Invité de ce samedi 11 juin 2022 de ‘’l’économie’’, une émission co-produite par Jeune Afrique et Rfi, le ministre d’Etat chargé de l’économie et des finances du Bénin Romuald Wadagni a fait savoir que quatre importantes mesures doivent être prises par les gouvernants en Afrique pour éviter « la casse sociale » possible conséquence de l’inflation en cours à l’échelle planétaire. Pour cerner ces dernières, Kpakpato Medias vous propose ci-dessous un extrait de son intervention. Extrait recueillis sur : www.jeuneafrique.com.
Jeune Afrique-Rfi : Revenons à l’actualité économique. Depuis quelques mois, on assiste au Bénin, comme ailleurs dans le monde, au retour de l’inflation. Est-ce lié à de vraies pénuries ou à de la spéculation ? Qu’observez-vous dans votre pays ?
Aujourd’hui, c’est un mixte des deux. Nous notons des phénomènes de spéculation sur certains produits dont nous avons régulé le prix, l’huile par exemple. Certains commerçants gardent leur stock et tentent de le vendre sous le manteau. Mais le plus important, c’est ce qui est en train d’arriver, avec la hausse des prix des intrants agricoles.
La vraie menace, c’est que lors de la prochaine campagne, la production agricole ne soit pas au rendez-vous. Et cette pénurie ne sera pas due à la spéculation, elle sera bien réelle. Vous avez entendu le président Macky Sall alerter sur le risque de famine en Afrique. Si rien n’est fait pour que les pays africains disposent d’intrants – et là, c’est probablement un peu tard pour la campagne 2022-2023 -, les prix des récoltes seront encore plus élevés.
Que peuvent faire les gouvernements pour limiter la casse sociale ?
Il y a quatre types de mesures. La première, c’est de renoncer aux prélèvements fiscaux et douaniers pour permettre que le prix soit accessible aux populations. Si on laisse les mêmes niveaux de TVA et de droits de douane, les produits se retrouvent encore plus chers pour les populations. Donc, il faut un renoncement total ou partiel à ces prélèvements sur la plupart des produits de grande consommation, tout en veillant à ne pas pénaliser les industries locales.
La deuxième catégorie de mesures, ce sont les subventions directes, par exemple sur le gasoil. Il est évident que nous allons continuer d’absorber ce choc. L’ensemble des engins de chantier, des tracteurs, les usines, les transports en commun utilisent le gasoil. Si nous n’agissions pas, les conséquences sur la productivité et la création de richesse seraient désastreuses. Nous mettons donc de l’argent sur la table pour ralentir l’effet de la hausse des prix.
Troisième type de mesures, c’est de réglementer et surveiller les prix des produits fortement subventionnés, pour lesquels nous voulons nous assurer que la population profitera des appuis de l’État. Et la quatrième mesure, c’est la mise en place de filets sociaux. Une partie de notre population est extrêmement pauvre et nous devons nous assurer que ces personnes ont accès au minimum pendant la période de crise.
Source : www.jeuneafrique.com