Participation du MPL aux législatives, supposée crise au MPL, probable fusion, perspectives…Expérience Tèbè dit tout sans langue de bois

Le président du Mouvement populaire de libération (MPL) était l’invité de l’émission 5/7 de la télévision nationale. A l’occasion, Expérience Tèbè est revenu sur la participation du MPL aux législatives du 08 janvier dernier, la supposée crise au MPL, la probable fusion,…

Le président du Mouvement populaire de libération (MPL) était l’invité de l’émission 5/7 de la télévision nationale. A l’occasion, Expérience Tèbè est revenu sur la participation du MPL aux législatives du 08 janvier dernier, la supposée crise au MPL, la probable fusion,…Lire l’intégralité de son intervention.

ORTB : Votre formation politique a été créditée de 1,28% ; comment vous analysez ce taux, est-ce que vous voyez le verre totalement vide ?

Expérience Tèbè : Merci pour l’occasion que vous me donnez pour la toute première fois, après ces élections législatives de me prononcer sur notre performance pour notre participation. Je voudrais d’abord remercier tout le peuple béninois, les militants et les sympathisants de notre parti pour les efforts fournis et qui ont contribué à cette petite performance que nous avons pu réaliser au cours de ces échéances. Effectivement, à première vue, on pourrait marquer une insatisfaction par rapport à cette performance pour notre jeune parti, mais il faut noter que nous sommes retrouvés dans un environnement assez difficile où, sur la quinzaine de partis politiques, le MPL a pu se hisser dans le petit groupe des sept qui ont pu participer à cette échéance. C’est quand même un petit motif de satisfaction pour notre jeune formation politique qui a pu batailler pour se retrouver au rang de ce petit groupe des sept… Quant à notre performance proprement dite, bien évidement que nous ne pouvons qu’être insatisfait. Nous n’avons pas été suivis par la majorité des électeurs. Du coup, nous sommes en train de tirer les leçons de cette contre-performance, les analyser et pouvoir reposer sur ces 31 641 voix dont nous avons été crédités pour pouvoir bâtir l’avenir. C’est vrai qu’on pourrait être totalement déçu contre tenue de nos attentes, mais il faut tirer leçon de ces échecs et pouvoir rebondir.

Justement quelles sont les grandes leçons que vous êtes en train de tirer de ces élections ?

Il faut noter que dans ce nouvel environnement du système partisan qui a été créé, il est difficile pour les formations politiques jeunes qui n’ont pas de grands moyens, qui n’ont pas pu réaliser un bon maillage du territoire national, de réaliser de grandes performances au cours des échéances comme les législatives. Il faut beaucoup travailler en amont. Il faut reprendre le travail à la base avant de pouvoir s’assurer d’un bon encrage et de pouvoir participer à des échéances comme celle-là.

Est-ce qu’on dira que l’essentiel pour vous a été de participer ?

Non, pas exactement ! C’est déjà quelque chose de participer, mais il faut plutôt pouvoir tirer les grandes leçons et rebondir parce que les résultats ne sont pas reluisants.

Vous pensez que le MPL n’a pas vraiment travaillé en amont ?

On ne pourrait pas dire ça, mais plutôt les résultats ne sont pas élogieux. Les contraintes sont énormes et il faut les surmonter, pouvoir participer à une élection sous la rupture. Chacun de nous sait ce que c’est ! Quand je dis qu’il faut aujourd’hui beaucoup de moyens pour une formation politique pour pouvoir être compétitif, pour pouvoir espérer faire des performances reluisantes, vous en savez quelque chose parce qu’être présents dans nos départements, dans tous les arrondissements, ce n’est pas facile.

En lieu et place d’un bilan, nous avons plutôt assisté à une crise….

On ne saurait passer sous silence, cette supposée crise qui a secoué le parti au lendemain des législatives.

C’est déjà au passé ?

Oui, vous savez dans toute organisation sociale comme les formations politiques en croissance, il y a parfois de ces crises qui naissent parce que dans un panier de tomates, il y a toujours quelques-unes qui ne sont pas en état et qui tentent de pourrir le reste. C’est dans cette perspective qu’il est trouvé deux de nos camarades au lendemain des élections, certainement qui avaient des choses à se reprocher, qui ont fait des fuites en avant pour créer une crise. Mais très vite, des dispositions sont prises pour endiguer cela, situer les responsabilités, appliquer les textes de façon disciplinaire et évidement, laisser la justice connaître des cas de diffamation et autres, des propos très graves qui ont été tenus envers les uns et les autres et surtout, envers l’institution.

