Réforme du système partisan
La liberté individuelle de choix et d’appartenance politique: un baromètre de la réforme?
Faut-il se désoler de voir des arrivées et des départs d’un parti politique à un autre? Devrait-on admettre que les actuelles démissions et adhésions de militants sont contraires à la réforme? Faut-il conclure que la réforme bat de l’aile? Doit-on légiférer pour contraindre les politiques à faire des choix inamovibles? Que faire?
À première lecture, on est tenté de croire que la réforme bat de l’aile. Car, pour beaucoup, les nouvelles règles organisant le secteur politique devraient mettre un terme aux possibilités de démission d’une formation politique et d’adhésion à une autre. Les récriminations contre la réforme et ce qui apparaît actuellement comme une grande vadrouille politique donnent du grain à moudre à ceux qui ont le sentiment que morale et éthique ne sont pas les choses du monde les mieux partagées au niveau des acteurs politiques.
C’est un constat. Or les logiques et autres calculs politiques ont encore de beaux jours devant eux, aussi longtemps que le jeu politique puisera son essence dans ces arithmétiques et systèmes métriques qui poussent bien d’acteurs politiques à dormir leur calculatrice en main. C’est ainsi sous tous les cieux et dans tous les domaines de la vie. Et ce n’est point un crime. À quoi ressemblerait d’ailleurs le jeu politique sans des logiques calculées, sans ces éléments de stratégie, de tactique et de positionnement qui donnent à la vie politique toute sa truculence, sa vitalité et sa vivacité?
La réforme n’a pas pour vocation de se mettre au-dessus des libertés individuelles constitutionnellement établies
En effet, au nom de la Constitution en vigueur en République du Bénin, il n’est point possible d’interdire à une personne physique de démissionner d’une association quelconque voire d’un parti politique et ou d’adhérer à une autre entité. Si les citoyens ont le droit de changer de nationalité, serait-ce le droit d’être membre ou non d’un parti politique qui prendrait un coup? C’est un droit constitutionnel que le législateur a pris en compte dans la loi portant charte des partis politiques votée en 2018 et actualisée en 2019. Chaque citoyen venant sur le champ partisan se dote de son agenda, consulte la météo politique et fait ses options. Il est souvent aidé par les aléas de fonctionnement interne des groupes en lien avec l’offre politique, le leadership et le management de la direction.
Le combat pour la vertu est des plus utiles pour ennoblir les discours et les actes des hommes dans tous les compartiments de la société. Les acteurs politiques sont spécifiquement indexés et attendus sur cette dimension parce que leurs choix influencent énormément la vie dans la cité. C’est un combat de longue haleine et de transformation socioculturelle. Il prendra le temps qu’il prendra. Néanmoins, il faut définitivement retenir que la liberté d’association dans une démocratie est l’un des principaux piliers de l’édifice démocratique. Les gens seront toujours libres de s’engager dans une organisation, de partir ou de rester au nom de leur liberté. La structuration du paysage partisan et l’avènement des grands ensembles pourraient limiter les va-et-vient en réduisant le champ des mouvements. Cela est à espérer à long terme.
Le but de la réforme n’est pas de supprimer la liberté constitutionnelle d’association politique des citoyens. Le faire sera anticonstitutionnel et anti-démocratique.
Céphise BEO AGUIAR
Analyste-Consultant-Formateur