Guinée Conakry: Le président Condé arrêté par les putschistes

Depuis le début de la matinée, le quartier du palais présidentiel était le théâtre de tirs nourris. Ce putsch est mené par le Groupement des forces spéciales, dirigé par Mamady Doumbouya.

Entouré de militaires en treillis, masqués et les armes à la main, Alpha Condé apparaît sur un canapé du palais présidentiel. Le président guinéen est comme sonné, la chemise entre-ouverte, les pieds nus. « Est-ce qu’on a touché à un seul de vos cheveux ? On vous a brutalisé, Excellence? » lui demande un militaire dans une vidéo tournée à Sékoutoureya. Alpha Condé, 83 ans, semble aller bien mais reste silencieux. Il n’aura fallu que quelques heures aux putschistes pour se saisir de celui qui dirigeait le pays depuis onze ans.

Mamady Doumbouya

Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, commandant des Forces spéciales guinéennes, lors d’un défilé militaire en 2019.

Tout est allé très vite. Cette journée folle à Conakry a débuté aux alentours de 8h. Des tirs nourris et à l’arme lourde ont été entendus tout au long de la matinée aux abords de Sékoutoureya, le palais présidentiel où se trouvait alors le chef de l’État. Selon des photos, il aurait depuis été emmené hors du palais présidentiel.

À la mi-journée, une déclaration de Mamady Doumbouya, un Malinké originaire de la région de Kankan, a circulé sur les réseaux sociaux. Selon les informations de Jeune Afrique, c’est ce lieutenant-colonel et ses hommes du Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d’élite de l’armée aussi bien entrainée qu’équipée, qui sont à l’origine du coup d’État.

Dans cette vidéo, béret rouge sur la tête et lunette de soleil sur le nez, entouré de deux militaires, Mamady Doumbouya annonce que « la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, la gabegie financière […] ont amené l’armée républicaine à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple de Guinée. »

Il annonce aussi la dissolution de la Constitution, du gouvernement, des institutions et la fermeture des frontières. Enfin, il annonce qu’un « Comité national du rassemblement et du développement, CNRD » a pris le pouvoir.

Alpha Condé aux mains des putschistes

Ancien légionnaire de l’armée française, Mamady Doumbouya avait été rappelé en Guinée pour prendre la tête du GPS en 2018. Ces derniers mois, sa volonté d’autonomiser le GPS par rapport au ministère de la Défense avait suscité la méfiance du pouvoir de Conakry. En mai, des rumeurs infondées faisant part de sa possible arrestation avaient même circulé dans la capitale guinéenne.

Celui qui apparaît aujourd’hui comme le chef des putschistes a appelé ses « frères d’armes à l’unité » et à rester dans leurs casernes. C’est bien l’interrogation majeure à cette heure : les hommes du GPS vont-ils être suivis par le reste de l’armée ? « Les forces fidèles à Alpha Condé n’ont pas dit leur dernier mot, mais le président est bel et bien entre les mains des putschistes », a affirmé à Jeune Afrique un proche du chef de l’État.

Arrivé au pouvoir en 2010, Alpha Condé a été réélu en 2020 pour un troisième mandat après une révision de la Constitution controversée.

Source: Jeune Afrique

Guéguerre entre les présidents de la Guinée Conakry et de la Guinée Bissau: Ùmaro Sissoco Embaló critique ouvertement Alpha Condé

Ça n’a jamais été le parfait amour entre Ùmaro Sissoco Embaló et Alpha Condé. Et les choses ne sont pas sur le point de s’améliorer. Les derniers propos du président de la Guinée Bissau à l’endroit de son homologue de la Guinée Conakry suite à la fermeture des frontières sont évocateurs.

Ça n’a jamais été le parfait amour entre Ùmaro Sissoco Embaló et Alpha Condé. Et les choses ne sont pas sur le point de s’améliorer. Les derniers propos du président de la Guinée Bissau à l’endroit de son homologue de la Guinée Conakry suite à la fermeture des frontières sont évocateurs.

 Le Président de la Guinée Bissau, Ùmaro Sissoco Embaló a martelé qu’il n’a pas du tout apprécié la signature d’un accord de défense entre la Guinée et le Sénégal, visant la réouverture de la frontière entre les deux pays.