D’aucuns ont parlé de règlement de compte

On ne saurait parler de règlement de compte ! Les institutions judiciaires sont entrain de connaître du dossier, il faut donc éviter d’aller vite en besogne.

Quelle est la pomme de discorde ?

C’est une crise qu’on peut inscrire dans le cadre du fonctionnement normal d’une organisation sociale comme politique. Je ne saurais dire plus pour l’instant.

Quelles sont les perspectives du parti MPL ?

Les perspectives. Nous voyons dans l’environnement concurrentiel où nous n’avons suffisamment pas été suivis, lors de ces élections, nous devons rebâtir et revoir notre stratégie pour pouvoir rebondir. Nous avons fait une offre politique pour cette neuvième législature, nous n’avons pas été suivis. Il va falloir faire le point, le bilan des raisons pour lesquelles, le peuple ne nous a pas suffisamment suivis. La perspective, c’est de ne pas se laisser distraire par des évènements qui ne sont pas dans le cadre de la croissance de notre organisation et plutôt, nous reposer sur cette faible performance, ces 31 641 voix pour voir comment est-ce qu’on peut rebondir pour devenir également grand parce qu’il ne faut pas aujourd’hui perdre de vue que nous faisons partie des plus jeunes formations politiques qui ont vu le jour et qui essayent d’exister autour des masterdoms que vous connaissez.

Il y a un peu plus d’un an, vous passez de votre poste de secrétaire général au poste du président de ce parti MPL, est-ce que Expérience Tèbè reste et demeure le président du MPL ?

Bien sûr ! Aujourd’hui, l’environnement est très réglementé et il n’est plus possible de faire des putschs en dehors du cadre réglementaire et statutaire des organisations politiques. Il y a des instances qui installent les dirigeants et qui également, les renouvellent.

Est-ce qu’il est peut-être à espérer que le MPL puisse se fondre dans un autre grand ensemble de l’opposition ?

Ce cas n’est pas envisagé !

Réalisation : Ernest KOUPHIN/newsafrika

Pourquoi Talon n’a toujours pas réagi après le drame de Dassa ? L’étonnante réponse du Porte-parole du Gouvernement

Dimanche 29 janvier, un bus de la compagnie de Transport de voyage Baobab Express en provenance de Parakou et à destination de Cotonou, avec à bord plus de 40 personnes, entre en collision avec un camion à hauteur de Dassa. Un incendie se déclenche et fait au moins 22 morts. Mais plus d’une semaine après le drame, le président de la République n’a toujours pas pris la parole. Aucun mot de compassion ou de condoléances de Patrice Talon sur le drame.

Dimanche 29 janvier, un bus de la compagnie de Transport de voyage Baobab Express en provenance de Parakou et à destination de Cotonou, avec à bord plus de 40 personnes, entre en collision avec un camion à hauteur de Dassa. Un incendie se déclenche et fait au moins 22 morts. Mais plus d’une semaine après le drame, le président de la République n’a toujours pas pris la parole. Aucun mot de compassion ou de condoléances de Patrice Talon sur le drame.

Si cela n’est pas nouveau, puisque l’actuel locataire de la marina n’a jamais pipé mot sur des drames mortels dans son pays depuis son arrivée au pouvoir en avril 2016, ce silence semble étonner voire irriter ses compatriotes. Et lors d’une sortie médiatique, des journalistes ont transmis ce sentiment au porte-parole du gouvernement.

Mais à la question de savoir pourquoi le chef de l’Etat n’a toujours pas réagi, Wilfried Léandre Houngbédji a, dans un faux-fuyant, laissé entendre qu’il y a « mille manières de prendre la parole ». Le Porte-parole du Gouvernement s’est alors réfugié derrière les actions entreprises après le drame pour soutenir que Patrice Talon a réagi à sa façon à l’accident mortel de Dassa.

«     Il y a dix mille manières de prendre la parole. Dès le dimanche soir, le chef de l’Etat a dépêché des ministres sur le terrain. Ensuite, des dispositions ont été prises par le ministère de la Santé, le ministère  de l’Economie et des finances, parce que quelqu’un a bien instruit, pour que tous les soins prodigués aux rescapés sans qu’ils aient ou que leurs familles aient à débourser le moindre centime. C’est autant  de manières pour le chef de l’Etat de prendre la parole », a-t-il déclaré.

