Il visionnait des viols d’enfants en direct sur le net : six ans de prison

C’est la deuxième fois qu’une condamnation pour ce type de faits est prononcée en France, a commenté vendredi auprès de l’AFP, Véronique Béchu, cheffe du groupe central des mineurs victimes (GCMV), qui dépend de la direction centrale de la police judiciaire.

C’est la deuxième fois qu’une condamnation pour ce type de faits est prononcée en France, a commenté vendredi auprès de l’AFP, Véronique Béchu, cheffe du groupe central des mineurs victimes (GCMV), qui dépend de la direction centrale de la police judiciaire.

© GERARD JULIEN / AFP

Adepte du « live streaming » consistant à commander et acheter sur le net une séance en direct de viol d’enfants, un homme d’une cinquantaine d’années a été condamné mi-mai à Paris à six ans de prison ferme pour « complicité d’agression sexuelle sur mineurs » de moins de 15 ans. C’est la deuxième fois qu’une condamnation pour ce type de faits est prononcée en France, a commenté vendredi auprès de l’AFP, Véronique Béchu, cheffe du groupe central des mineurs victimes (GCMV), qui dépend de la direction centrale de la police judiciaire.

Le premier cas date de janvier 2020. Un pilote de ligne français, résidant à Singapour, avait été condamné à cinq ans de prison ferme. « C’est une première marche. Notre objectif est de parvenir à traduire les auteurs de ces faits devant une cour d’assises », a ajouté Mme Béchu, qui a observé une « explosion » de cette pratique depuis le début de la pandémie. Avec la fermeture des frontières, les pédocriminels n’ont plus eu la possibilité de faire du tourisme sexuel. Actuellement, le groupe de Véronique Béchu travaille sur une « vingtaine de procédures en cours » et soupçonne « 300 français résidant en France » et qui s’adonneraient à cette pratique.

Une séance de viol coûte 15 euros, une séance de torture 50 euros

Le « live streaming » de viols de mineurs, connu depuis une dizaine d’années, est apparu dans l’île de Cebu, aux Philippines, premier pays producteur de ces séances. Depuis, a expliqué Mme Béchu, le phénomène a essaimé, gagnant la Roumanie, l’Afrique, l’Amérique du Sud, essentiellement des pays pauvres. Une séance de viol de mineurs de 40 à 45 minutes coûte 15 euros, une séance de torture 50 euros. « Avec 50 euros aux Philippines », a poursuivi la cheffe du GCMV, « une famille peut vivre un mois ». Pour le pédocriminel, il suffit de commander et d’acheter en ligne la séance, qu’il suivra en direct sur le net. Il détermine le scénario et peut demander en direct ce qu’il désire.

Il est très difficile pour les enquêteurs de confondre ces personnes qui visionnent ces séances sur le darknet. « Depuis le premier dossier (du pilote de ligne), un gros travail de coopération judiciaire a été effectué avec l’étranger, notamment les Philippines », selon Mme Béchu. La saisie d’images et de vidéos pédopornographiques a permis de constituer des bases de données, nationales et internationales. Les services d’Europol ont pu ainsi identifier « 150 victimes ».

Pas de profil type

Le cas du Français condamné en mai est un peu particulier, car il était un « collectionneur » compulsif d’images. Il a été d’ailleurs interpellé à deux reprises, en 2001 et 2016 pour détention et diffusion d’images pédo-pornographiques (8 millions d’images et 4 millions de vidéos). C’est en examinant ses vidéos que les enquêteurs ont identifié un « live streaming » de viol à distance, qui a conduit à son interpellation en 2019.

Véronique Béchu explique qu’il n’y a « pas de profil type » de ces adeptes. « Cela va de 20 à 85 ans, mais ils sont de plus en plus jeunes. A 99%, ce sont des hommes et quand il y a des femmes, ce sont des couples. Il y a toutes sortes de professions : libérale, fonctionnaire… Souvent, des professions en lien avec des enfants ». Pour réprimer le délit de « sextorsion », la loi du 21 avril dernier punit de 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende le fait pour un adulte d’inciter un mineur à se livrer à des pratiques sexuelles sur Internet.

Paris Match/AFP

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