En Côte d’Ivoire, le Conseil d’État a confirmé hier mardi, l’élection d’Adama Bictogo à la tête de la mairie de Yopougon. Il avait recueilli 40,33% des voix, selon les résultats de la Commission électorale indépendante. Yopougon est la commune la plus peuplée du district d’Abidjan, réputée être le fief de l’ex-président Laurent Gbagbo. Originaire d’Agboville, le président de l’Assemblée nationale réussit un coup d’éclat. Comment compte-t-il développer cette commune ? Quels sont ses projets ? Entretien.
Votre élection survient sur fond de soupçons de fraude que le Conseil d’État a écartés. Comment comptez-vous rassembler les habitants qui, à priori, ne vous sont pas favorables ?
Adama Bictogo : Ça, c’est vous qui le dites. Les soupçons ne sont pas portés sur les résultats. Ils ont posé des réclamations contre le matériel de la CEI [Commission électorale indépendante]. Mais on était tous concernés par le retard d’ouverture de certains bureaux. Donc, moi, je ne m’attarde pas sur les réclamations. Pour ce qui est du rassemblement des populations de Yopougon, à la vérité, le rassemblement se fera par la réalisation des projets.
Toujours est-il que l’élection s’est déroulée le jour J dans une certaine indifférence. Deux tiers des électeurs de Yopougon ne sont pas allés voter. Comment comptez-vous faire pour essayer de rétablir la confiance qui semble aujourd’hui brisée entre les électeurs et la classe politique en général ?
Je reste convaincu que le monde managérial que je vais mettre en place, qui va me rapprocher des populations, la digitalisation de la mairie, la facilité avec laquelle les populations de Yopougon vont avoir accès à leur extrait de naissance, aux bourses familiales… Autant d’éléments qui vont créer une vraie ambiance de fraternité. Je bâtis la stratégie de ma campagne autour du consensus. Les populations ne sont pas figées. Ce ne sont pas des meubles. On a fait une offre. Ils ont adhéré à cette offre. C’est à nous de mériter la confiance donc des populations à partir des réalisations que nous allons faire.
Quelles sont les premières mesures que vous comptez mettre en œuvre pour améliorer le cadre de vie des habitants de Yopougon ?
Très rapidement, je vais mettre en place un programme d’urgence communal à Yopougon, relativement la fluidité routière, l’assainissement, l’eau. Tout ce qui relève du quotidien, du social. Au lendemain de mon installation, je vais donc organiser les États généraux de Yopougon.
Tout cela, ce sont des projets ambitieux : refaire l’assainissement, refaire les routes… sur quel budget ?
L’assainissement est un programme de l’AFD [Agence française de développement, ndlr].
Il y a le budget gouvernemental. La mairie de Yopougon ne s’exclut pas. Ce n’est pas une mairie autonome. Yopougon est pris en compte dans le PND, le Plan national de développement jusqu’en 2025. Ce que je veux dire, c’est qu’il y a déjà des projets pour lesquels les financements sont disponibles. J’ai donc échangé avec le responsable de l’AFD en ce qui concerne l’assainissement.
Pour vous, avoir remporté cette élection, c’est quand même aussi un tremplin. Est-ce que ça va vous encourager, dans deux ans, à présenter votre candidature au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) pour la présidentielle ?
(rires) Laissez-moi savourer mon élection à la tête de Yopougon. Nous sommes un parti organisé. J’ai toujours été au côté du président Alassane Ouattara. Il m’a toujours confié des missions, même des missions difficiles. Celle de Yopougon n’était pas une mission acquise. J’ai toujours été là pour répondre à ses appels. Pour 2025, c’est au président Alassane Ouattara, président du parti, qui devra donc donner les orientations de 2025. Pour l’heure, je me concentre sur l’Assemblée, je vais faire mon job de président de l’Assemblée. Je vais faire mon job de maire de la commune de Yopougon. Mais je suis une personne-ressource qui compte au sein du RHDP et les orientations que le RHDP voudra bien prendre pour 2025, ces orientations se feront sous la houlette du président Alassane Ouattara.
La session parlementaire a repris lundi. Pourquoi la proposition de loi sur la limite d’âge à 75 ans concernant les candidats à la présidentielle a-t-elle disparu des débats parlementaires ?
Aucun texte ne disparaît à l’Assemblée, je voudrais déjà recentrer les choses. C’est une proposition de loi qui émane d’un député, comme plusieurs propositions de loi qui nous sont parvenues. L’ensemble de ces propositions de loi ont fait l’objet d’analyse au niveau du bureau de l’Assemblée et ces propositions de loi sont transmises au Conseil constitutionnel pour analyse, parce qu’il y a des conditions de recevabilité aussi de ces propositions de loi. Donc, nous sommes dans l’entente du retour des résultats du Conseil constitutionnel.
En tant que président de l’Assemblée nationale, est-ce que vous avez la possibilité, la latitude de pouvoir relancer cette institution ?
Si le bureau venait à être saisi à nouveau par les députés qui ont initié ces propositions de loi, naturellement que je me ferai fort de relancer le Conseil constitutionnel. Mais je ne suis pas moi, l’initiateur de ces propositions de loi.
Par :Bineta Diagne/Rfi