Mieux encore, Wilfried Léandre Houngbédji soutient que la minute de silence observée lors du Conseil des ministres vaut mille mots.

« Et puis fait majeur qui ne doit pas échapper aux observateurs que vous êtes,  c’est la première fois depuis avril 2016 que le Conseil des ministres observe une minute de silence pour des décès. Et puis après ça, les mesures qui ont été prises dès le départ et celles qui ont été annoncées en plus  mercredi pour aller dans le sens d’accentuer la présence de l’Etat, je pense que c’est autant de façon éloquente pour le président de la République de prendre la parole », a soutenu l’ancien journaliste.

Pas facile d’être Porte-parole ….

Manassé AGBOSSAGA

Talon et Les Démocrates « humiliés », selon Azannaï qui appelle à la tenue d’un dialogue

Dans un entretien exclusif, samedi 14 janvier 2023, l’ancien ministre de la défense, président du parti politique Restaurer l’espoir (RE) décrypte les résultats des législatives proclamés par les institutions de la République : la Cena et la Cour constitutionnelle. Nous vous proposons un pan de cet entretien dans lequel Candide Azannai ne considère pas Les Démocrates comme de l’opposition. Selon lui, la présence des Démocrates au Parlement ne changera rien. Lisez plutôt. 

Dans un entretien exclusif, samedi 14 janvier 2023, l’ancien ministre de la défense, président du parti politique Restaurer l’espoir (RE) décrypte les résultats des législatives proclamés par les institutions de la République : la Cena et la Cour constitutionnelle. Nous vous proposons un pan de cet entretien dans lequel Candide Azannai ne considère pas Les Démocrates comme de l’opposition. Selon lui, la présence des Démocrates au Parlement ne changera rien. Lisez plutôt. 

Journaliste : Président Candide Azannai, au finish, les Béninois sont allés aux urnes le 8 janvier 2023 puis les institutions de la République à savoir la Cena et la Cour constitutionnelle ont proclamé les résultats du scrutin. Quels sont vos sentiments ou quelles sont vos impressions par rapport à ces résultats ?

AZANNAI : Vous avez dit que les Béninois sont allés aux urnes. Les Béninois ne sont pas allés aux urnes. Une élection s’analyse à travers les chiffres d’abord, à travers le peuple et à travers les débats en jeu, l’enjeu, et puis en fin à travers les personnes lorsqu’il s’agit d’élection de renouvellement du personnel politique en terme d’institution. Alors, si vous prenez l’impression générale par rapport au peuple, chiffres officiels entre griffes, les populations ne sont pas sorties. Dans certaines zones, c’est à 19%, dans certaines zones c’est 13%, dans certaines zones ça ne franchit pas la barre des 40%. Et tel que l’institution Cena est monochrome, monocolore, une institution totalement exclusive, à la botte donc de monopole organisationnel, comme j’ai l’habitude de le dire et que vous constatez, on peut dire sur la base des chiffres, que : 1) le peuple béninois est dégouté, n’a pas donné caution. Maintenant si on voit les suffrages dits exprimés, leur diffusion à l’intérieur, on voit aussi que ça ne correspond à rien, à aucun objectif et que c’était un gâchis du point de vue conceptuel, stratégique et tactique pour les forces qui sont contre ce pouvoir, de se prêter à ce jeu qui, au finish n’a fait que cautionner. Mon impression est une impression de gâchis, mais j’ai une satisfaction qu’il y a des éléments d’espoir à travers le comportement de ce peuple. Et c’est à ce peuple que revient le mérite d’avoir asséner à cette dictature un échec, un désaveu flagrant hors les urnes.

Vous avez dit que les populations ne sont pas sorties, au regard des chiffres. Est-ce qu’on doit mettre cela à votre actif aussi puisqu’avant les élections vous êtes descendu sur le terrain pour passer un message aux populations. Est-ce qu’à l’arrivée on doit dire que vous avez raison ?

