A travers un message adressé au président Talon, Alassane Soumanou plaide pour la libération des prisonniers politiques et le retour des exilés, le 01er août. Tout en implorant la clémence du chef de l’Etat, l’ancien candidat à la présidentielle de 2021 et membre du parti FcBe propose à cet effet une loi d’amnistie. Ci-dessous son appel.
Chers compatriotes,
Depuis un certain temps, dans nos restaurants dans nos marquis, au cours des voyages dans les bus, le sujet débattu, le sujet objet de débats contradictoires de la part de nos compatriotes, c’est la situation de nos camarades en prison, de nos étudiants en prison, de nos politiciens en prison. Pour certains, ce sont nos divergences politiques qui sont à la base, pour d’autres le droit a été dit. Mais devons-nous rester les bras croisés ? En attendant que la situation de l’amnistie évolue au sein du parlement, n’existe-t-il pas d’autres voies à travers lesquelles nous pouvons ensemble et à travers l’unité d’actions, œuvrer pour la libération de nos compatriotes en prison ? C’est en cela que je voudrais vous dire que nos problèmes sont créés par des hommes, et il faut des hommes pour les résoudre. Oui Reckya Madougou et consorts, de même que nos camarades qui sont en exil, se posent la question, là où ils se trouvent aujourd’hui : « Croupir dans les prisons ? » Les jours deviennent de plus en plus longs, les nuits deviennent plus en plus sombres. Et de leurs prisons, chacun d’eux se pose la question : que font nos camarades pour nous sortir de cette situation de souffrance ? Oui, la loi les a inculpés, la loi les a jugés, les a condamnés, et ils sont en train actuellement de purger leurs peines. Une circonstance atténuante, voici deux ans, trois ans, quatre ans pour certains, il n’y a pas eu une action de violence pour les enlever de ces prisons. C’est une circonstance atténuante. Mais cette même loi qui les a condamnés, cette même loi…en général, la loi n’est pas rigide, elle est flexible. La loi prévoit également dans des situations du genre, que l’amnistie peut être accordée. Il y a donc une loi d’amnistie qui peut venir de l’Assemblée, ou qui peut venir du chef de l’État, le père de la nation. C’est en cela je voudrais vous dire, chers compatriotes, qu’il faudrait que nous œuvrons ensemble pour voir et donner l’envie au Chef de l’État, le père de la nation, lui donner envie d’user de ses prérogatives, car notre Constitution et la loi lui permettent effectivement de prendre un projet de loi, de soumettre à l’Assemblée, et de faire bénéficier à nos amis, l’amnistie, synonyme de pardon. J’espère que cela est possible ? Puisqu’il faudrait qu’on aille au pardon, car le pardon a plus de valeur lorsqu’on l’accorde à celui dont on pense qu’il ne le méritait pas.
Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État, Chef du gouvernement,
Vous avez pris beaucoup de risques, parce que vous avez pour souci d’engager le pays dans la voie de la modernité. Vous avez pris beaucoup de risques parce que vous avez voulu effectivement faire des réformes. Toutes réformes bousculent et gênent. Vous avez pris des risques, parce que vous avez pris le risque aussi d’engager le pays dans le système de privatisation, synonyme de transfert des biens de l’État partiellement ou totalement au secteur privé.
