Abdoulaye Bio Tchané : Bonjour, Madame Lagrange.
Sept partis – dont trois se réclament de l’opposition – sont en lice pour les législatives du 8 janvier. Aux dernières élections législatives, en 2019, l’opposition n’avait pas pu se présenter. Est-ce que, cette fois, une élection plus ouverte, c’est une bonne chose ?
Oui, bien sûr. C’est une bonne chose pour le pays dans son ensemble, pour notre système démocratique, et c’est une bonne chose aussi pour ces partis qui participent aujourd’hui.
Un match plus ouvert, c’est aussi un match plus dur. Abordez-vous cette élection différemment ?
Bien sûr, l’élection est plus compétitive. Mais pour nous, ça ne change pas grand-chose en termes d’objectifs. Notre objectif est clair : c’est de sortir de ces élections en tant que premier parti politique du Bénin. Et donc, c’est pour nous effectivement un bon test.
En 2019, la participation avait été inférieure à 30 %, en raison justement de la non-participation de l’opposition aux élections législatives. Est-ce que cette fois, vous pensez que ce scrutin peut faire revenir les électeurs aux urnes ?
Forcément, par rapport à 2019. Mais je veux rappeler qu’il y a eu des élections entretemps où la participation a été meilleure. Aujourd’hui, avec sept partis en compétition, nous espérons que la participation sera meilleure, et on verra bien.
Il y avait eu des tensions aussi, lors des derniers scrutins. Vous vous attendez à des élections plus apaisées ?
Oui, forcément. Ceux qui ont pensé qu’en troublant la paix dans le pays, ils pouvaient imposer leur démarche au pays, participent aujourd’hui. Je pense donc qu’ils n’ont pas de raison de s’engager dans des troubles à nouveau.
Le parti les Démocrates participe à ce scrutin, mais l’opposante Reckya Madougou, condamnée à 20 ans de prison, est toujours en détention. Le groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire réclame sa libération. Joël Aïvo est en prison également. Après ces élections, un geste envers eux est-il envisageable ?
Il ne m’appartient pas de juger de cela, ils ont été jugés et condamnés. Je veux rappeler que dans des cas de ce genre, il n’y a que deux voies : la voie de l’amnistie, et la voie de la grâce présidentielle. Aujourd’hui, il est prématuré de dire ce qui va être fait. Encore faudrait-il que, dans leur position, on sente une volonté aussi de participer à cet apaisement.
Là, on est quand même dans un climat plus apaisé.
Oui, il y a un climat plus apaisé, et on a besoin de consolider ce climat, et il faut que tout le monde y participe.
Est-ce que, malgré la menace jihadiste dans certaines zones frontalières au nord du Bénin, vous pouvez faire campagne partout ?
Moi, je suis au Nord où je fais campagne. J’ai déjà circulé dans quelques circonscriptions du nord du pays. De ce que je vois, le gouvernement a pris des mesures de sécurité très importantes qui nous assurent que les élections auront lieu dans tous les arrondissements, et dans toutes les communes de notre pays.
On peut acheminer le matériel électoral actuellement partout, sur tout le territoire béninois ?
Je pense. Je vois les gens circuler un peu partout, et donc il n’y a pas de raison que ce matériel n’y arrive pas.
L’un des autres sujets de préoccupation pour les Béninois, c’est le coût de la vie. Ces derniers mois, il y a eu plusieurs manifestations de syndicats contre la vie chère. Que vous demandent les électeurs à ce sujet, qu’est ce que vous pouvez faire pour ça ?
Le gouvernement du président Patrice Talon a pris des mesures. D’abord, subventionner massivement un certain nombre de produits de consommation courante. Ensuite, le gouvernement a pris des mesures d’accroissement des salaires des fonctionnaires de l’État. Et donc c’est dans cette direction que nous entendons poursuivre avec le gouvernement.
Il y a eu ces mesures, effectivement, mais certains entrepreneurs se plaignent du poids des impôts.
L’impôt est d’abord une obligation. Mais ensuite, c’est avec l’impôt qu’un pays comme le Bénin peut se construire. Nous ne sommes pas un pays avec des ressources minières infinies comme d’autres. Et donc, notre économie est assise essentiellement sur la perception des impôts. Donc oui, il peut y avoir des raisons de se plaindre, mais c’est aussi vrai que dans l’ensemble, l’économie béninoise n’est pas suffisamment fiscalisée.
Il y a des plaintes également sur les restrictions du droit de grève. Qu’est-ce que vous répondez aux personnes qui disent que le Bénin recule dans ses libertés sociales ?
Nous avons besoin, dans un pays comme le Bénin, que les travailleurs soient au travail. Nous avons engrangé des résultats incroyables, aussi bien dans le secteur de la santé que dans le secteur de l’éducation, justement parce que nous n’avons pas connu de grèves depuis trois ans. Donc, même si certains peuvent se plaindre théoriquement de ce que le droit de grève a été restreint, au Bloc Républicain nous sommes en soutien à ces mesures, parce que nous en voyons les résultats.
Ces législatives vous préparent aussi pour la présidentielle de 2026. Le président Patrice Talon ne sera pas candidat ?
Il l’a dit plusieurs fois, je crois qu’il faut se référer à ce qu’il a dit. Je n’en dirai pas plus.
Et donc, il faut préparer sa succession. Vous le faites au Bloc Républicain ?
Notre ambition est de prendre et d’exercer le pouvoir, mais il est prématuré de parler de l’élection présidentielle de 2026, alors même que nous sommes au milieu d’une élection qui est très, très importante pour le parti, et pour les autres partis, d’ailleurs.
Source : RFI
Et vous voulez qu’on voye pour vous avec nos frères et sœur en prison