Quand l'anodin devient une information

“Les hommes de science et les technico-administratifs ne doivent pas céder aux errances et chantages de ceux qui vivent de la politique” (Opinion)

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Les faux prophètes du développement africain : les facéties autour des politiciens visionnaires au grand marché des réformes publiques.

Ce n’est pas avec une folie des grandeurs qu’on produit les meilleures visions de développement qui engagent la vie d’une communauté sur plusieurs générations. La succession de fausses visions de développement ne produit que de vraies victimes de la pauvreté. Il faut le savoir pour mettre fin à ce fantasme de l’homme politique providentiel propriétaire de sa vision de développement d’un territoire.

A chaque élection, un menteur débarque avec une vision baladeuse qui s’évapore sans arrêt dans un flot de mystifications à travers une phrase prophétique de faux présages. Quand il perd l’élection, un autre aventurier vient encore vendre une nouvelle version d’une vision emballée qui emballent les élémentaires dépourvus de sens critiques. Ainsi, prospère la race des politiciens africains astrologues. Ils sont visionnaires mais ils ne voient rien venir sauf ce qui fait d’eux des rentiers vivant sur le dos des peuples opprimés et affamés. Que de farces quand un politicien africain parle de vision. En lui-même, il n’y a rien d’institué qui soit résolument stable.

Selon l’analyse d’impact de la réglementation (AIR), le joli cadeau empoisonné consistant à soutenir qu’il appartient aux politiciens de définir la vision de développement d’un pays et qu’il revient aux techniciens de s’occuper de la mise en œuvre, cette segmentation est une contre-vérité scientifique à tous égards. – *Une telle assertion traduit le culte de la partitocratie dans ses maladresses optionnelles.

Qu’on nous apporte la contradiction en nous citant un seul document international et national dans lequel cette duperie politicienne fait force de loi.

Au 20e siècle, on pouvait encore donner ce genre de cours de planification stratégique pour tromper mais aujourd’hui, aucune ruse politicienne n’autorise d’enfariner avec cette poudre de perlimpinpin. Le référentiel sur l’AIR existe et peut être téléchargé au moyen de n’importe quel moteur de recherche. –

Un État n’est pas une entreprise privée mais un territoire, un peuple, des lois, des institutions et des administrations avec des politiques publiques participatives indexées sur les potentialités et les défis, mises en œuvre au moyen d’une gouvernance transparente et sur la base d’un aménagement du territoire inclusif puis du contrôle citoyen faisant de la redevabilité mutuelle un principe intangible de mesure de la satisfaction et de l’insatisfaction du peuple souverain afin de prévenir l’insécurité humaine.

A une classe politique incapable d’incarner sa propre idéologie écrite, n’allez pas lui demander d’imposer une vision de changement social à tout un peuple. Elle ira copier ses illusions empreintes de naïvetés et de grandiloquences qui ont fait balancer son cœur et sa tête à Singapour, à Paris, à Londres, à Pékin, à Berlin, à New-York… pour les reproduire en mode de surendettement dans son pays en confondant mal développement et développement, un peu comme ce que vaut la mal bouffe pour la santé humaine.

– Ce n’est pas la phrase visionnaire qui fait une vision.

La vision, c’est la prophétie sur un lendemain meilleur sans la folie des grandeurs. Elle est, par son empreinte symbolique, la connexion entre la certitude et l’incertitude mais dans la détermination et le travail acharné. Ce qu’il y a de plus spirituel dans un projet de vie c’est l’aspiration à une vie meilleure dans un monde non gaspillé par des ambitions égoïstes dans lequel la paix garantit durablement la stabilité dans la conduite sereine du changement.

Si les affairo-politiciens et les politico-affairistes pouvaient balancer tous les technico-administratifs et les scientifiques qui sont attachés à la pratique scientifique, longtemps ces roublards de politiciens allaient se prendre pour Dieu sur terre, surtout les *Politiciens Africains de Prédation Active (PAPA). On doit se souvenir de l’histoire d’une certaine FrançAfrique de papa m’a dit.

Les hommes de science et les technico-administratifs ne doivent pas céder aux errances et chantages de ceux qui vivent de la politique.

La science et la technique restent les derniers remparts contre les abus des affairistes de la politique et des politiciens de l’affairisme.

Ils sont des rapaces irréductibles qui aiment abuser de la confiance du peuple, escroquer à chaque situation profitable et broyer en vue d’imposer leurs fausses certitudes par l’autoritarisme. Ces deux catégories d’acteurs ont le mensonge en mode opératoire et la ruse en armes de combat. Il faut les écouter et ensuite boucher les oreilles pour continuer son chemin.

S’impose une nouvelle race de politiciens bien éduqués qui adore la vérité pour sauver l’Afrique.

Cet amour pour l’Afrique ne doit pas être celui folklorisé avec des vuvuzelas qui débitent des statistiques économiques d’autosatisfaction pour paraître comme l’Afrique qui appartient aux politico-affairistes et aux affairo-politiciens mais l’Afrique dont l’éloge est chanté par le peuple d’en bas.

Ce qui est demandé à un homme politique responsable, c’est d’appartenir à un parti politique sérieux qui déroule honnêtement un processus participatif de définition d’une vision de développement de son parti avec les militants et du pays avec les citoyens.

Une fois la vision du parti et la vision du pays sont définies et adoptées, elles sont popularisées pour être fixées dans la mémoire collective. Et c’est là que l’appropriation de ces visions par les acteurs politiques doit s’opérer pour qu’elles soient incarnées. Mais attention, ce n’est pas la vision du parti politique fait de parti pris qui détermine la vision d’un pays pour son peuple.

Aucune définition d’une vision de développement ne peut se faire sans une base technique et populaire, car l’aspiration d’un parti politique et d’un peuple ne se fait pas par la mégalomanie mais par la mutualisation des tendances actuelles et futures afin d’ancrer et de fortifier le rêve par le réalisme des actions et la sagesse du temps.

Il n’y a rien de plus grand que ses rêves et il n’y a rien de plus faux en rêvant par la folie de la tricherie qui éloigne de ses propres réalités.

N’oubliez jamais que la vision est le chemin éclairé qui conduit à la réalisation d’un rêve détaché de la folie. Il n’y a de vraie vision que de réalisme dans les pas de bons sens que l’on pose avec des résultats d’étapes pour ne pas abandonner son aspiration à cause du péché de la grandiloquence.

Cette transgression conduit à l’épuisement précoce des ressources et voilà la longue histoire des imprudences, des choix impertinents et des œuvres inachevées.

En Afrique, le cosmétisme empêche la réflexion avec sa scintillance et ce que ça camoufle d’indécents. La démesure est une dérivée de l’insolence qui nous prive de ce qui est essentiel pour notre part de vie éphémère dans la vie éternelle.

On déteste l’art de la critique à cause de son pouvoir interpellateur lorsqu’on s’embourbe dans l’irréalisme et le gâchis.

On se donne une vision pour être sage et non pour faire du tape-à-l’œil ou pour faire du messianisme opportuniste. Nous sommes dans un monde manipulateur qui révèle de plus en plus la mauvaise foi et ainsi va l’ère du Verseau qui met à nu ces affabulateurs, éminemment de faux bienfaiteurs.

Après avoir vérifié dans de nombreux pays le niveau d’appropriation des visions de développement des collectivités territoriales par les politiciens, en commençant par mon propre pays, je n’ai enregistré que des ânonnements.

Faut-il surestimer le politicien africain ? –

L’Afrique vivrait mieux sans ses classes politiques ridicules.

Simon-Narcisse TOMETY

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