Non, je ne suis pas un homme qui cherche à avoir raison eu égard à mon profil moral, éthique et politique. Je suis un homme qui pose les principes comme base, comme asymptote ; comme idéal et qui demande aux gens qui agissent de regarder les principes posés et par rapport à ça je n‘ai pas à dire c’est ci, c’est ça. D’abord je ne suis pas le seul à être dans cette posture, de décrypter, de dire, d’analyser que ces élections ne valent rien, c’est un piège du dictateur. Je ne suis pas le seul, je ne veux pas appeler de nom mais il y a plein dans la population, plein dans la classe politique à avoir la même chose que moi. Ceux qui ne sont pas compromis, ceux qui ne sont pas des félons, des traitres, ceux qui ne cherchent pas leur intérêt personnel doivent savoir que ces élections ne règlent aucun problème et peuvent régler aucun problème. Nous n’avons rien inventé, il y a la science politique. Quand on fait une élection, on a trois grilles d’analyse : par rapport au peuple, le peuple a rejeté. Le suffrage est là. Officiellement on vous dit 64 et quelque pour cent, mais c’est faux ; nous, nous avons décrypté. Deuxième chose, par rapport au discours : quel est le débat pour comprendre que ce n’est pas moi et que c’est le peuple ? Le débat était qu’il y a une dictature, nous devons mettre fin à cette dictature et rétablir l’Etat de droit. Il y a des lois scélérates, nous devons mettre fin à ces lois scélérates. Il y a par exemple des citoyens béninois qui sont persécutés et que nous savons que la raison est politique même si on trouve des arguties, des artifices pour dire qu’ils ont fait ci… Tout le peuple béninois sait que c’est des raisons politiques. Il faut que ces citoyens retrouvent la quiétude, la liberté. Il y a plein de choses : il y a eu des victimes, il faut qu’il y ait une réhabilitation des victimes.

Candide Azannai, vous ne cherchez pas avoir raison mais vous avez lancé un mot d’ordre. Vous estimez qu’au vu de ce mot d’ordre les gens ne sont pas sortis. Mais…

Le peuple a raison, les principes ont raison, les valeurs ont raison, l’intérêt général a raison.

Est-ce que vous n’avez pas l’impression d’avoir été écouté ?

Je comprends bien votre question, mais ce serait dangereux du point de vue moral, du point de vue politique et par rapport à la suite, qu’un leader dise c’est moi. Non ! ce n’est pas bon. Ici, nous sommes en train de suivre le peuple. C’est ce peuple qui a raison, ce peuple résistant qui a raison. C’est les valeurs qui ont raison, c’est les principes qui ont raison. C’est tout ce qu’on nous a enseigné dans les écoles, qui disent qu’on ne candidate jamais efficacement contre un dictateur. Ça ne s’est produit nulle part sur la terre. Le débat n’est pas un débat de raison, c’est un débat de rendre l’évidence que ce que nous sommes en train de dire tout le monde doit se rallier à ça.

Vous dites qu’on ne doit pas candidater face à un dictateur. Mais n’avez-vous pas l’impression de ramer à contre-courant ?

D’abord, vous ne vous êtes pas présenté aux différentes élections pourtant votre parti politique est autorisé à le faire. Mieux, à l’approche de ces dernières législatives, on vous a vu sur le terrain passer un mot d’ordre.

Dans la vie, il y a les principes et les valeurs. Il y a ceux qui veulent respecter les principes et les valeurs qui sont les seuls à garantir le mieux vivre pacifique, il y a ceux qui rament à contre-courant qu’on appelle des faussaires, des gangsters, des brigands. Par exemple on dit quand le feu est rouge, nous nous arrêtons. Quand le feu est vert nous passons. Vous voyez des gens, le feu est rouge ils passent. Et vous dites, parce qu’ils passent moi aussi je vais passer. Je vois ça souvent dans la circulation. Je ne suis pas comme ça. Ramer à contre-courant, ça peut s’expliquer de plusieurs façons. Mais je prends deux façons. Quel est le courant contre lequel on ne doit pas ramer ? Le principe des courants et des valeurs. Est-ce que c’est le courant du faussaire, du dictateur ? Si je vais ramer dans le courant du dictateur, je vais à Canossa. L’expression c’est aller à Canossa. Et puis il y a un célèbre auteur, Bertrand Russell qui a dit : si vous acceptez travailler, par désespoir, vous créez des conditions de solutions désespérées. Et les solutions désespérées c’est ça que vous voyez. Bon, le dictateur il est là, je suis désespéré, il ne finira jamais, je vais faire exactement comme il le dit. Et c’est ça ce que le dictateur veut. Il faut ramer à contre-courant du dictateur et il faut ramer dans le courant des valeurs, des principes. Et si c’est ça, je ne rame pas à contre-courant parce que le peuple ne peut pas ramer à contre-courant. Je porte avec beaucoup d’autres, le discours du peuple qui est le discours de l’intérêt général. Ecoutez, mes chers amis. Ces élections-là, in fine, un acte doit avoir un résultat. Quel est le résultat ?

