Cherté de la vie: Tomèty fait 21 propositions pour une sortie de crise (Opinion)

C’est dans les moments de crise qu’on reconnaît les grands serviteurs des peuples, c’est-à-dire les vrais chefs, les vrais managers, les vrais leaders et les vrais porteurs d’espérance à travers leurs innovations de restauration de la dignité humaine.

En 2026, qui et quel profil métier pour gouverner en rassembleur les Béninois ?

Le bien commun et le sacrifice proportionnel pour une sortie de crise de la vie chère au Bénin : 21 propositions de justice sociale

C’est dans les moments de crise qu’on reconnaît les grands serviteurs des peuples, c’est-à-dire les vrais chefs, les vrais managers, les vrais leaders et les vrais porteurs d’espérance à travers leurs innovations de restauration de la dignité humaine.

Il est important de bien comprendre les causes profondes de la crise systémique qui crée des fissurations et des frustrations dans les modes de vie des Béninois.

Le Benin est particulièrement secoué par des crises comportementales et mentales liées à la relation des Béninois au pouvoir de l’argent, avec un système de prédation des deniers publics. L’assèchement des opportunités de vols et de corruption dont les maîtres à l’ouvrage sont les politiciens et les agents de l’État qui s’investissent dans la redistribution sociale de la chose volée appartenant au bien commun. S’est jouée ainsi tout le temps au Bénin, la tragédie du commun et dès lors, ce qui appartient à tout le monde n’appartient à personne.

Le mauvais exemple de ce comportement odieux est resté un pan dramatique de l’impunité des chefs devenus des contre-exemples parfaits que toute la société béninoise reproduit sans peine. Le pouvoir politique, le pouvoir administratif, le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire, le pouvoir religieux, le pouvoir traditionnel sont tous au coeur de ces pratiques honteuses qui fabriquent des politiciens et fonctionnaires milliardaires de l’État.

Ce système de pourriture morale a fini par contaminer la jeunesse dans sa grande majorité qui bâcle les études mais pourchasse les diplômes ne veut pas apprendre un métier pour son insertion professionnelle mais attend toujours de l’État son recrutement. Et souvent, cinq places libérées, cinq mille candidatures sont en compétition.

Le mythe de la bureaucratie et du fonctionnaire fortuné commence par réveiller la jeunesse mais elle n’est pas encore éveillée par rapport à son devenir et à ses devoirs citoyens. Même ceux qui s’efforcent de s’autoemployer, le renforcement des compétences, le financement de leurs projets et le monitorage sont défectueux sans compter la répression fiscale qui les déroute. Ils sont par dizaines de milliers, les jeunes de 20 à 40 ans encore à la charge de leurs vieux parents. Voilà, l’histoire du chômage que l’Afrique traîne et constituant les raisons pour lesquelles les armes refusent de se taire.

L’école est en crise, le fonctionnement de l’État est en crise, la conception des programmes d’actions du gouvernement est en crise, le vivre-ensemble est en crise profonde, toutes les valeurs de la république sont en crise, les institutions judiciaires sont en crise, les forces de défense et de sécurité sont en crise, les religions sont en crise, la chefferie issue de l’histoire est en crise, le secteur privé est en crise, les syndicats et la société civile sont en crise.

Et pour finir, la puissance publique est en panne alors, le gouvernement du Bénin a abondamment recours à des juridictions d’exception, à l’armée, à la police et aux administrations fiscales qui se radicalisent en mettant en place un système de répression totalitaire. Tout le monde est réduit au silence et cultive son champ de la peur. Les Béninois ont même intégré encore en 2022 que les murs ont d’oreilles. C’est un jeu dangereux qui est en train de propager les semences de la haine, de la vengeance, des mouvements rebelles et des groupes terroristes à sensibilité djihadistes. Et que faire face à cette menace périlleuse ?

Le gouvernement du Bénin doit revoir ses priorités en matière de dépenses publiques. En situation de crises, ce sont les urgences qui deviennent les priorités d’un Etat soucieux du bien-être et du vivre-ensemble de son peuple.

L’urgence c’est l’ensemble des mesures et actions constituant des réponses concrètes et immédiates à une crise. Le Bénin doit faire face à plusieurs types d’urgences :

– urgences économiques

– urgences sociales

– urgences sécuritaires

– urgence institutionnelle

A- les urgences économiques

1/ Faire voyager en classe économique tous les ministres, les députés, les responsables d’institutions et tous les hauts cadres de l’administration publique pour mettre fin à des privilèges qui coûtent inutilement chers aux contribuables béninois ;

2/ Supprimer tous les véhicules de fonction à tous les hauts cadres de l’administration civile et les renvoyer au pool ;

3/ Limiter les tournées ministérielles à l’intérieur du pays à un maximum de trois véhicules par convoi pour mettre fin aux ballets budgétivores des véhicules et des perdiems à très faible valeur ajoutée. En situation de crise, il faut davantage responsabiliser avec contrôle et redevabilité les administrations déconcentrées et décentralisées,

4/ Réduire les surfaces dédiées à la production cotonnière de 50% pour accroître les emblavures et l’intensification des cultures vivrières avec la mise en filière et domestication des chaînes de valeurs. La priorité doit être plus aux productions vivrières qui assurent la souveraineté et la sécurité alimentaires de tout le peuple plutôt que de privilégier des cultures faussement dites de rente qui tuent les sols, abîment la santé des ménages producteurs sans jamais les enrichir pour ne profiter qu’aux commerçants, égreneurs et leurs partenaires étrangers. La désertification due à ces cultures d’exportation surtout le coton est l’une des causes de la crise liée à la vie chère et au basculement dans la misère ;

5/ Suspendre pour 24 mois, tous les chantiers de BTP dont les financements sont bouclés mais non démarrés et négocier si possible une réorientation des priorités en raison de la situation de crise nécessitant une révision des priorités;

6/ Réviser le programme d’actions du gouvernement (PAG) pour le reste du quinquennat afin d’y intégrer les mesures et actions d’urgence pouvant sortir le Bénin de la crise systémique actuelle par une redéfinition des priorités sur la base d’une forte sensibilité sociale. En situation de crise, la maintenance durable des infrastructures et équipements lourds est aléatoire du fait des charges récurrentes qui dépassent de loin les pouvoirs d’achat en érosion constante des travailleurs.

