Extension du congé de maternité en Côte d’Ivoire : et si nous parlions de l’essentiel ? (Par Barkatou Sabi Boun)
Réflexion sur l’extension du congé de maternité en Côte d’Ivoire : et si nous parlions de l’essentiel ?
La récente décision d’allonger le congé de maternité à six mois en Côte d’Ivoire fait beaucoup réagir. Entre applaudissements et critiques, un débat animé s’installe, et c’est une bonne chose. Parce que derrière cette mesure, il y a des questions essentielles à se poser sur notre rapport au travail, à la famille et surtout à l’enfant.
Le congé de maternité, ce n’est pas un « cadeau » fait aux femmes. Ce n’est pas non plus une « pause » dans leur carrière. C’est un temps dédié à l’enfant, à son bien-être, à son développement. Dans les premières années de sa vie, un enfant a besoin de présence, de stabilité, d’attention. C’est un fait scientifique : à cette période, son cerveau établit plus d’un million de connexions neuronales par seconde, posant les bases de son équilibre émotionnel, de ses capacités d’apprentissage et de sa relation au monde.
D’autres pays ont compris cette réalité et ont adapté leur politique familiale en conséquence :
– En Suède, les parents disposent de 480 jours de congé parental à partager, rémunérés à 80 % du salaire, avec une incitation forte pour que les pères en prennent une part significative.
– En Islande, chaque parent bénéficie de trois mois de congé non transférable, plus trois mois supplémentaires à partager, encourageant ainsi une véritable co-parentalité.
Ces modèles montrent qu’il est possible de concilier ambitions professionnelles et bien-être familial, sans que l’enfant ne soit sacrifié. Nous devons donc nous poser les bonnes questions :
– quelle place accordons-nous aux premières années de vie de nos enfants ?
– Comment bâtir une société qui valorise à la fois les activités professionnelles de la femme et la parentalité ?
Ce débat ne concerne pas que les femmes, il concerne toute la société. Si nous voulons construire un avenir plus équilibré et plus juste, il est temps d’investir dans ce qui compte vraiment : nos enfants.
Barkatou Sabi Boun