Le résultat, je peux vous le dire, il y a que les populations ont salué l’ouverture parce que désormais on n’aura plus un Parlement monocolore, sans l’opposition.

Excusez-moi, avec beaucoup de considération, aucune population n’a salué l’ouverture. Des hommes politiques ont peut-être parlé. Aucune population. Les populations auraient accepté l’ouverture, mon cher ami, que vous n’auriez pas le chiffre de l’abstention que vous voyez. On lit les choses. D’abord, je n’ai pas produit les chiffres. J’ai mes chiffres hein. Je n’ai pas produit les chiffres exprès. Mais les propres chiffres de ce gouvernement pervers donnent quoi ? Donnent plus de 60% de Béninois qui ne sont pas allés. Techniquement et dans la politologie, techniquement dans l’analyse même des chiffres, on appelle ça désaveu, désintérêt, manque de confiance dans les institutions et dans la gouvernance. Donc vous ne pouvez pas dire que les populations ont salué une ouverture. Si elles ont salué une ouverture, pourquoi elles ont tourné dos ? On ne peut pas saluer quelque chose et puis tourner dos à la chose. Non, sortons de ça.

Mais personnellement, n’avez-vous pas vu que comparativement à 2019, il y a quand même l’opposition qui était présente à ces élections-ci ? Il y a sept partis politiques toutes obédiences politiques confondues qui y étaient représentés au lieu de deux il y a quatre ans. Est-ce que vous ne saluez pas cette avancée ?

Est-ce que vous reconnaissez qu’il y a une dictature dans le pays ? Il y a le vol du pouvoir législatif, le tripatouillage sectaire de la Constitution et l’imposition de lois antinomiques aux règles. S’il y a tout ça, nous ne sommes plus dans la démocratie. Et par rapport à ces mêmes élections, vous voyez les lois ? D’abord, la loi pour la liste des électeurs, la loi pour la Cena, qu’est-ce qui a été respecté ? Le dictateur a le monopole de tout. A partir de là, vous ne pouvez pas comparer 2019 et aujourd’hui et dire qu’il y a eu avancée. Non ! C’est la même situation. Mais les comportements dans tel camp, dans le camp de ceux qui sont contre le pouvoir, les comportements ont changé au niveau de l’élite, au niveau des leaders. C’est tout. Je raisonne factuellement parce que le discours qui nous intéresse aujourd’hui, c’est de rétablir l’état de droit et la démocratie. Est-ce que nous pouvons rétablir l’Etat de droit et la démocratie avec les chiffres ? Non, on ne peut pas le faire avec les lois simples, c’est de l’analyse mathématique, terre à terre. Les lois simples, c’est les lois où on a besoin de moitié plus un. On peut le faire ? Qui peut le faire ? Le dictateur a la main. Les lois organiques, c’est les lois par exemple sur deux tiers. Qui peut le faire ? Le dictateur a la main. Les lois constitutionnelles où on peut toucher la Constitution. Le dictateur a la main. Connaissant comment la liste des Démocrates, la déclaration de candidatures a été faite, nous sommes dans un piège. Parlant de parti d’opposition, il y en a plus, il n’y en a pas. Je l’ai démontré dans toutes mes déclarations. Ce sont des structures de faire valoir. Certains pensent que Les Démocrates, c’est un parti d’opposition. Mais c’est un parti de compromission, et lorsque vous faites de la compromission avec le dictateur vous rentrez dans les escarcelles du dictateur. Les Démocrates font de la sous-traitance de la dictature. Demandez à Yayi Boni.

Pourtant, Candide Azannai, Les Démocrates c’est eux qui s’en sont sortis parmi les trois partis de l’opposition, avec 28 sièges ?

