Code électoral, clash Talon-Boko, affaire Dangnivo, élections générales de 2026 : Expérience Tébé en parle sur ‘’Grand Format’’
Le président du parti Mouvement Populaire de Libération (MPL) était l’invité de la rubrique “Grand Format” du dimanche 16 mars 2025 de la télévision Canal 3. Expérience Tébé a abordé l’actualité nationale notamment la relecture du Code électoral, le procès Dangnivo, l’affaire Olivier Boco, les élections générales de 2026. Lire ci-dessous ses réponses.
Journaliste : Le Cadre de concertation de l’opposition exige la relecture du Code électoral pour des élections inclusives en 2026. Que reprochez-vous à ce document ?
Expérience Tébé : Tout de suite, je voudrais vous faire savoir que ce n’est pas le cadre de concertation de l’opposition seule qui réclame la relecture du Code Electoral. Au cours de notre Assemblée Générale du 11 mars dernier qui a réuni les confessions religieuses, la société civile, les syndicalistes et autres, tout le monde est unanime que ce code électoral comporte des dispositions qu’il faut revoir pour préserver la paix, la cohésion et assurer une transparence des élections en 2026.
Pour revenir à votre question, certaines dispositions du code électoral posent un problème à notre lecture. Je voudrais citer par exemple la barre des 20% pour le seuil d’éligibilité dans chaque circonscription électorale pour les élections législatives, le parrainage…
Aujourd’hui, nous estimons que pour assurer la transparence et l’inclusivité de ces élections au regard de tous les problèmes que notre pays a connus des élections organisées successivement depuis le régime de la rupture qui s’est installé en 2016, il faut que ces dispositions soient revues. Car elles peuvent être encore source de difficultés.
L’audit du fichier électoral n’est pas suffisant pour garantir la transparence des élections ?
Ce n’est qu’un début. Parlant d’élection, vous conviendrez avec moi que le fichier électoral est une pièce maîtresse en termes de transparence d’un scrutin. Mais l’audit du fichier compte tenu de tout ce que nous avons eu de par le passé, ce n’est pas une victoire pour l’opposition seule. Ça concerne toute la classe politique qui a envie de participer et de gagner ces élections-là. C’est un début et nous attendons la fin de cet audit pour voir les imperfections qui seront révélées et comment ensemble nous allons les corriger…
Comment comptez-vous arriver à la relecture du code électoral ? On sait que l’opposition est minoritaire au parlement. Est-ce qu’une fois encore vous comptez sur la gentillesse de Patrice Talon ?
Nous ne comptons pas sur sa gentillesse, mais plutôt sur sa clairvoyance et son ouverture d’esprit. Vous savez qu’il s’en va en 2026 et il ne voudrait pas du tout laisser un pays quand même en déconfiture. Là-dessus, nous pensons qu’au-delà de toutes les discussions vives que vous suivez en ce moment, au-delà des points de vue des uns et des autres, nous trouverons très bientôt avec son ouverture d’esprit un juste milieu pour nous rassoir et revoir ces dispositions-là pour le bien-être de nos concitoyens (…)
Il y a le protocole additionnel de la Cedeao qui interdit aux Etats de changer les lois électorales à 6 mois des élections. Nous sommes à dix mois de ce rendez-vous électoral. Est-ce que c’est un réveil tardif pour l’opposition ?
Non pas du tout. La disposition à laquelle vous venez de faire allusion dit qu’on ne peut pas effectivement revoir ces dispositions sauf en cas de large consensus. Donc je pense que le Chef de l’Etat pourra se départir des conditions partisanes et voir le bien-être du pays et convaincre ses partisans à ce qu’ensemble, avec l’opposition, la société civile, les syndicats, tous les Béninois, les forces vives de la nation qu’on puisse se rassoir pour nettoyer ces dispositions possibles de créer des situations conflictuelles dans le pays.
Vous avez sans doute connaissance de l’entretien accordé par le Chef de l’Etat au magazine Jeune Afrique, occasion une fois encore pour lui de réaffirmer sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat. Cela vous rassure au niveau de l’opposition ?
Pour nous au niveau de l’opposition, c’est une question clôturée. À l’Assemblée Générale du 3 février du Cadre de concertation, nous l’avons redit, c’est une question clôturée la question du troisième mandat. Je ne comprends même pas pourquoi on rajoute ça. C’est inutile, notre pays ne connaîtra plus des questions de troisième mandat. Pensons plutôt au prochain président qui doit plutôt prêter serment en 2026. C’est à cela que nous, nous travaillons.
