Quand l'anodin devient une information

Lutte contre la désinformation en période électorale : La Céna et le Récef posent les bases à Cotonou

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Après Paris en août 2023, Cotonou abrite le séminaire électoral du Réseau des compétences électorales francophones (Recef) 2024. Les travaux qui se tiennent du 22 au 24 octobre à l’hôtel Bénin Royal vont permettre aux participants de réfléchir sur le rôle et les stratégies des organismes de gestion des élections dans un contexte de désinformation à l’ère des médias numériques. La cérémonie d’ouverture a été marquée par la présence du président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) Edouard Loko, du Médiateur de la République, Pascal Essou, des représentants des partis politiques, des acteurs de la société civile, des membres de la Direction générale des élections (DGE), des membres de la Commission électorale nationale autonome (Céna).

Si l’information est au cœur de la vie publique et des processus électoraux, la prolifération, l’amplification des contenus trompeurs sur les plateformes numériques avec leur sophistication par l’intelligence artificielle constitue toutefois une menace pour les élections. Le Réseau des compétences électorales francophones (Recef) et la Commission électorale nationale autonome du Bénin se  mobilisent à Cotonou pour contrer la menace.

Pendant trois jours, les participants vont approfondir les réflexions autour du thème  » Manipulation de l’information au cours du processus électoral à l’ère des médias numériques et réseaux sociaux : Stratégies des organismes de gestion des élections ».

Dans son discours d’ouverture, Sacca Lafia a fait remarquer que la Céna, dans sa volonté d’organiser des élections libres et équitables, est souvent confrontée à de vraies menaces liées en particulier à la diffusion de fausses rumeurs et de manipulations de l’information. Il a souligné que la rapidité et l’étendue de leur propagation, via les réseaux sociaux, se sont accrues ces dernières années, avant de déplorer « la diffusion massive de fausses informations peut constituer ainsi un facteur de déstabilisation pour nos démocraties. Elle peut priver les électeurs de leur droit de vote, les manipuler et ébranler leur confiance. Les élections elles-mêmes peuvent exacerber et provoquer une polarisation intense qui nuit à la cohésion sociale. Plus grave, elle est potentiellement en mesure de fausser les résultats des processus électoraux et de déstabiliser les pays les plus fragiles ».

Néanmoins, Sacca Lafia  a fait remarquer que la Céna n’est pas restée les bras croisés. Il a, entre autres, cité l’élaboration d’un narratif des élections, la création de mécanisme d’information efficace visant à renforcer la transparence électorale ; la mise en place d’une stratégie de communication et l’interaction constante avec les parties prenantes afin d’établir et renforcer la confiance dans le processus électoral, la mise en place d’un mécanisme de retour d’information aux parties prenantes pour répondre à leurs priorités et à leurs besoins en matières électorales; l’organisation des formations et des campagnes d’information sur les lois électorales notamment pour faire face à la désinformation.

Au-delà de ces dispositions, le président de la Céna fera remarquer que la principale difficulté de ce séminaire électoral du Recef consistera  à trouver des  » mesures efficaces sans restreindre les droits à la liberté d’expression ainsi qu’au pluralisme des médias ».

Un avis visiblement partagé par Bertrand Levant, représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, qui dira que  les réformes législatives et institutionnelles initiées par les pays pour faire face à la désinformation sont confrontées à « un défi démocratiquie de taille entre la nécessité de garantir un certain dégré de sécurité et l’obligation découlant du droit international et au coeur des valeurs de la Francophonie de protéger les droits humains et la liberté d’information en particulier ».

Un programme alléchant

Procédant au lancement des travaux, le président par intérim du Recef a levé un coin de voile sur le programme d’activités. Elysée Ouédraogo a indiqué que ce séminaire électoral international sera marqué par cinq (05) ateliers, évoquant : l’état de la démocratie et de la manipulation de l’information à l’ère numérique au sein de la Francophonie; l’état de situation de l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les administrations; les expériences vécues par le Bénin, la Centrafrique et le Sénégal;  un atelier proposé par le Forum des femmes du RECEF; un atelier portant sur « l’environnement médiatique, les médias et les plateformes numériques » ; les échanges sur les bonnes pratiques des OGE en matière de prévention et de lutte contre la désinformation, avec la présentation d’études de cas de la Roumanie, du Centre européen d’appui électoral et de la Plateforme électorale des organismes de la société civile du Bénin.

Outre ces ateliers, il a ajouté que le Recef offrira également une journée de formation le jeudi, afin de  réfléchir ensemble sur les plans d’actions respectifs pour la prévention et la lutte contre la désinformation. Elysée Ouédraogo a précisé que cette journée sera animée par deux experts électoraux du Centre européen d’appui électoral.

Enfin, le président par intérim du Récef a annoncé l’organisation de l’assemblée générale annuelle du réseau qui est l’instance statutaire pour les grandes décisions et orientations de la vie du réseau.

L’objectif principal du Recef  est de favoriser la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles, cela à travers des échanges d’expériences et de pratiques électorales positives. Le Réseau a vu le jour en août 2011, au Canada et compte à la date du 22 octobre 2024.

Manassé AGBOSSAGA

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