Guéguerre entre les présidents de la Guinée Conakry et de la Guinée Bissau: Ùmaro Sissoco Embaló critique ouvertement Alpha Condé
Guéguerre entre les présidents de la Guinée Conakry et de la Guinée Bissau: Ùmaro Sissoco Embaló critique ouvertement Alpha Condé /ph:bissauactu

«Nous ne comprenons pas, parce qu’il n’y a pas de guerre entre le Sénégal et la Guinée. En se basant sur l’esprit de la CEDEAO, nous devons dire la vérité au président Alpha Condé. Il n’avait pas le droit de fermer les frontières avec la Guinée Bissau, le Sénégal et la Sierra Léone.

Moi, je n’enverrai jamais des ministres pour signer ce type d’accord …C’est lui Alpha Condé qui a décidé un bon jour de fermer les frontières avec les pays voisins. S’il veut rouvrir il n’a qu’à le faire. Je ne vais jamais demandé à un Ministre d’aller signer un protocole d’ouverture de frontière avec Alpha Condé. Nous sommes des pays frères liés par l’histoire et la géographie», a ouvertement déclaré  Sissoco Embalo d’après des propos rapportés par Bissauactu.

Umaro Sissoco Embalo a toujours accusé Alpha Condé  d’avoir effectué des manœuvres, visant à l’empêcher de gagner l’élection présidentielle qui l’a porté à la tête de son pays, préférant Domingos Simões Pereira.

D’un autre côté, Ùmaro Sissoco Embaló, ne cache pas son admiration pour Cellou Dalein Diallo,  principal opposant à Alpha Condé, qu’il considère comme un frère.

Manassé AGBOSSAGA

Décès du président Déby : Les messages de Ouattara, Talon, Bongo, Bazoum, Condé, Yayi,…

A lannonce du décès du président Idriss Déby Itno, ce 20 avril 2021,  plusieurs chefs dEtat en exercice et anciens  chefs ont adressé des messages de condoléances. Kpakpato Medias vous propose, dans une liste non exhaustive, les messages de lancien président Boni Yayi, des présidents du Bénin, Patrice Talon, de la Côte dIvoire, Alassane Dramane Ouattara, du Gabon, Ali Bongo, du Niger, Mohamed Bazoum, de la Guinée, Alpha Condé, ..

A la tête du Tchad depuis plus de 30 ans, le Maréchal Idriss Déby Itno, candidat à un sixième mandat

« J’ai appris avec stupéfaction le décès ce jour du Président de la République du Tchad, Monsieur Idriss Deby ITNO.

Dans ces conditions tragiques, je présente au nom du Bénin et en mon nom propre nos sincères condoléances à l’ensemble du Peuple tchadien.

Recevez la solidarité du peuple Béninois ».

Patrice Talon

« C’est avec une profonde amertume que le Peuple de Guinée, son Gouvernement et moi-même avons appris la disparition subite de son Excellence le Maréchal Idriss Déby Itno, Président de la République du Tchad.

Le Peuple frère du Tchad vient de perdre un grand homme d’Etat et l’Afrique un panafricaniste convaincu.

Patriote et fervent défenseur de la paix et de la sécurité dans le Sahel, le Maréchal fut un grand ami.

En cette douloureuse circonstance, je voudrais, au nom du Peuple et du Gouvernement guinéens ainsi qu’à mon nom propre, présenter au Peuple tchadien et particulièrement à la famille de l’illustre disparu nos vives et sincères condoléances ».

Alpha Condé

« C’est avec consternation que j’ai appris le décès tragique de mon ami et frère, le Président Idriss Deby ITNO.

Je salue la mémoire d’un grand patriote, un homme courageux et engagé pour la paix au Sahel.

J’adresse mes condoléances les plus émues à sa famille, à ses proches, ainsi qu’au peuple frère de la République du Tchad.

Que son âme repose en paix ! »

Alassane Ouattara

 

 

«  Le Président Idriss Deby Itno était un des leaders en matière de lutte contre le terrorisme international. Sa disparition brutale est une grosse perte pour les Peuples du Tchad, du G5 Sahel et la communauté internationale dans son ensemble.