Sur la question de la libération de Madougou, Aivo, le Chef de l’Etat a été encore plus clair, il ne va pas les gracier. Est-ce une déception pour vous ?
Je pense que c’est son état d’âme de l’instant et que d’ici à là il va revenir en de meilleur sentiment. Nous ne demandons pas à construire un pays dans l’impunité, mais nous voulons que les conditions dans lesquelles ces compatriotes qui se sont retrouvés en prison et que nous connaissons tous, nous amènent à revoir cette situation.
C’est pourquoi nous continuons de marteler qu’il faut que ces compatriotes puissent retrouver la liberté. Reckya Madougou, Joël Aivo, et tous ceux qui sont en dehors du pays. Ils faillent nécessairement les ramener pour qu’ensemble nous puissions construire un Bénin plus équilibré, plus inclusif à partir de 2026. Et rassurez-vous, ils rentreront.
Que retenez-vous des explications et confidences de Patrice Talon au sujet de la brouille entre son ami Olivier Boco et lui, aujourd’hui en prison ?
Je pense que c’est des affaires strictement personnelles auxquelles nous ne devons pas accorder beaucoup d’intérêts. Sauf l’intention de remise en cause de l’ordre constitutionnel. Je pense que c’est quelque chose que nous avons déjà transcendé et dépassé dans notre pays depuis 1990. N’empêche, il y aura des velléités. Mais que tout le monde sache qu’on ne peut plus venir à ce niveau-là.
Le Bénin a déjà franchi le cap et nous sommes jaloux, très jaloux de notre démocratie que nous voulons continuer par construire. Sur le plan politique, nous voulons continuer d’être des exemples pour les autres pays. Nous voulons dépasser les grands pays démocratiques qu’on cite. Il pourra avoir des brouilles entre le chef de l’Etat et ses amis, ça nous intéresse très peu. Aujourd’hui nous sommes rivés sur 2026. Et nous voulons réussir ce cap.
Le procès Dangnivo a démarré depuis le mardi dernier. Vous suivez sans doute le déroulement. Pour le moment, quelle est l’opinion que vous faites ?
Je n’ai pas d’opinion personnelle sur une affaire pendante devant les juridictions. Je regrette également qu’il y ait beaucoup de supputations autour de cette question. Je ne vois pas pourquoi est-ce que de façon tendancieuse on commence par faire des orientations ciblées (…) Nous, nous attendons que le procès aille à son terme et qu’on puisse situer les responsabilités. Il est normal que dans une situation comme celle qui a été le cas Dangnivo, les familles et tout le peuple Béninois, veulent savoir les contours. Mais évitons les supputations. Laissons le procès aller à son terme avant de faire les procès d’intentions.
Est-ce que pour vous il y a des grandes leçons à tirer de cette affaire ?
Absolument ! Et pour moi en tant qu’Agent serviteur de l’Etat, il y a de grandes leçons à tirer. Chaque fois que nous avons à exercer une parcelle de pouvoir, quelque soit notre position dans l’appareil de l’Etat, il faut que nous sachions que nous aurons à rendre compte tôt ou tard et ça vaut pour nous tous. Ceux qui sont aujourd’hui aux affaires, ceux qui viendront demain. Il faut qu’on puisse avoir le sens de la responsabilité. La responsabilité civile et morale doit nous rappeler que nous devons rendre compte et que nous devons faire les choses suivant les règles de l’art.
Comment le MPL se prépare-t-il pour les prochaines élections au-delà même de son engagement aux côtés des autres forces de l’opposition ?
Très activement. J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, les difficultés que connaissent aujourd’hui notre pays, en grande majorité, c’est les jeunes qui sont les victimes. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui tirant leçon de ce qui nous est arrivé, nous avons, l’impérieux devoir de faire en sorte que 2026 soit pour nous un succès. C’est pour ça que très tôt après avoir appelé à ce rassemblement de l’opposition, nous nous sommes engagés au premier plan pour le rôle qui est le nôtre. Au-delà de ça, nous allons peser de tout notre poids et rassurez-vous, le MPL sera à l’avant-garde des évènements qui vont marquer 2026, du moins le nouveau régime qui va s’installer en 2026.
Propos recueillis par : Canal 3 Bénin/Transcription : Christophe KPOSSINOU