Bénin: Emouvante adresse de Tomèty à un compatriote de la Donga

Le professeur Simon Narcisse Tomèty a adressé, ce lundi 15 juillet une émouvante lettre à un compatriote de la Donga en la personne de Issa. Dans son message, il partage sa déception du système actuel, et en profite pour rappeler aux uns et aux autres que l’homme reste avant tout un mortel. Candidat déclaré à la présidentielle de 2021, il lance à ses détracteurs qu’il n’a pas besoin de parrainage par alliance politique et opportuniste pour écrire son histoire politique, car dit-il… Les détails dans la lettre.

Le professeur Simon Narcisse Tomèty a adressé, ce lundi 15 juillet une émouvante lettre à un compatriote de la Donga en la personne de Issa. Dans son message, il partage sa déception du système actuel, et en profite pour rappeler aux uns et aux autres que l’homme reste avant tout un mortel. Candidat déclaré à la présidentielle de 2021, il lance à ses détracteurs qu’il n’a pas besoin de parrainage par alliance politique et opportuniste pour écrire son histoire politique, car dit-il… Les détails dans la lettre.

 »Ma lettre à Issa, un frère de la Donga

Bonjour à toi

Toute chose étant fongible, la valeur peut perdre aussi sa préciosité. J’ai une conscience forte du caractère éphémère de toute œuvre humaine et une distance insoupçonnée de tout ce qui frise l’orgueil et l’animosité. Tu es une valeur et je le sais. Si l’environnement était celui de l’épanouissement mental, peut-être que tu ne quitterais pas ce pays, quel que soit le prix qu’on paierait pour ton expertise à l’international.

Toutes les stratégies inimaginables sont déployées dans le Bénin d’aujourd’hui pour que la méfiance soit au paroxysme entre compatriotes. On va jusqu’à criminaliser le fait de se retrouver à quelques uns dans une place publique pour échanger un peu comme si la vie d’un peuple se résume aux critiques à l’égard d’un régime. Les gens ont tellement peur que beaucoup fuient tout contact avec moi craignant d’être vus comme des opposants. N’est-ce pas ridicule? Opposant à qui et à quoi même? Je ne peux fuir un régime au point de vivre comme un esclave dans mon propre pays ou comme un cadavre en putréfaction déposé déjà dans sa tombe, un sort commun à nous tous, n’est-ce pas?

Je perçois maintenant la profondeur de cette sagesse que Paulo Coelho partage avec les humains comme le rayonnement solaire qui ne nécessite aucun parasoleil : « La façon dont tu traites les autres est un reflet direct de la façon dont tu te sens envers toi-même. » Cette pensée est le socle de ma philosophie en ce sens qu’elle me rappelle en permanence que tout ne m’est pas permis y compris ce que les hommes légifèrent qui ne supplantera jamais ce que la Nature elle-même a légiféré déjà.

Vous pouvez manipuler le destin des hommes mais n’oubliez pas que la Nature s’occupera du vôtre. La Nature a trois fonctions spirituelles qui déterminent le boomerang : elle officie en comptable, en conservatoire et en tribunal.

Comment peut-on s’honorer d’incarner la haine, l’injustice et la domination absolutiste?

Dieu en structurant notre bipolarité mentale autour de Eros et de Thanatos nous a laissé la latitude de choisir entre le bien et le mal, et face au mal d’utiliser le bien pour atténuer la propension au mal. Dieu savait bien que le diable est son concurrent en chaque personne humaine. Certains font le choix d’écraser leur Eros pour dédier leur vie au Thanatos. Une conviction me traverse, me rassure et alimente mon espérance lorsque Pablo Picasso vivifie mon âme et mon esprit par cette énergie lumineuse dont il a le secret : « Rappelle-toi : l’unique personne qui t’accompagne toute ta vie, c’est toi-même. Sois vivant dans tout ce que tu fais. » J’y crois fermement, et je ne compte sur aucun messie, ni sur son intelligence, si sur sa fortune encore moins sur ses tonnes de lingots d’or.

Je n’ai besoin d’aucun parrainage par alliance politique et opportuniste pour écrire mon histoire. Mon histoire est déjà écrite par la terre, les océans et le ciel, et il n’appartiendra jamais à un régime politique éphémère de l’écrire à ma place. La Nature l’a voulu ainsi.

Ma peine c’est de voir comment des gens que je prenais pour des intellectuels et des scientifiques de qualité se comporter aujourd’hui comme de petits épiciers du village. Quand tu vis ça, tu tombes à la renverse. Et il me plaît de souligner que le poids de l’injustice sera toujours une faiblesse et une petitesse devant celle de la justice et de la dignité humaine.

Aussi, me semble-t-il important de rappeler que le poids d’une fortune personnelle est toujours comme un grain de sable sur la terre et sera toujours comme un petit orgueil de fausse réussite matérielle dans le poids d’un peuple qui seul vous confère ou vous soustrait la légitimité sociale. Il n’est pas rare que le dégoût de la façon dont certaines personnes se croient au-dessus de tout le monde atteigne un seuil de répugnance qui ne vous donne plus aucune saveur de vous sentir proche d’eux sur les plans des valeurs, de l’histoire et du temps. Cela arrive quand vous vivez dans des espaces de roublardise structurelle à tel point qu’il faille faire attention à tout, même aux choses de sens négligeable, parce que ces choses piteuses et immorales freinent l’horloge et vous ne voyez plus le temps suivre la succession des heures, des températures, de la luminosité et des saisons. Vous vivez dans des ténèbres avec de fausses joies parce que certains pensent que la gaîté ne doit pas être spontanée. Rien de plus moche que de vivre dans un tel univers maussade qui vous rappelle en permanence un cataclysme qui s’annonce. Trop de méfiance comme expression de la peur tue l’élan fraternel.

Si chaque homme surpuissant pouvait se dire qu’il est aussi mortel comme Simon-Narcisse TOMETY! Tout est éphémère, toute réussite est éphémère et seul l’amour est vivace. Fraternellement et espérant que tu prendras le temps de lire cette lettre pour appréhender le Bénin de mon rêve.

Cotonou, le 15 juillet 2019

Comlan Simon-Narcisse TOMETY »

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