Bénin/Affaire Anatt : L’ex Dg Thomas Agbéva et plusieurs cadres déposés en prison

L’ex Directeur général de l’Agence nationale des transports terrestres (Anatt) Thomas Agbéva et une dizaine de cadres ne sont plus libres de leurs mouvements. Ils ont été déposés en prison au petit matin de ce jeudi 15 juillet 2021.

L’ex Directeur général de l’Agence nationale des transports terrestres (Anatt) Thomas Agbéva et une dizaine de cadres ne sont plus libres de leurs mouvements. Ils ont été déposés en prison au petit matin de ce jeudi 15 juillet 2021.

Bénin/Affaire Anatt : L’ex Dg Thomas Agbéva et plusieurs cadres déposés en prison

Thomas Agbéva et consorts ont été déposés en prison après présentation au procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme

Leur détention est liée à l’affaire ‘‘Anatt Gate’’, conséquence d’ nn rapport d’audit sur la gestion 2016-2020.

« un audit réalisé sur la période de 2016 à 2020, a fait ressortir de graves irrégularités.

Les défaillances relevées portent aussi bien sur l’organisation générale de l’Agence, caractérisée par un cadre réglementaire inadéquat, l’insuffisance du personnel technique, la pléthore d’agents d’exécution, la prépondérance des traitements manuels de données ainsi que le défaut de protection de celles-ci ou de l’intégrité du système informatique.

Un tel contexte a favorisé, au cours de la période sous revue, des manques à gagner estimés à 13,6 milliards de FCFA dont 1,3 milliard de FCFA concernant des décaissements relatifs à des marchés irrégulièrement passés, 191 millions de FCFA s’agissant de paiements pour des actes anormaux de gestion et 12,1 milliards de FCFA au titre de présomptions de fraude dans le cadre de la gestion des opérations d’immatriculation.

Lesdites présomptions sont notamment relatives à des cas de véhicules non dédouanés qui ont été immatriculés, soit 2646 véhicules au total, représentant un préjudice financier d’environ 7,9 milliards FCFA, ainsi qu’à de dossiers d’immatriculation dont les quittances de paiement n’ont pu être fournies. Y figurent aussi, des cas d’usage non élucidé d’intrants d’immatriculation acquis par l’Agence au cours de la même période.

Le rapport révèle également l’adoption irrégulière d’une convention collective accordant des avantages exorbitants au profit des agents.

A titre illustratif, il s’agit :

  • d’une prime bimestrielle octroyéeà l’ensemble du personnel et qui, à l’analyse, est un complément de salaire déguisé ;
  • d’indemnités et primes dites « de fonction administrative et politique » allouéesau Directeur général et à son adjoint comprenant, entre autres, des primes de responsabilité et d’indemnitéscompensatrices de logement, alors que d’autres rubriques de la convention les prévoient déjà ;
  • de l’octroi, à tous les directeurs, d’une prime de gestion calculée à partir du résultat d’exploitation de l’Agence ;
  • du paiement, chaque année, d’une gratification correspondant à un mois de salaire, consacrant ainsi une pratique de paiement de treizième mois, en violation des règles appliquées dans l’Administration publique ;
  • du paiement « d’indemnités pour travaux spéciaux » estimés à 88.825.500 FCFA, allouées de façon abusive à des membres de plusieurs comités mis en place pour des tâches relevant normalement de leurs attributions ;
  • d’un soutien financier de 500.000 FCFA en cas de décès du travailleur en activité et de 200.000 FCFA en cas de décès du travailleur à la retraite.

En outre, il ressort du rapport d’audit que des avantages indus ont été consentis aux administrateurs de l’Agence. C’est ainsi que, de 2017 à 2019, il leur a été versé, indépendamment de leurs indemnités réglementaires de fonction, des jetons de présence et des dotations annuelles de frais de carburant pour un montant de 35.320.000 FCFA.

De même, il est à signaler des décaissements résultant d’actes anormaux de gestion, évalués à 180.400.016 FCFA dont :

  • la dotation en boissons au profit de l’ensemble des agents ayant rang de directeur, pour un montant de 34.413.645 FCFA ;
  • le rachat en juin 2019, par le Directeur général, de son véhicule 4×4 de fonction, au prix dérisoire de 3.050.000 FCFA alors même que ledit véhicule, moins d’un an avant, a fait l’objet de diverses réparations pour un montant de 6.733.070 FCFA.

Le même rapport révèledes cas de procédures irrégulières de passation de marchés publics pour un montant de 1.349.388.535 FCFA dont 921.732.801 FCFA exclusivement au moyen de bons de commande signés du Directeurgénéral, et 265.966.837 FCFA sous la seule responsabilité du Directeur administratif sur la période de 2018 à 2019.

Enfin, il convient de relever un usage non justifié de cartes grises de véhicules de 2 et 4 roues, pour un montant de 2,8 milliards de FCFA ; une confection inexpliquée de plaques d’immatriculation de véhicules à 4 roues non livrées aux usagers, d’une valeur de 859 millions de FCFA. 

Au titre de ces mêmes irrégularités, figurent des pratiques de rançonnement systématique d’un montant de 2.000 FCFA à la charge des usagers à l’occasion de la fixation des plaques d’immatriculation. Une telle pratique a généré, sur la période sous revue, un montant de 145 millions de FCFA », indiquait le communiqué du Conseil des ministres du 7 juillet 2021.