Allez en amont. Ils s’en sont sortis parce que la dictature a parrainé leur présence. Lorsque votre parrain vous autorise à entrer dans le cercle, vous pouvez faire quoi contre ce parrain. Ils vont gagner quoi ?

S’il faut utiliser votre terme, ils ont dû parrainer aussi le Mpl et Fcbe ?

Tout est parrainé. Si vous passez pas sous les fourches caudines de la dictature, vous n’irez pas.

Expliquez ce que vous mettez dans ce parrainage

Parrainer quelqu’un c’est servir de caution pour autoriser la personne à franchir une étape, soit d’initiation, soit de jouissance, soit accéder à des formations.

En clair, si Talon ne voulait pas, ils ne participeraient pas à ces élections, voulez-vous dire ?

Merci beaucoup. Pour parler terre à terre. Vous êtes magnifique en diluant les choses pour ceux qui n’ont pas l’habitude des grosses choses. C’est ça. Si Patrice Talon, le pouvoir de la Rupture, le système en place pour être plus précis n’acceptait pas, ne voulait pas que Les Démocrates aillent, ils n’iront pas. Et ça s’est passé en amont. Questionnez le rôle de Yayi Boni, le rôle d’autres personnes.

C’est quoi le rôle ?

Nous sommes ici sur un terrain de compromission, c’est tellement terre-à-terre. Vous posez tellement les questions pour que ceux qui ne comprennent pas comprennent.

Mais Candide Azannai, est-ce que quelqu’un qui est allé à la compromission, à la publication des résultats, peut revendiquer ?

C’est de la comédie. Vous savez, vous n’êtes pas des hommes politiques. C’est pour ça que, je ne sais pas si c’est Mérimée ou quel auteur qui a dit ça, la politique fait partie un peu de comédie. Toute la politique a une grande dimension de la mise en scène. D’abord, l’Etat, la République, les structures politiques font beaucoup plus dans la mise en force, la mise en scène que tout. Et, nous sommes dans de la comédie. Ceux qui disent qu’ils vont revendiquer, ils vont revendiquer devant quelle institution ?

Devant la Cour constitutionnel qui leur a donné raison ou qui les a repêchés pour qu’ils puissent participer à l’élection.

Je vous dis, nous sommes dans de la comédie. Ne perdons même pas notre temps sur cette affaire. Les Démocrates savent pertinemment qu’ils sont en train de vendre de l’illusion, de rêve aux populations. Ils ont vendu du rêve pour pouvoir gérer des intérêts particuliers. J’ai dit dans une émission que face à un dictateur il faut faire attention. Il y a deux types d’intérêt : l’intérêt général et l’intérêt particulier. Si vous allez voir le dictateur pour poser, au moment où vous voulez revendiquer l’intérêt général, si vous commettez l’erreur de soumettre au dictateur les intérêts particuliers, vous êtes foutu. Ils sont dans l’intérêt particulier. Ils auront des députés qui iront à l’Assemblée pour prendre de l’argent. Des fonctionnaires qui ont accepté d’être cooptés en amont ne sont pas désignés par le peuple. Je vous ai demandé tout à l’heure, qu’est-ce qu’ils peuvent faire sur une loi ordinaire à l’Assemblée ? Rien, zéro. Et le chiffre 28, ce n’est pas au hasard.

Dites-nous…

Je vous ai dit que je faisais les analyses avant. Et sur le terrain j’ai dit : ils seront situés entre 25 et 30 maxi et que ce chiffre-là, c’est exprès, c’est de l’illusion, c’est de miroirs, des miroirs à oiseau. Si vous prenez 109, vous divisez 109 par 4 par exemple vous avez 27 et quelque ; donc dans cette Assemblée-là le dictateur est trois fois supérieur à ces personnes-là. Donc ces personnes ne peuvent pas réagir sur des lois ordinaires, réagir sur des lois organiques (majorité qualifiée), réagir sur des lois constitutionnelles parce que les 27 ou 28-là sont frileux. Donc à quoi beau avoir fait tout ça ?

Est-ce qu’il n’est pas possible qu’il y ait des mouvements vers Les Démocrates, c’est-à-dire que les députés de la mouvance aujourd’hui puissent migrer demain vers la minorité, Les Démocrates ?

