Simon Narcisse Tomèty : « Le mal africain du siècle, c’est le complexe des ignorants »

Beaucoup de gens donnent l’apparence d’être ensemble alors que tout les oppose et tout les divise sans la moindre sincérité de collaboration. Leur drame perpétuel c’est qu’ils n’ont aucune vision commune, aucun principe partagé et vivent comme un attelage de gens divorcés. Ils sont dans une baignade de souffrance permanente. Ils sont ensemble pour se plaindre de tout mais personne n’à le courage de se désolidariser de cette vie des ensembles hypocrites. Chacun se prend pour une île.

"L'argent fait des esclaves et les premiers enchaînés sont les Hommes de droit", Simon Narcisse Tomèty

De la compétition à la vanité des hommes : ce que j’ai appris des ensembles simulés

Ce n’est pas parce que vous vous assemblez que vous êtes ensemble.

Ce n’est pas parce que vous êtes ensemble que vous constituez un ensemble.

Beaucoup de gens donnent l’apparence d’être ensemble alors que tout les oppose et tout les divise sans la moindre sincérité de collaboration. Leur drame perpétuel c’est qu’ils n’ont aucune vision commune, aucun principe partagé et vivent comme un attelage de gens divorcés. Ils sont dans une baignade de souffrance permanente. Ils sont ensemble pour se plaindre de tout mais personne n’à le courage de se désolidariser de cette vie des ensembles hypocrites. Chacun se prend pour une île.

Beaucoup passent des années de carrière dans les mêmes enclosures en s’étouffant mutuellement et en vivant comme des couples en séparation de corps et d’esprit en attendant l’explosion de leurs alliances.

Certains cachent leurs conceptions de pouvoir hiérarchique et ne voient l’ensemble qu’en paliers étagés et croient qu’ils ont un mérite particulier le fait qu’ils soient en haut et les autres en bas.

D’autres n’ont pas la capacité d’être perchés mais ils sont néanmoins en haut, plus encore, d’autres en bas et considèrent aussi qu’ils méritent d’être à la cime mais *personne ne veut passer de la cime au cimetière. La bataille des prétentieux et des parvenus n’est-ce pas quand la vanité s’empare de notre être?

Certaines personnes se fichent pas mal des postures dans ces ensembles où chacun y est avec ses caprices, ses astuces, ses masques superposés qui ne sont que des simulations de denture. *La dent qui saute se moque du reste des dents. Même rien de sincère dans les échanges de sourires. Tout est cosmétique, artificiel et manipulateur avec des rapports de forces inutiles. Comment peut-on coordonner un ensemble chimérique? Voilà ce que nous manageons. Peut-on parler d’efficacité de développement avec tant d’illusions, absences de discipline collective et d’actions coopératives?

Pour travailler ensemble et réussir ensemble, il faut déjà que chacun soit capable de *compenser humblement les lacunes de l’autre sans jouer à la grosse tête* et que *celui qui ne connaît pas ait le courage de ses ignorances pour exprimer ses demandes et désirs d’apprendre. Le mal africain du siècle c’est  le complexe des ignorants qui ont peur qu’on découvre leurs impertinences.

Qui peut prétendre tout connaître? *Ouvre ton cœur et concentre-toi sur des objectifs de performance et tu auras les moyens de tout savoir* pour peu que tu cultives le recours à toutes les personnes de ton environnement qui peuvent fortifier ton ingéniosité.

Décloisonnez-vous, DEBLOQUEZ-VOUS, enchantez-vous, ensemble on n’est toujours plus fort que tout seul pourvu que chacun prenne conscience de ses incomplétudes.

Dieu a créé l’homme pour vivre en interdépendance et en interaction positive ou synergie, voilà pourquoi tout homme naît d’un couplage pour vivre en société et mourir un jour accompagné à sa dernière demeure par ses proches.

Quand vous voyez des gens ensemble, observez-les bien, ils ne sont nullement liés par le souci d’une réussite collective mais par un intérêt financier et matériels. Ils rusent individuellement et chacun prend les autres pour des cons et finissent par former un ensemble de cons qui s’ignorent mutuellement et pourtant, on les voit ensemble dans les administrations, les associations, les entreprises, les marchés, les partis politiques, le sport, le quartier et le village.

Les hommes vivent plus en cohabitation qu’ensemble.

Certains hommes se battent pour exister dans la vue des autres. Vous rencontrerez beaucoup qui ont des agendas cachés avec des stratégies de n’agir que là où se trouvent leurs intérêts; ils sont sur la défensive en permanence et portent des masques empilés afin que personne ne découvre facilement leurs faces cachées couvertes de farces.

Beaucoup partagent mais très peu donnent. Beaucoup reçoivent mais beaucoup ne posent que des actes intéressés.

