Un ex-prêtre américain en procès au Timor pour abus sexuels sur des enfants

Le procès d’un ex-prêtre américain accusé d’avoir abusé de petites filles pendant des années dans un orphelinat du Timor oriental s’est ouvert cette semaine dans le pays catholique d’Asie du Sud-Est profondément divisé par cette affaire.

Le procès d’un ex-prêtre américain accusé d’avoir abusé de petites filles pendant des années dans un orphelinat du Timor oriental s’est ouvert cette semaine dans le pays catholique d’Asie du Sud-Est profondément divisé par cette affaire.

Richard Daschbach, 84 ans, est accusé d’agressions sexuelles, de pornographie de mineurs et de violences, et risque jusqu’à 20 ans de prison.

Cette affaire divise l’ancienne colonie portugaise où il a longtemps été une figure respectée pour avoir créé au début des années 1990 l’orphelinat et le refuge de Topu Honis. Il y offrait nourriture, vêtements et éducation à des centaines d’orphelins et d’enfants pauvres.

L'ex-prêtre américain Richard Daschbach jugé pour avoir abusé de petites filles dans un orphelinat du Timor oriental, le 9 juin 2021 à Dili
© VALENTINO DARIEL SOUSA L’ex-prêtre américain Richard Daschbach jugé pour avoir abusé de petites filles dans un orphelinat du Timor oriental, le 9 juin 2021 à Dili

Au moins 15 femmes l’ont accusé de les avoir soumis à des attouchements et rapports sexuels forcés quand elles étaient enfants dans l’institution catholique située à Oecusse, une enclave timoraise en Indonésie.

Le procès, fermé aux médias, s’est ouvert mercredi avec la participation par lien vidéo de Richard Daschbach depuis la capitale timoraise Dili, ont confirmé les avocats à l’AFP.

« Nous espérons que le procès pourra apporter la vérité et que nous serons libres d’avancer dans nos vies », a indiqué l’une des victimes, qui a vécu à l’orphelinat pendant huit ans, sous couvert de l’anonymat.

« Les victimes savent ce qui s’est passé. Nous l’avons vécu ».

Mais une partie des Timorais ont mis en doute ces accusations et de nombreuses victimes refusent d’être identifiées, craignant des représailles.

L’Eglise est une institution très respectée au Timor oriental, petit pays situé entre l’Indonésie et l’Australie, où 97% de la population est catholique.

L’Eglise représentait le seul recours pour la population pendant la période butale de l’occupation indonésienne et de la lutte pour l’indépendance de 1975 à 1999 pendant laquelle près d’un tiers de la population du territoire a été tuée.  

Richard Daschbach, arrivé au Timor comme missionnaire catholique, a été défroqué par le Vatican en 2018 mais les accusations d’abus sexuels n’ont été publiées que l’année suivante par le journal local Tempo Timor.

Le clergé catholique dans la capitale Dili a indiqué cette année que l’ex-prêtre avait été chassé de l’Eglise pour avoir avoué le « crime haineux » d’abus de mineurs.

Mais l’ancien prêtre a continué à recevoir des soutiens au plus haut niveau, notamment de la part du héros de l’indépendance et ancien président timorais Xanana Gusmao, qui salue son soutien passé à la cause de l’indépendance. 

Plusieurs victimes et leurs avocats se battent néanmoins pour que les crimes présumés de Richard Daschbach soient exposés et jugés au cours du procès, déjà plusieurs fois retardé.

AFP