Thomas Agbéva et consorts sont poursuivis pour corruption dans les passation des marchés publics et abus de fonction.

Manassé AGBOSSAGA.

Bénin/Affaire Anatt: Liste des 2 646 véhicules immatriculés sans douanes et frauduleusement immatriculés

Vérifier votre numéro d’immatriculation ou de chassis dans la liste des véhicules sans preuve du paiement des droits de douane et frauduleusement immatriculés en ligne sur le site web du gouvernement

DOSSIER ANATT : VÉRIFIEZ SI VOTRE VÉHICULE EST SUR LA LISTE MISE EN CAUSE❓Vérifier votre numéro d’immatriculation ou de chassis dans la liste des véhicules sans preuve du paiement des droits de douane et frauduleusement immatriculés en ligne sur le site web du gouvernement => https://www.gouv.bj/anatt.

Peut être une image de texte qui dit ’GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DU BÉNIN TRAVAIL LISTE DES VÉHICULES IMMATRICULÉS SANS PREUVE DU PAIEMENT DES DROITS DE DOUANE Saisissez une plaque ou un numéro c N° PLAQUE N° CHASSIS’

Supposée mauvaise gestion à l’Anatt sous l’ex Dg Thomas Agbéva : Attention à ne pas tirer des conclusions hâtives, Claude Djankaki fait de pertinentes observations

Depuis quelques jours, l’ex Directeur général de l’Agence nationale des transports terrestres (Anatt) est traité de tous les noms d’oiseau suite à la publication d’un rapport d’audit en Conseil des ministres du mercredi 7 juillet dernier qui fait était de mauvaise gestion et de pratiques anormales sur la période 2016-2020. En homme averti, Claude Djankaki, ancien cadre du ministère de l’intérieur et expert en décentralisation appelle à la prudence fait deux observations.

Depuis quelques jours, l’ex Directeur général de l’Agence nationale des transports terrestres (Anatt) est traité de tous les noms d’oiseau suite à la publication d’un rapport d’audit en Conseil des ministres du mercredi 7 juillet dernier qui fait état de mauvaise gestion et de pratiques anormales sur la période 2016-2020. En homme averti, Claude Djankaki, ancien cadre du ministère de l’intérieur et expert en décentralisation appelle à la prudence fait deux observations. Lire ce qu’il dit ….

Supposée mauvaise gestion à l’Anatt sous l’ex Dg Thomas Agbéva : Attention à ne pas tirer des conclusions hâtives, Claude Djankaki fait de pertinentes observations
Supposée mauvaise gestion à l’Anatt sous l’ex Dg Thomas Agbéva : Attention à ne pas tirer des conclusions hâtives, Claude Djankaki fait de pertinentes observations

« Face à la polémique que soulève le rapport d’audit sur l’ANATT, il me revient à l’esprit de me poser une question et faire ensuite deux observations.

-1/le principe du contradictoire qui demeure la règle fondamentale est-il respecté jusqu’au bout ?

Il est important de se poser cette question, car il n’est pas superflu de faire observer que les commissions d’enquêtes,y compris les audits au Bénin, même par les structures spécialisées servent parfois à des règlements de comptes.

Aussi, certains auditeurs ou chargés de vérifications de gestion manquent-ils de compétence de contrôleur en la matière et, transforment-ils leur sentiment d’incompétence en sentiment de supériorité visant à terroriser le contrôlé par la rédaction de rapports approximatifs qui s’écartent du droit de la défense.

-Relativement à mes deux observations sus-évoquées supra, deux cas parmi tant d’autres peuvent illustrer la démarche.

A/Première observation

1/le conseil des ministres en sa séance du 9 janvier 1979 à relevé de ses fonctions, le Préfet Adjoint de l’ouémé.

De quoi s’agit-il ?

Selon le premier rapport, il a été reproché à ce dernier :

-1/de s’être rendu à Parakou sans autorisation de ses chefs hiérarchiques

-2/d’avoir conduit lui-même son véhicule de fonction

-3/d’avoir fait un accident qui a gravement endommagé le véhicule.

Le second rapport révèle

1/l’interessé a obtenu l’autorisation de ses chefs hiérarchiques pour se rendre en famille à Parakou

2/il a conduit lui-même son véhicule de fonction et ce faisant à enfreint à la réglementation administrative en la matière.

3/ il a fait un accident non pas, par négligence ou par insouciance, mais par la défaillance de la direction du véhicule. (lire le journal Ehuzu du 22/01/79 et du 15/05/79 ou mon mémoire de 3e cycle la réforme de l’administration locale au Bénin :Décentralisation ou Déconcentration à l’université de Reims 1985)

Nous n’allons pas donc commenter les conclusions des deux rapports, lesquelles faut-il préciser sont en trompe l’œil.

B/Deuxième observation

Dans un passé récent les Magistrats n’ont pu bénéficier d’un privilège de jugement dans l’affaire dite des frais de justice criminelle. C’est regrettable qu’il ne leur soit pas même appliqué le principe de double degré de juridiction, car les magistrats ont été jugés dans notre pays à partir des tribunaux de première instance sans tambour ni trompette.

Logique politique ou règlement de compte à un corps gênant ?

Bref, tout ceci pour conclure que beaucoup d’affaires comportent les non-dits et que le sens est invisible, mais l’invisible ne contredit pas le visible ».

Claude Djankaki

Expert en Décentralisation.