Komi Koutché s’affiche depuis quelques jours comme le directeur de campagne du parti Les Démocrates pour les législatives du 08 janvier 2023. Depuis les Etats-Unis, l’ancien ministre des finances, récemment débouté par la Cour africaine des droits de l’homme, enchaîne les meetings en faveur des candidats du parti de son ancien ‘‘boss’’, notamment ceux de la 9è circonscription électorale. Mais, entre s’empresser pour paraître comme le faiseur de roi et changement de discours, il y a de la contradiction, de l’opportunisme doublé d’un aveu d’échec dans l’air.
« (…) Il faut éprouver la bonne foi du régime », lançait Komi Koutché pour donner sa caution à la participation du parti Les Démocrates aux législatives, au cours d’un entretien accordé à un activiste, le 18 décembre dernier. Mais, il faut en toute lucidité s’interroger comment on peut éprouver un régime lorsqu’on on a conjugué au passé ce même régime et traité Patrice Talon « d’ancien président de la République » depuis avril 2021.
En effet, Komi Koutché qui avait juré que la présidentielle de 2021 ne se ferait pas sans lui, a dans un discours qualifié de ‘‘l’appel du 09 avril’’ soutenu que l’actuel locataire de la marina n’était plus le premier magistrat.
« (…) depuis le 06 avril 2021, monsieur Patrice Talon est officiellement devenu ancien président de la République du Bénin », déclarait l’ancien ministre d’Etat.
Alors quand Komi Koutché sort de sa cachette pour réapparaître après la présidentielle avec son lot de morts et de blessés sans que « le grand pèlerinage de la capitale économique » n’ait jamais lieu, que faut-il conclure ? Demandez à éprouver Patrice Talon qu’il a pourtant traité d’ancien président ne revient-il pas à se contredire ? Komi Koutché a-t-il changé de discours sur la légitimité et la légalité de Patrice Talon ? Reconnaît-il enfin la victoire de Talon à la présidentielle? Ne ravale-t-il pas sa propre vomissure ? Le discours du Dr Koutché ne souffre-t-il pas d’une carence en cohérence ?
Si Kpakpato Medias est plongé dans ces nombreuses interrogations, c’est le président d’honneur du Mouvement populaire de libération (MPL) qui trouvera la bonne formule face à l’attitude de Komi Koutché.
« Quand j’entends certains dire, on va éprouver le régime. Ils me font rire. On aurait dû éprouver ensemble le régime en 2020. Ils ne l’ont pas fait », a ironisé Sabi Sira Korogoné
Koutché : pas stratège, mais opportuniste
Sans dire à ses nombreux partisans, que Patrice Talon n’est plus « ancien président de la République du Bénin » à ses yeux, Komi Koutché se fait passer désormais comme le faiseur de roi. C’est lui qui appelle à voter ouvertement pour le parti de son ancien ‘‘boss’’ sans y appartenir. C’est lui qui depuis les Etats-Unis enchaîne les meetings.
Pourtant, c’est encore lui le même Koutché qui dénonçait les rapprochements entre Boni Yayi, Nicéphore Soglo, Lionel Zinsou avec Patrice Talon ou encore les nombreuses initiatives de paix de certains compatriotes à l’image de Richard Boni Ouorou.
Richard Boni Ouorou lapidé quand il voyait très tôt juste
« A César, ce qui est à César. Et à Dieu, ce qui est à Dieu ». Comment ne pas profiter de cette analyse pour saluer la clairvoyance politique d’un homme : Richard Boni Ouorou.
Confirmant son titre de politologue, l’homme avait très tôt compris qu’il fallait un dialogue pour tenter de ramener la balle à terre, faciliter la libération des détenus politiques et le retour des exilés.
Puisqu’un ‘‘kpakpato’’ a de la mémoire, Richard Boni Ouorou adressait une lettre ouverte à Patrice Talon avec pour Objet: ‘Vers une convergence nationale pour un nouvel essor du Bénin’.
Après la « victoire à la Pyrrhus », il a demandé à « passer à un autre niveau, sans amnésie ni ingénuité, et nous employer dans une phase pragmatique et transitoire à désempêtrer pacifiquement le Bénin ».
« Il y a trop de perdants en ce moment au Bénin », avançait Richard Boni Ouorou.
Il demandait, à cet effet, au chef de l’Etat d’être « ouvert à toute initiative (en marge de vos projets partisans) pouvant calmer le jeu, pouvant rassembler les forces vives, frapper positivement l’imaginaire et générer de la croissance ».
Richard Boni Ouorou recommandait notamment « qu’un pas se fasse dans un camp comme dans l’autre, qu’il y ait un élément déclencheur, un rapprochement… et que des garanties soient données », proposant de permettre à l’ex-Président Thomas Yayi Boni, « de quitter l’exil et de rentrer au pays afin qu’il puisse en toute liberté et en toute sécurité contribuer à animer la scène politique béninoise ».
« Il va sans dire, le cas échéant, que je serais le premier à demander à Thomas Yayi Boni de saisir cette main que vous lui auriez tendue, et de travailler fraternellement et respectueusement avec vous à concrétiser le processus de concorde — ce qui n’exclut pas le débat », soutenait-il.
Seulement voilà, les mauvaises langues se sont rapidement déchaînées sur Richard Boni Ouorou. Traités de tous les noms d’oiseau, il était lapidé de partout. Même des anciennes personnalités, comme si elles étaient en mission, se jetaient sur lui. Peu s’en fallait, il allait être crucifié sans avoir commis le moindre péché.
Le temps a lavé l’honneur du Politologue
Mais comme le temps est le meilleur allié, aujourd’hui les faits donnent raison à Richard Boni Ouorou.
Patrice Talon a tendu la main à l’opposition. L’ancien président Boni Yayi est rentré d’exil. Le dialogue a repris entre l’actuel locataire de la marina et ses prédécesseurs. Plusieurs prisonniers ont été libérés même si Madougou et autres continuent encore de croupir en prison. Pour la première fois en 7 ans, le Bénin de Talon tient sa première élection inclusive.
Alors, c’est bien beau de s’empresser pour s’afficher comme le faiseur de roi, mais ce serait encore plus élégant de reconnaître et de saluer ceux qui ont montré la voie, acceptant toutes les injures et critiques.
Manassé AGBOSSAGA