B- les urgences sociales

7/ Restaurer l’ONASA avec un capital de 50 milliards de fcfa avec l’installation d’équipements de stockage pour la sécurité alimentaire y compris des boutiques témoins sur toute l’étendue du territoire pour casser l’élan des commerçants véreux qui organisent des actions spéculatives périlleuses sans état d’âme pour les populations. L’ONASA est un dispositif de régulation de l’offre et des prix dont l’existence ne contrarie en rien les lois du libéralisme économique;

8/ Suspendre toutes les taxes à l’importation des produits de base suivants : engrais, pesticides, huiles végétales, sucre, farine de blé, poisson, gaz domestique;

9/ Accorder une subvention spéciale « POPOTE  » aux oeuvres universitaires, aux lycées et centres de formation à internats;

10/ Réduire les taxes sur le carburant pour abaisser les coûts de transport des personnes et des biens ;

11/ Relever le crédit productif de base aux plus pauvres à 200 000 fcfa par tête du fait de la vie chère ;

C- les urgences sécuritaires

12/Relever la prime des chefs de quartier et de village sur toute l’étendue du territoire national à 60 000 fcfa par trimestre avec un crédit téléphonique de 7000 fcfa pour chaque chef de village ou de quartier des espaces frontaliers du Bénin pour les motiver dans le renseignement territorial et leur système de vigilance ;

13/ Augmenter à hauteur de 250% les primes des soldats en mission et des unités en service dans les zones sous menace des attaques terroristes ;

14/ Renforcer le rôle de la police routière pour l’arraisonnement systématique de tout fonctionnaire contrevenant à l’utilisation personnelle de véhicules de fonction pendant les week-ends ;

D- les urgences institutionnelles

15/ Resserrer le pouvoir exécutif en réduisant le nombre de portefeuilles ministériels à 15 membres du gouvernement avec suppression des postures de ministres d’État qui ne sont que des actes gratifiants et rarement impactant ;

16/ Evaluer de façon participative et inclusive l’efficacité impactante des mesures de sortie de crise dans chaque commune et trimestriellement ;

17/ Accorder des subventions de fonctionnement de six mois à titre exceptionnel aux radios locales pour expliquer les mesures de sortie de crise avec des émissions éducatives sur les stratégies de résilience en fonction de chaque bassin de vie;

18/ Mettre en place une équipe de scientifiques pour documenter et écrire l’histoire des crises systémique au Bénin depuis 1990 tenant lieu d’exercices à la fois d’évaluation et de capitalisation en vue d’identifier les leviers d’actions pour construire une résilience confortable durable dans chaque secteur de la vie économique et sociale. Les crises constituent les causes d’instabilité de l’État dans chaque secteur. Ce n’est pas en interdisant les grèves, qu’on stabilise un secteur et l’État mais en traitant les causes des malaises sociales;

19/ Procéder à un abattement des salaires politiques de 50% pour tous les rangs ministériels, de 60% pour le rang préfectoral et les cabinets ministériels et de 60% pour le président de la république. Le sacrifice proportionnel est une expression de la justice sociale et d’attachement à l’exemplarité des chefs. Ce faisant, il s’agira de sortir du champ des secrets d’État, les salaires politiques. L’opacité qui entoure les salaires politiques justifient une bonne partie des crises sociales. Le Bénin fait partie des rares pays africains dont les salaires politiques sont inconnus du peuple. Il y a lieu de publier les décrets des salaires politiques et politico-administratifs sur le site du gouvernement ;

20/ Organiser une rencontre de vérité et en contact direct entre le président de la république et les citoyens dans chaque département pour que, dans sa position de premier élu du peuple, il s’imprègne de la réalité de la vie quotidienne et ce faisant, mettre sa tenue de combat pour aller au front avec son peuple en vue de juguler cette crise systémique,

21/ Faire la paix avec tous les opérateurs économiques en exil, tous les détenus politiques et les acteurs politiques en exil afin de faire de la paix une réponse transversale à toutes les crises. Ce serait un geste fort de décrispation qui inciterait à soutenir tous les efforts pour promouvoir une économie inclusive intégrale afin que cessent aussi des situations de monopole sur certaines activités productives et commerciales. Chaque Béninois doit se sentir chez lui au Bénin.

Moralité pour les urgences

Le bien-être commun se conçoit, se construit, s’entretient et profite en commun. Il est le socle vital du vivre-ensemble. Il est protégé par des valeurs, des lois et règlements qui permettent à chacun au nom de ses droits et devoirs citoyens de profiter équitablement du bien commun sans compromettre la quiétude sociale, la paix sociale, les libertés démocratiques pour une solidarité nationale agissante.

Nous rêvons de voir des relations émancipées entre élus et électeurs pour un nouveau monde compassionnel qui apporte de l’espérance dans les cœurs et du bonheur dans les consciences.

Tel est notre vœu pour le Bénin et l’Afrique.

Simon Narcisse Tomèty

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