Est-ce parce que les gens ont une proximité qu’ils sont proches spirituellement par la communion de leurs esprits et soudés solidairement? A chacun sa réponse.

*Est-ce que nos individualités orgueilleusement construites ne constituent-elles pas une friction pour la mise en commun de nos talents individuels ? Ce qui tue le vivre-ensemble c’est le manque de volonté pour apprendre à mutualiser certains de nos défis avec des stratégies coopératives gagnant-gagnant pour les relever.

A l’école, on nous apprend à être meilleur par la compétition. Cette mentalité de compétiteurs nous poursuit dans la vie quotidienne dans l’administration, le business, le sport. On nous apprend à être meilleur en surpassant tout le monde. Voilà comment nous sommes encouragés à cultiver les rapports de forces et ce n’est pas tout.

On a institué l’évaluation pour détecter qui est meilleur, qui est moyen et qui est nul. Les seuls qu’on n’arrive pas à classer c’est les champions des *PEU MIEUX FAIRE* .

Je garde encore en souvenir mes bulletins de notes des cours primaires et secondaires. Je m’en foutais des notes curieusement. Quand les derniers sont devenus les premiers avec des bourses d’excellence de grandes institutions internationales, les mauvais pédagogues ont dû la boucler.

L’un de mes professeurs était à la limite des larmes quand il a découvert sur ma carte de visite mon palmarès académique et ma profession, il a 25 ans de cela. Il en était très ému, ses yeux ont rougi et se posait intérieurement beaucoup de questions.

Oui, il découvre que j’ai échappé bel à la société des cancres assemblés. Chaque personne est un miracle mais libre à chacun de gaspiller son miracle. Je ris trop de moi-même et j’ai appris à me moquer de mes imperfections. Seulement, j’ai pleine conscience de mon incomplétude. C’est pourquoi, je déteste de perdre mon temps avec des gens qui naviguent sans objectifs précis et sans méthodes.

Est-ce que les gens que vous voyez ensemble ont une culture de convergence d’intérêt? A chacun sa réponse aussi.

Tant que le miel est exposé, toutes les mouches vont s’y agglutiner en se livrant une compétition alors qu’il est possible que chacun s’installe calmement pour prendre sa part et céder ensuite la place aux autres mouches qui attendent. A chacun sa réponse et sa réputation également.

Pourquoi cherchons-nous à être des compétiteurs pour qu’il y ait des forts et des faibles, des victorieux et des perdants? A chacun sa vanité cachée.

Ce texte a été écrit pour dénoncer le recul du vivre-ensemble et la montée en puissance des égoïsmes dans les administrations publiques, les équipes gouvernementales, les parlements, les entreprises, etc.

Il résume mes observations sur plusieurs décennies à travers divers milieux et plusieurs pays. C’est ma façon de contribuer à l’humanisation de l’homme africain devenu faussement communautariste et trompeusement coopératif.

Nos solidarités sont hypocrites et on le voit avec les compétitions électorales, les examens nationaux, les concours professionnels et les marchés publics où l’égalité des chances est menée et malmenée par la corruption, les parrainages politiciens, les télécommandes. Ces fléaux des immoralités sont cultivés comme les jardins africains des passe-droits. Ils détruisent systématiquement nos performances individuelles et collectives. Un peu de scrupule s’il vous plaît!

Nos silences et indifférences face à l’imposture sont des complots contre l’éthique et la foi.

La course au pouvoir, à la promotion et à l’argent accroît la sphère des hommes et des femmes à foi morte. L’esprit d’équipe se meurt, la méfiance est devenue une tendance lourde, la coopération souffre d’un déficit de sincérité.

Nous sommes devenus une société de lâches et d’hypocrites. On préfère les commérages et les chuchotements au lieu de se libérer mentalement pour dire ce qui nous empêche d’être de vrais ensembles. On n’a peur de prendre de sa part de risques au nom du commun mais on n’en prend avec fougue quand il s’agit de ses intérêts personnels.

Si ce texte-miroir peut nous permettre de voir nos propres images, nous aurons fait un pas de plus comme nous l’enseigne Og Mandino. Ne soyons pas seulement en assemblage de cohabitation mais travaillons ardemment pour être ensemble pour nous ressembler mutuellement en partie. Voilà ce qu’on appelle le vivre-ensemble et une nation.

Vous qui allez lire ce texte en ne vous sentant pas concernés, jetez-le simplement à la poubelle de vos inconsciences. *Oui, certaines vérités dérangent mais le jeu de la séduction merdique est incompatible avec la nature humaine de certaines personnes.

Il est temps de passer de la solidarité de soumission et de compromission à la solidarité d’interdépendance et de co-construction pour une inclusion participative et citoyenne responsable.

Simon Narcisse Tomèty

Institutionnaliste de réformes publiques

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