Excellence Monsieur le Président de la République,
L’État est une continuité, votre gouvernement a eu cette capacité de mobiliser les fonds, d’œuvrer pour moderniser notre pays, à travers des infrastructures, à travers des réalisations qui sont visibles. Nos souhaits, c’est que ces réalisations telles que la Zone industrielle de Glo-Djigbé, tout ce qui se fait à Sème Podji et tout ce que vous avez réalisé, soient des réalisations pérennes. Oui Monsieur le Chef de l’État, vous avez cette possibilité et en tant que père de la nation, nous vous demandons pardon. J’ajoute ma modeste voix à celles qui m’ont précédées pour dire que nous pouvons effectivement œuvrer ensemble pour associer le Chef de l’État pour lui donner envie de pardonner. Oui Monsieur le Président de la République, gérer un pays, c’est également prévoir, gérer un pays, c’est anticiper. Je citerai des exemples qui font que vous avez marqué votre passage. À titre de témoignage, nous pouvons citer ce que fait la Première Dame, la Fondation Claudine Talon. C’est des œuvres humanitaires, c’est des œuvres qui effectivement glorifient cette Fondation, à savoir la lutte contre le cancer des enfants, à travers la Clinique Pédiatrique de Porto-Novo, la mise à disposition des bus médicalisés pour collecter du sang, pour sauver les vies humaines, la fistule obstétricale, pour redonner espoir à nos femmes, à nos jeunes sœurs qui avaient perdu tout espoir. Voici autant d’actions qui prouvent que, excellence Monsieur le Président de la République, vous pouvez faire ce que nous vous demandons, c’est-à-dire, sauver les vies humaines qui sont dans les prisons, sauver les vies humaines et la carrière de nos jeunes étudiants. Oui Monsieur le Président de la République, comme le disait l’autre, « Tout homme qui décide d’entreprendre quelque chose, trouve en face de lui, ceux qui veulent faire la même chose, ceux qui veulent faire le contraire, ceux qui ne veulent rien faire du tout. C’est pourquoi, je voudrais lancer un appel à nos élites sociales, à nos élites religieuses, pour entamer cette démarche, pour s’approcher du Chef de l’État, parce que le pardon n’est pas portable, le pardon est quérable. Ils doivent faire le premier pas, ils doivent aller au-delà de leurs prières, ils doivent voir le Chef de l’État, pour qu’enfin, nos amis, nos camarades, nos frères en prison puissent gagner leur liberté.
Je parlerai ensuite plus particulièrement de Reckya Madougou que je connais pour avoir été son collègue dans le même gouvernement. Elle n’est pas seulement auteure de « Ne touche pas à ma Constitution », mais elle est aussi auteure de « Ne touche pas à ma communication ». Parce que, c’est une dame pondérée, qui aime son travail, et qui le fait si bien. Reckya Madougou, c’est bien la fille de notre regretté aîné, Madougou Malam.
Madougou Malam, jeune technicien de service de conditionnement, a servi à Djougou dans les années 60. C’est un Monsieur très gentil, c’est un Monsieur ami des jeunes, un Monsieur très généreux, de telle manière que les Djougois l’appelaient Madougou Malam, Monsieur le Maire.
Monsieur le Président de la République, il fut votre ami, vous l’avez connu par le travail. La fille de Monsieur le Maire est actuellement en prison. Il vous revient, au nom de la solidarité, au nom de la paix, que vous puissiez effectivement œuvrer ensemble avec le peuple, parce que vous êtes à l’écoute de votre peuple. Libérez et pardonnez Reckya Madougou et consorts.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Ne dit-on pas souvent que le Chef, c’est celui qui a besoin des autres. Vous avez besoin du peuple béninois, le peuple a besoin de vous. Monsieur le Président de la République, le second nom du développement, c’est la paix. Sans la paix, à mi-mandat de votre deuxième quinquennat, vous ne pouvez pas tout faire.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Vous ne pouvez pas faire tout le développement du Bénin, parce que le développement n’est pas un projet. Un projet a un début et une fin, alors que le développement, c’est un processus. Vous avez besoin de la paix, vous avez besoin du peuple, vous avez besoin du soutien du peuple pour effectivement continuer l’œuvre de modernité que vous avez entamée. Les populations attendent encore de vous. Un peu plus d’eau, une peu plus d’électricité, vous devez œuvrer pour l’équilibre inter régional, vous devrez œuvrer pour que l’École soit non seulement un centre d’enseignement, de formation, pour que l’École soit également un centre de production. L’École doit produire. Les réformes au niveau de notre système éducatif doivent faire en sorte que l’École prépare l’apprenant, non seulement à la vie, mais au travail.