Lors de mes fonctions à la tête de l’Union Africaine, en 2012, le Président Deby m’a marqué par l’inoubliable décision d’envoyer dès les premières heures, le plus grand contingent de soldats pour stopper la progression des djihadistes à Mopti au Mali, aux côtés de la France et de ses voisins. Notre souci était d’éviter la chute de Bamako donc celle de toute l’Afrique de l’ouest.

Dans un contexte marqué par la détermination d’un tel combat contre les terroristes, je voudrais présenter au Peuple tchadien, à la communauté internationale et à la famille de l’illustre disparu mes sincères condoléances.

En ce mois béni du Ramadan, je supplie Dieu, le Grand Miséricordieux, d’accueillir ce Baobab dans sa félicité infinie ».

Boni Yayi

« Le Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno, Président de la République du Tchad, est mort comme il a vécu. En combattant.

Mes condoléances les plus attristées à sa famille et au peuple tchadien.

Dans cette épreuve douloureuse, le Tchad pourra compter sur l’entière solidarité du Gabon ».

Ali Bongo

« C’est avec une grande émotion que je viens d’apprendre la mort d’

Idriss Deby Itno

, président en exercice du G5 Sahel. Je présente mes condoléances attristées à sa famille et au peuple tchadien. Qu’Allah l’accueille au paradis ».

Mohamed Bazoum

3è mandat : Content de ne plus être le seul mauvais élève dans la sous-région, Faure Gnassingbé était aux investitures de Ouattara et Condé

En Côte d’ivoire comme en Guinée, les deux présidents viennent d’être élus pour un troisième après des scrutins contestés.

Le président Togolais était  aux investitures de ses homologues de la Côte d’Ivoire et de la Guinée Conakry. Le lundi 14 décembre, Faure Gnassingbé s’est rendu en Côte d’Ivoire pour prendre part à la cérémonie d’investiture de Alassane Dramane Outarra.

Toujours le lundi, il a ensuite effectué le déplacement de Conakry pour prendre part à l’investiture de Alpha Condé.

En Côte d’ivoire comme en Guinée, les deux présidents viennent d’être élus pour un troisième après des scrutins contestés.

Suffisant pour inciter le président Togolais à effectuer ce double voyage dans la même journée. Au pouvoir depuis 2005 et avec ses 4 mandats, Faure Gnassingbé vient d’être rejoint par Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara dans le club des présidents à plus de deux mandats.

Pas besoin d’être devin pour alors savoir que le président Togolais  tout content, heureux et joyeux de ne plus être regardé comme le seul mauvais élève dans l’espace Cédeao a assisté à ces deux investitures.

Manassé AGBOSSAGA

Présidentielle américaine: Réaction de Alpha Condé après la victoire de Joe Biden

Le président Guinéen vient de réagir à la victoire de Joe Biden aux Etats-Unis. A travers un message laconique publié sur ses comptes officiels, Alpha Condé a adressé ses félicitations à l’ancien-vice président pour sa victoire face à Donal Trump.

Le président Guinéen vient de réagir à la victoire de Joe Biden aux Etats-Unis. A travers un message laconique publié sur ses comptes officiels, Alpha Condé a adressé ses félicitations à l’ancien-vice président pour sa victoire face à Donal Trump.

« Mes sincères et chaleureuses félicitations à Joe Biden et Kamala Harris portés à la tête des États-Unis par le peuple américain »,  a-t-il écrit, avant d’ajouter « Nous continuerons à renforcer notre coopération multiforme au bénéfice de nos deux nations ».

Un appel de pied de Alpha Condé, fraîchement réélu à la tête de la Guinée pour un troisième mandat et contesté par l’Opposition ?

Manassé AGBOSSAGA

Crise électorale en Guinée: Jean Luc Mélenchon critique Alpha Condé et apporte son soutien aux manifestants

Le Député de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, et président du groupe France Insoumise s’invite dans le débat de la crise électorale en Guinée Conakry.

Le Député de la 4e circonscription  des Bouches-du-Rhône, et président du  groupe  France Insoumise s’invite dans le débat  de la crise électorale en Guinée Conakry.

