Face à leur situation chaotique : Transporteurs et conducteurs appellent Talon à l’aide
Les transporteurs et conducteurs ont donné de la voix, vendredi 18 janvier 2025 à Parakou. Au cours d’une déclaration lue par leur porte-parole, Alihassan Baboni, ils ont décrit leur calvaire, avant d’inviter respectueusement le président Talon “à se pencher sur leurs problèmes qui ne font que s’empirer avec la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger”. Déclaration.
Parakou, le 18 Janvier 2025
DÉCLARATION DE PARAKOU
Chers Camarades Transporteurs et Conducteurs, vous êtes chaque jour de plus en plus nombreux à nous interpeller par rapport à la situation chaotique que traversent les Transporteurs et les Conducteurs depuis bientôt 9 ans.
Dès les tous premiers mois de l’année 2016, l’abattement des tarifs de transport de coton nous est tombé sur la tête. Nous avons demandé de nous asseoir autour d’une table de négociation, la SODECO et nous, mais cela n’a pas été le cas. À la place du dialogue, certains parmi nous se sont retrouvés en prison. N’eût été vos intenses prières, ils y seraient restés longtemps. C’est le moment de remercier le Seigneur pour tout ce qu’il fait pour nous afin que nous puissions joindre les deux bouts, chaque jour que Dieu fait.
Mis à part les abattements des tarifs et la hausse vertigineuse de l’AIB à 5% (1%), nos autorités nouvellement élues ont formé un groupe composé uniquement de leurs partisans, et ce sont ces derniers qui nous sous-traitent dans le transport, moyennant une commission qui varie entre 13 et 15% de nos factures. Bref, le transporteur remarque seulement, le cœur meurtri, qu’une coupe sombre de 18 à 20% a été faite sur son bordereau de paiement. Conséquences : le transporteur n’arrive plus à faire face aux charges qui sont les siennes.
Les camions qui prennent le gaz-oil dans les usines sont obligés de le prendre avec une augmentation de 20 F par litre, ce qui ne se passait pas auparavant, car le carburant dans le formel est censé être vendu au même prix sur toute l’étendue du territoire national. Comme les commerçants ont trouvé que les autorités qui sont chargées de nous protéger, quant au suivi et à la bonne marche de notre corporation, et bien ! Ce sont elles qui nous rendent la vie dure, alors les commerçants ont commencé par fouler au pied les textes qui régissent le transport au niveau de la sous-région.
Les textes sur le transport ne s’appliquent plus au Bénin. Par contre, ces textes s’appliquent dans les autres pays de la CEDEAO et même de l’AES« Résultat, les prix de transport connaissent une baisse drastique du Bénin vers les autres pays de la sous-région. Cette situation a fait que les transporteurs béninois sont considérés comme « Les casseurs de prix de la sous-région », si bien qu’ils sont devenus « persona non grata » dans des pays comme le Niger, le Togo et la Côte d’Ivoire.
Pour ce qui concerne les redevances sur les ponts-bascules, une hausse vertigineuse a été instaurée depuis 2018. Les frais de pesage sont de 12 000 F, 30 000 F, ou 45 000 F selon qu’il s’agisse de la caractéristique du camion.
Le comble, c’est qu’il faut payer sur tous les ponts. Alors que dans les autres pays, si vous payez une fois, vous ne faites que montrer la preuve pour passer sur les autres ponts qui se trouvent sur votre chemin.
Pour ce qui concerne le SYGFR, c’est une très bonne réforme que nous avons tous applaudie, mais sa mise en œuvre laisse à désirer, car les formalités pour obtenir l’autorisation de transport restent parmi les plus coûteuses de la sous-région.
Par ailleurs, nos frets nationaux sont chargés par les camions étrangers, ce que nous ne pouvons pas faire dans les autres pays.
Il y a comme un complot ourdi contre les Transporteurs et les Conducteurs au Bénin. Mais nous refusons toujours de croire à ce complot.
Nous invitons très respectueusement le Président de la République à se pencher sur nos problèmes qui ne font que s’empirer davantage, surtout avec la fermeture de la frontière entre le Bénin et le Niger.
Monsieur le Président, nous voudrions vous rappeler qu’à travers un camion qui roule, les différentes personnes ci-dessus trouvent leur compte pour aller nourrir leur famille respective.
Le cocseur, le conducteur, l’apprenti, le vulcanisateur, le soudeur, le mécanicien, la restauratrice (la bonne dame qui vend à manger aux abords des voies et sur les parkings-gros porteurs).
Les structures de l’État telles que le Port mouillé, le Port sec, les Ponts-bascules, sans oublier le transporteur lui-même.
Eh bien ! Toute cette panoplie de personnes souffre aujourd’hui. Il faut que vous fassiez quelque chose pour sauver le transport au Bénin. Un vieil adage dit : « qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire ». Nous croyons dur comme fer que notre cri de cœur va vous parvenir et que vous allez enfin réagir pour un début de solution et une lueur d’espoir pour vos administrés que nous sommes.
Vive le transport de marchandise au Bénin.
Alihassan BABONI