezbollah», un groupe armé chiite irakien soutenu par l’Iran.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cité par l’AFP, les frappes auraient fait 17 morts, tous membres du Hachd al-Chaabi, la coalition de paramilitaires irakiens pro-Iran, et détruit trois camions de munitions qui arrivaient de l’Irak au niveau d’un poste-frontière illégal au sud de la ville syrienne de Boukamal.
Le président américain, Joe Biden avait, un peu plus tôt dans la journée, autorisé ces frappes en représailles à une série de trois attaques en une semaine, imputées à des groupes armés pro-iraniens, après plusieurs mois d’un calme relatif. Le 15 février, des roquettes ont touché une base militaire de la coalition à l’aéroport d’Erbil. Un entrepreneur civil philippin employé par la coalition avait été tué dans l’attaque, qui avait également fait six blessés, dont un soldat et des entrepreneurs civils américains. Samedi, des tirs avaient visé la base aérienne irakienne de Balad, blessant un employé irakien d’une entreprise américaine chargée de la maintenance d’avions de combat F-16. Et lundi, des roquettes sont tombées près de l’ambassade américaine à Bagdad.
Avertissement
Le Kataeb Hezbollah n’a pas revendiqué ces attaques, mais le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a assuré que l’organisation pro-iranienne en était responsable. «Nous savons qui nous avons frappé», a-t-il déclaré aux journalistes dans l’avion le ramenant jeudi soir à Washington, après une visite du porte-avions USS Nimitz au large de la Californie. «Nous sommes certains que notre cible était utilisée par la milice qui a mené les attaques» récentes contre des intérêts occidentaux en Irak.
Après les derniers tirs lundi, l’administration Biden avait fait savoir que l’Iran serait tenu «responsable des actions de ses affidés qui attaquent des Américains», mais souligné que ses forces éviteraient d’alimenter une «escalade». La frappe américaine de jeudi sonne comme un avertissement, alors que Washington demande des concessions à Téhéran avant de réintégrer l’accord sur le nucléaire, dont les Etats-Unis se sont retirés en 2018 sous l’administration de Donald Trump, et que l’Iran pourrait être tenté d’augmenter sa marge de manœuvre en cas de négociations.
Le Pentagone aurait proposé à Joe Biden plusieurs cibles potentielles dont certaines de plus grande ampleur, mais le président aurait choisi l’option la plus limitée, précise le New York Times. John Kirby a évoqué une «réponse militaire proportionnée, conduite parallèlement à des mesures diplomatiques, notamment des consultations avec les partenaires de la Coalition» antijihadiste en Irak et en Syrie. «Nous avons agi de façon calculée, afin de calmer la situation globale à la fois l’est de la Syrie et en Irak, a-t-il poursuivi. Cette opération envoie un message sans ambiguïté : le président Biden agira pour protéger les forces américaines et celles de la coalition.»
par Isabelle Hanne, correspondante à New York/Libération