Quand j’enseignais, qui après le Bac, viennent dire : et si j’avais 7 en Anglais, j’aurai 10 et en sport je vais bien courir, et si j’avais 16 multiplié par un, ça fait deux et j’aurai ci.  Sortons de ça. Posons, quand on est conducteur de masse, conducteur de peuple, on part sur du tangible. Aujourd’hui le monde a évolué et nous pouvons tout modéliser.  Il y a des logiciels de modélisation du comportement social. Prenons ces éléments-là. Les paramètres que nous avons-là, mettons ça. Et vous dites, un dictateur :  la case des lois, c’est pour lui ; la case des institutions, c’est pour lui ; la case du dispositif humain, c’est pour lui. Et la case des autres, vous mettez dedans, vous paramétrez tout.

Est-ce que vous ne surestimez pas Patrice Talon ? Est-ce que patrice Talon au début du mandat n’est pas différent de Patrice Talon en fin de mandat ?

Je ne peux pas contester votre vue mais moi je ne joue pas au casino. Quand je parle de la politique, je ne peux pas jouer au casino, je ne peux pas jouer au jeu de hasard. Je prends les paramètres, je dis voilà les paramètres qui sont là. A partir de ces paramètres, je pose les hypothèses. Est-ce que quelqu’un gagné par les élections dans le système mono politiste organisationnel de ces élections, est-ce que quelqu’un a gagné sur la terre, dans la vie ?

On peut vous donner l’exemple de Yaya Jammeh

J’ai vu des gens quand je donnais une conférence sur des cas de ce genre, j’ai vu des gens parler de Yaya Jammeh. Mais non, les lois ont été changées.

Yaya Jammeh est complètement affaibli, et en amont dans son Parlement il y avait une opposition dans son Parlement. Donc comparaison n’est pas raison. Quelqu’un m’a donné le cas de Botswana ou de Malawi ou d’un pays. J’ai dit mais ce n’est pas les mêmes choses. Quelqu’un m’a donné le cas de la Côte d’Ivoire, j’ai dit ce n’est pas les mêmes choses. Ici, le Parlement en amont est un Parlement monocolore. On a créé deux partis ; celui qui est au pouvoir a deux partis. Les deux partis ont toutes les lois, ont désigné la composition de toutes les institutions alors qu’en amont quand nous on sortait de la Conférence nationale, le Parlement est la source à partir de laquelle on diffuse et les lois, et le personnel institutionnel et tout. Prenez la Haac, le Conseil économique et social, même le Parlement a sa source dedans. Mais ici, on coupe ça et on fait des lois ; on dit venez dedans et des gens disent oui. Vous savez de quoi ils sont fatigués, ces messieurs ?

Dites-le nous…

Autant qu’ils sont de Yayi à Soglo ou à ci, ils savent que j’ai raison. Mais la lassitude, pour beaucoup c’est la faim. C’est-à-dire, ils ne peuvent plus.

Quelles sont les perspectives pour que cette résistance puisse se revigorer ? Vous n’allez quand même pas faire cette lutte, seul, il faut quand même ceux des Démocrates ?

 L’essentiel pour une lutte de résistance, ce n’est pas d’organiser seulement le peuple, ce n’est pas seulement d’organiser les résistants. C’est de déstabiliser le camp du mal. Et ça passe par la pertinence, la qualité des actions que vous menez parce qu’autour du dictateur il y a une lutte d’influence terrible. Il y a des règlements de compte, il faut miser là-dessus. C’est pour ça on doit faire l’inventaire des divers compartiments. Quand vous prenez Les Démocrates dont vous parlez. Parmi les 28, il y a des gens de qualité, qui comprennent ce que je suis en train de dire mais je ne vais pas donner leurs noms. Mais il y a aussi des cancres qui sont dedans qu’il faut extirper, exposer et sur lesquels il faut faire la pression. Et puis je l’ai dit, la notion d’être esseulé, c’est le peuple. Si au sortir de cette parodie électorale, il y avait plus de 50% qui sont allés aux urnes, votre question aura sa justification. Mais lorsque vous voyez la classe politique là, vous dites que je suis seul. En quoi je suis seul ? Il y a beaucoup de gens qui ont rendu possible ce boycott, ce n’est pas moi seul.

Je disais vos anciens camarades de la résistance…

Ils sont allés à Canossa

Ils ne reviendront plus ?

On ne ferme pas la porte. On ne ferme pas la porte mais on met une discipline, on met un canevas, on refuse maintenant qu’on vienne s’asseoir avec nous pour parler des affaires personnelles et privées. C’est exclu.