Excellence Monsieur le Président de la République,
L’École doit produire des cadres compétents, l’École doit produire des soudeurs, des mécaniciens, des électriciens, l’université doit produire des ingénieurs, des avocats, des géomètres. Donc, quand dans un pays, rien ne va plus, c’est à l’éducation qu’il faut poser la question. Quels types de cadres formons-nous dans nos écoles. Devons-nous continuer toujours par former des cadres incapables d’entreprendre, incapables de créer ? Non, nous devons œuvrer pour le développement de notre pays, en formant des cadres capables d’apporter des solutions aux difficultés de nos populations.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Nous vous demandons pardon, nous ajoutons notre modeste voix à celles qui nous ont précédées, pour vous dire Monsieur le Président, « il faut pardonner ». Prenez vos responsabilités pour qu’une amnistie présidentielle soit accordée en attendant l’évolution de la situation au niveau du parlement. Parce que aujourd’hui dans ce parlement, se joue la force du plus grand nombre. La démocratie n’est pas le meilleur système. Mais elle est mieux que le totalitarisme, que la dictature et la révolution. Il faudrait que vous œuvriez dans ce sens pour que enfin, ce que tout le monde veut, le peuple veut aujourd’hui, … c’est que les Béninois se réconcilient entre eux, c’est que nous nous tendions la main, c’est que nous faisions tout pour que le développement que vous avez amorcé, grâce à votre capacité de mobilisation des fonds, les résultats soient là. Vous avez suffisamment de félicitations des institutions financières, de la Banque Mondiale, du FMI, qui reconnaissent que l’effort a été fait, pour assainir nos finances. L’élargissement de notre assiette d’impôts, les recettes sont là. Mais faites tout, pour que les dettes n’englobent pas toutes les recettes. Parce que nous avons besoin encore de nous mettre ensemble, pour pouvoir pérenniser tout ce que vous avez entrepris. Nous avons besoin de nous entendre, pour qu’au-delà de 2026, tout ce que vous avez pu réaliser, devienne des actions pérennes. Cela est possible, cela est faisable. C’est pourquoi une fois de plus, Monsieur le Président de la République, chers membres du gouvernement, vous devez continuer à deux ans et demi, à trois ans de la fin de votre mandat, vous devez tout faire, pour libérer, pour pardonner nos frères, nos amis en prison, vous devez pardonner. C’est en votre temps, Monsieur le Président de la République, ce n’est pas vous qui les avez envoyés en prison, c’est la loi. Mais il y a aussi une loi qui vous permet de les faire sortir de la prison. Monsieur le Président de la République, nous vous supplions, nous vous demandons pardon, d’œuvrer dans ce sens, pour qu’ils retrouvent la paix, pour qu’ils puissent revoir leurs enfants, pour qu’ils puissent retrouver leurs familles, car à l’heure où nous vous parlons, beaucoup de ménages sont en souffrance, à l’heure où nous vous parlons, beaucoup d’enfants n’ont pas pu poursuivre leur cursus scolaire, à l’heure où nous vous parlons, nos camarades en prison souffrent, ils sont dans des conditions minables, dans des conditions pénibles. Ce n’est pas vous qui les avez envoyés certes, c’est la loi. Mais cette loi vous permet aussi de les libérer. Voilà ce que j’avais à vous dire, tout en souhaitant que les responsables de l’Union Islamique, de la Conférence de Églises catholiques et autres, voudront s’associer à cette démarche.
Je rêve déjà, que d’ici le 1er août, nos amis soient libérés.
Je rêve que d’ici le 1er août, nos exilés reviennent, parce qu’il ne s’agira pas seulement de les libérer, mais il faudrait pacifier leur retour au Bénin. Les exemples sont là. En 90, avant la Conférence nationale des forces vives, le regretté président, feu le Général Mathieu Kérékou, a pardonné, a accordé une amnistie à tous les exilés, à tous les prisonniers, il a même pardonné ses agresseurs, il en a fait premier ministre, il en a fait ministre d’État, il en a fait ses conseillers spéciaux et le peuple lui a témoigné cela.
En ma qualité d’ancien président du comité interministériel chargé des obsèques du Général Mathieu Kérékou, j’ai vécu vraiment cette situation, où emmenant le cercueil du Général à Natitingou, en passant par Porto-Novo, Covè, Parakou, Djougou et Natitingou, des populations massivement réunies au bord des voies voulaient coûte que coûte s’accaparer du cercueil du Général, voulaient coûte que coûte prier pour le Général. Et dans cette foule, qu’est-ce qu’on entendait ? « C’est le père de la nation. C’est lui qui a œuvré pour l’unité entre le nord et le sud, entre l’est et l’ouest, c’est notre papa, il est très bon, c’est lui a œuvré aujourd’hui pour l’unité nationale dans ce pays. Voilà les témoignages et les dernières impressions que les populations béninoises ont gardé du Général Mathieu Kérékou. Vous pouvez le faire, vous pouvez les libérer, Monsieur le Président. C’est ce que j’avais à vous dire, tout en espérant que Allah, le Tout-puissant, Allah, le Seigneur des hommes, le Souverain des hommes, Dieu des hommes facilitera. Je vous remercie et sachez surtout que le chef, c’est celui qui a besoin des autres.
Je vous remercie