Depuis plusieurs jours, le Niger fait face à la colère des transporteurs. Ces derniers ont enclenché une paralysie générale. Face à cette paralysie qui pourrait gagner le Bénin au vu de l’accrochage évité de justesse en milieu de semaine dernière au port sec d’Allada, Kpakpato Médias a rencontré un acteur des transports nigérien. Dans cet entretien exclusif, Aboubacar Obama, directeur de l’entreprise ‘‘OB Transport’’ livre les raisons de ce mouvement de débrayage et fait des propositions pour une sortie de crise. Il ne manque pas de donner des coups à un leader syndical béninois.
Kpakpato Médias: Depuis quelques jours les transporteurs nigériens ont déclenché une grève. Quelles sont les raisons de ce mouvement de boycott ?
Aboubacar Obama, Transporteur Nigérien: Dans la vie, quand quelque chose t’appartient et que tu cherches encore à t’accaparer des biens d’autrui, un jour viendra où ce dernier va réclamer ce qui lui revient de droit. C’est ce qui a poussé les transporteurs à aller en grève. Les raisons sont donc simples. Il se fait que depuis un moment, il y a une mafia qui s’est installée, qui a conduit à un régime dictatorial dans le secteur des transports.
Aujourd’hui, les importateurs ont créé un syndicat. Ce syndicat se réclame d’être à la fois syndicat des importateurs et des transporteurs.
Mais,j’ai toujours dit, comment est t-il possible que je sois le défenseur de la victime et de l’accusé. Ce n’est pas possible.
Nous transportons sur diverses destinations de l’hinterland, au Niger par exemple Maradi, Zinder. Là ou une destination coûtait 60.000Fcfa, 65.000 Fcfa, force est de constater que ce coût est à 38000 Fcfa aujourd’hui. Avant on consommait le gasoil à 400 Fcfa, mais aujourd’hui, il est à 600 Fcfa. Voyez- vous la différence ? Voyez-vous les difficultés de la route ?
Là où il faut aller à 2 millions, tu trouves difficilement 1 million. Au retour, tu n’as même pas un franc avec lequel tu vas payer le chauffeur, avec lequel tu vas faire la vidange, avec lequel tu vas payer des pneus neufs. Face à cette situation, nous avons donc le dos collé au mur.
Ces importateurs, ces représentants d’importateurs ont créé une mafia avec une certaine classe qu’on appelle la classe des coksseurs, c’est des intermédiaires. Quand, l’importateur veut détruire un transporteur, il passe par ce dernier.
Tout récemment à la tour administrative, on nous a convoqués pour une réunion avec le ministre de l’intérieur et le ministre de tutelle. Ils nous ont dit, qu’ils veulent supprimer les camions branlants de la circulation. Moi ‘‘OB’’petit transporteur que je suis, j’ai dit oui, mais.
J’ai pu dire au ministre des transports d’alors que vous voulez enlever les camions branlants des transports, il n’y a pas de problème. Mais quelle est votre contribution pour pouvoir donner un petit coup de pouce aux transporteurs ? Je suis resté sans réponse.
Vous voulez supprimer un vieux camion de la circulation. Vous n’avez pas aidé cette personne au moment où elle achetait le camion à l’état neuf alors que vous avez contribué à sa destruction.
Donc après avoir beaucoup subi, aujourd’hui nous-mêmes on va réclamer.
Le transporteur qu’on a l’habitude chaque jour de mettre le coupe-coupe pour couper, il n’y a plus de chair sur son os. Et aujourd’hui, c’est le squelette qui est en train de réclamer la chair.
Les conséquences d’une telle paralysie sont tout de même énormes …
Oui ! Le port de Cotonou ne sera plus compétitif avec le temps. Un port où il n’y a pas de camion pour transporter, je ne vois pas qui va oser amener son bateau de 50 mille, 60 mille, 70 mille tonnes et rester payer des frais supplémentaires, de gardiennage.
Le souhait de tout importateur, c’est de trouver sa marchandise à temps.
Un appel à lancer aux autorités…
Nous voulons dire un seul mot. La situation dans laquelle nous sommes risque de s’aggraver. Il y a des syndicalistes qui se disent du côté du pouvoir et qui se disent en même temps syndicat des importateurs et des transporteurs qui nous taxent d’être contre les intérêts de l’Etat.
Quand la marchandise arrive au Port de Cotonou et que la campagne cotonnière démarre,c’est à ce moment que nous avons la force pour réclamer nos droits, parce qu’un importateur ne veut pas voir sa marchandise bloquée. C’est à ce temps précis, quel’autre syndicat, qui se dit syndicat de la Rupture se met devant pour nous mettre contre l’Etat. Mais en tant que bon citoyen, nous ne pouvons pas être contre l’intérêt de l’Etat.
Ce que nous voulons est simple. Il faut que l’Etat vole à notre secours. Il faut qu’on arrive à avoir un barème de transport qui sera respecté par tous. Que l’Etat prête oreille, regarde pour distinguer entre les syndicalistes, ceux qui sont là pour exercer leur fonction ou faire la politique.
Pour finir, je tiens à rappeler que le secteur des transports contribue à la diminution du chômage, contribue au développement, contribue à rendre le port de Cotonou compétitif.
Il faut donc que les autorités tiennent comptent de cela.
Jevous remercie.
Réalisation : Manassé AGBOSSAGA