Dans le cadre de la pacification du pays, on a vu le chef de l’Etat recevoir des personnalités dont les anciens président Nicéphore Soglo, Yayi Boni et l’ancien premier ministre Lionel Zinsou. Et si avant 2026 Patrice Talon vous faisait appel, est-ce que vous irez échanger avec lui ne serait-ce que pour que vous entendre sur certains points ?

Moi, je l’ai dit, les gens ont parfois peur. Ceux qui me visitent ou parlent avec moi quand ils sont autour de lui, ils ont peur de dire qu’ils ont vu Azannai. Quelques rares personnes… Je n’ai pas de problèmes personnels avec Patrice Talon. Peut-être que c’est une déformation. On m’a enseigné que pour l’intérêt d’une Nation, les citoyens ne peuvent pas être des ennemis. Donc la notion d’ennemis fonctionne en politique comme une notion principale, comme un présupposé de la politique comme essence. Mais pris sous cet angle, il est un adversaire politique. Il est un adversaire politique parce que sur ce qu’il pose actions politiques, gouvernance à la nation, il blesse les principes sur lesquels la nation toute entière s’est entendue à la Conférence nationale. On n’a plus fait une réunion de toute la nation pour dire nous changeons de paradigmes. En cela, il fait de l’exercice solitaire du pouvoir personnel, et je dois le combattre sur ça. Maintenant, s’il appelait en catimini, ça ne m’intéresse pas. S’il appelait sur des problèmes personnels, ça ne m’intéresse pas, je n’en ai pas. Talon m’appelle, on veut discuter de quoi ? Problèmes personnels, je n’en ai pas ; donc je me prive, je n’ai presque besoin de rien. C’est parce que je ne veux pas être sale. Deux philosophes qui sont mes amis : Sénèque, les principes et autres et Diogène, pour le courage pédagogique, la pédagogie brutale, brute pour dire aux gens mais ce n’est pas ça !

Mais il peut vous appelez pour que vous voyiez ensemble comment organiser le Dialogue national inclusif.

Si c’est ça, mais c’est pour l’intérêt général. Je viens d’une ethnie, je viens d’Abomey où on dit les querelles, les dissensions ne peuvent pas vous amener à laisser pousser des herbes, à laisser délabrer la maison, à laisser partir en lambeaux la nation. Donc si c’est au nom de la nation qu’on appelle un fils de la nation, le fils de la nation va écouter. Mais si c’est pour qu’à la fin je me comporte comme Yayi, comme Soglo et d’autres aussi, je ne ferai pas. Dites-le sous le soleil, je ne ferai pas.

Votre mot de la fin

Une élection s’analyse par les chiffres, et les chiffres montrent que l’espoir est au niveau du peuple résistant qui s’est manifesté avec un score de plus de 4 millions et quelque sur 6 millions et quelque. C’est très important. L’espoir est de ce côté, il faut continuer. Il faut montrer que Les Démocrates sont tombés dans leur propre piège et que ce qui a aveuglé Les Démocrates c’est les gains personnels, les intérêts personnels. Et les chiffres-là sont une humiliation, une honte non seulement à eux, mais une honte terrible qu’il faut leur dire de jamais recommencer parce que ni en loi simple, ni en loi organique, ni en loi constitutionnelle, ils ne pourront rien faire, sauf si la volonté des autres décide. Voilà ce que je veux dire et appeler tous les bords à nous suivre, à rejoindre nos rangs parce qu’il n’y a rien à faire, tout ce que Talon a fait là, ça n’a aucune perspective. Le seul intérêt que nous avons, la seule issue que nous avons aujourd’hui c’est le dialogue national inclusif, qui n’est pas une conférence nationale nouvelle. C’est un dialogue qui nous permettra de nous parler et qui permettra d’abord, de sécuriser Patrice Talon lui-même aujourd’hui et demain et de sécuriser chaque Béninois sur le sol béninois ou la terre béninoise. Si on n’allait pas à ce dialogue national inclusif pour se parler, pour se pardonner, pour se faire des concessions, le problème demeure. Aussi longtemps que Talon sera là ou même après nous. Ce que lui, nous faisons, c’est un appel à la retenue, à la réconciliation, à ce que chacun cède, au nom de la paix.

Propos recueillis et transcrits par J.B/Matin Libre