Lors de son investiture jeudi dernier à Porto-Novo, le président de l’Assemblée nationale s’est dit favorable à une nouvelle révision de la constitution tout en conservant les fondamentaux notamment l’option républicaine et la limitation à 2 du mandat présidentiel, après celle opérée en 2019 par un parlement composé uniquement des élus de la mouvance. Place à présent aux commentaires. Richard Boni Ouorou s’est adonné à cet exercie. S’il approuve l’idée de la révision de la constitution, le Politologue fait toutefois remarquer que « ce qui choque aujourd’hui, c’est la personne qui énonce la révision de la constitution ». Argument à travers l’intégralité de son point de vue.
« Nouvelle révision constitutionnelle
Jeudi 13 avril 2023
Terrien,ne,s Bonjour.
Faudrait-il réviser une fois encore la Constitution?
A la question, je dirai que la Constitution béninoise de 1990 nous a permis de faire certains progrès démocratique sans pour autant nous permettre de sécuriser des valeurs démocratiques sous-jacentes.
Le Benin était jadis avant 2016, un pays démocratique alors que la majorité des béninois vivait en marge de la démocratie dans nos campagnes et villes périphériques.
L’exercice et la vie démocratique ont été jusque-là exclusivement réservés aux habitants de nos villes. Alors, doit-on revisser la Constitution pour étendre son exercice jusque dans nos contrées reculées ? La réponse est NON ! Il faut juste que les mécanismes soient décentralisés.
Alors pourquoi doit-on réviser la Constitution?
Pour moi, la Constitution étant la loi fondamentale, elle est de ce point de vue, au fondement d’un événement et en l’espèce, elle est au fondement de la crise économique sous Kerekou 1 qui s’est transformée en crise politique puis en joute politique. Partant de là, et constatant les mécanismes sociaux qui ont été inclus dans la Constitution pour donner des garanties aux acteurs sociaux (syndicats et autres pouvoirs intermédiaires), nul doute que des valeurs et idéologies socialistes ont entouré l’esprit de sa rédaction alors que la période débouchait sur une ère libérale avec le renforcement des protocoles de la mondialisation.
La Constitution de 1990, avec ces mécanismes sociaux, est très vite devenue un handicap pour les dirigeants successifs qui doivent eux négocier des processus de développement dans un monde libéral avec une Constitution handicapante. Ce qui a amené les dirigeants successifs à faire le vœu d’une révision, jusqu’à ce que Patrice Talon ne la réécrive à son goût au lieu d’une révision.
Donc oui, il faut consciencieusement réviser notre Constitution pour l’employer —libéralement—.
Mais ce qui me choque aujourd’hui, c’est la personne qui énonce la révision de la constitution, à savoir le Président de l’Assemblée Nationale M. Louis Vlavonou. Ce monsieur, personne ne connaît vers quoi il penche politiquement – sauf erreur de ma part, en dehors du fait qu’il vit politiquement au rythme indiqué par celui que je peux appeler sans me tromper son mentor Patrice Talon. Ni moi, ni aucun des compatriotes béninois ne savent ce qu’est la position politique de M. Louis Vlavonou.
Louis dit, nous devons réviser la Constitution pour l’améliorer, mais est-ce le même Louis sous lequel on a adopté une loi sur la décentralisation qui a juste permis d’arrêter un processus électoral en pleine exécution et retoucher la loi pour que le processus continue et aboutisse avec beaucoup de tares ? Si c’est le même, il n’a aucune légitimité pour faire ce genre d’annonce, même si légalement il y est permis.
La différence entre la légitimité et la légalité étant que l’une est soumise aux valeurs et à la morale alors que la seconde est soumise aux règles en vigueur.
Dites à notre Président de l’Assemblée que les béninois ont des problèmes plus sérieux sur lesquels l’attention du parlement serait appréciée, tels que les taxes astronomiques sur les consommations d’électricité, d’eau, connexion internet; pouvoir d’achat avec une précarité de plus en plus aiguë, et même l’agriculture où les vrais acteurs se sentent trahis et lésés.
Sans compter les jeunes chômeurs qu’on emprisonne pour faire baisser arbitrairement les statistiques sur le chômage.
Cher Fofo Louis, A force de vouloir trop réviser la Constitution, dans ces conditions-là, vous risquez de la rendre illisible.
Portez-vous bien ! »
Issa Richard Boni Ouorou