Sur son compte tweeter, ce  jeudi 22 octobre, Jean Luc  Mélenchon a critiqué le président guinéen.

Jean Luc Mélenchon
Jean Luc Mélenchon

« En Guinée, Alpha Condé fait tirer sur son peuple, en révolution depuis octobre 2019 », a fustigé l’ancien candidat malheureux à la présidentielle française.

Face à cela, il a ouvertement apporté son soutien au peuple guinéen. Il profite d’ailleurs pour dénoncer le silence de la communauté internationale.

« Une pensée émue pour les adolescents qui sont tombés sous les balles. Macron et la communauté internationale détournent le regard. La Guinée n’intéresse que lorsqu’il s’agit de piller ses mines », a-t-il posté.

L’opposant Cellou Dalein Diallo a revendiqué la victoire de la présidentielle du dimanche dernier. Il a ensuite été contredit par la commission électorale qui d’après les premières tendances,  donne vainqueur, le président sortant Alpha Condé, candidat à un troisième mandat. Depuis lors, les affrontements entre populations et forces de l’ordre ont repris, avec plusieurs morts.

Manassé AGBOSSAGA

Tshisekedi refuse d’aller à l’école de Biya, Déby, Condé, Ouattara, … : «Je n’entends pas m’éterniser au pouvoir»

Elu en 2019, l’actuel président de la République démocratique du Congo (RDC) repousse toute idée de président à vie.

Elu en 2019, l’actuel président de la République démocratique du Congo (RDC) repousse toute idée de président à vie.

A l’occasion d’un échange avec la presse lors de sa visite de travail en Belgique, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo  a rassuré de son bref passage à la tête du pays.

« Je peux vous dire que je n’entends pas m’éterniser au pouvoir (…) », rassure le président de la RDC d’après un des journalistes présents à cette rencontre, et rapporté par le site 7SUR7.CD.

Puis d’avancer : « Il est humainement épuisant d’accomplir deux mandats à la tête de l’État ».

S’il n’a pas cité de nom, il est toutefois clair que Félix Tshisekedi refuse d’aller à l’école de Paul Biya du Cameroun, Idriss Déby du Tchad, Dénis Sassou N’Guesso du Congo Brazaville, Alpha Condé de la Guinée Conakry, Alassane Ouattara, … au pouvoir depuis plusieurs années et dont le départ n’est visiblement  pas pour demain.

Manassé AGBOSSAGA  

Plus d’un million d’abonnés sur sa page Facebook : Alpha Condé aux anges, comme ‘‘go’’ de Savalou qui a trouvé mari ‘‘benguiste’’

Le président de la Guinée Conakry est tout joyeux comme jamais. Non pas, pour avoir réussi à déposer sa candidature pour un troisième mandat et à diviser l’opposition, mais pour un record battu sur sa page facebook.

Le président de la Guinée Conakry est tout joyeux comme jamais. Non pas, pour  avoir réussi à déposer sa candidature pour un troisième mandat et à diviser l’opposition, mais pour un record battu sur sa page facebook.

En effet, Alpha Condé a exprimé sa joie immense pour les millions d’abonnés qui le suive sur le réseau social Facebook.

« Chers amis, vous êtes désormais plus d’un million d’abonnés à me suivre quotidiennement sur ma page Facebook. C’est un beau parcours que nous avons accompli jusque-là ensemble. Je vous remercie du fond du cœur », a-t-il publié, accompagné d’une vidéo.

Aux anges, Alpha Condé se dit désormais prêt à mettre la Guinée Conakry sur les rails du développement.

« Comme vous le savez, d’autres importants défis nous attendent. Soyez-en rassurés: nous sommes prêts à les relever à vos côtés, pour que la Guinée continue de briller et de progresser dans la voie du développement et du bien-être pour tous.Je compte sur vous », rassure t-il.

Kpakpatotiquement parlant, cette joie ressemble à celle d’une ‘‘go’’ (femme) de Savalou qui vient de se trouver un petit ‘‘benguiste’’ (blanc).

Manassé AGBOSSAGA

3ème mandat: Buhari adresse un message voilé à Condé et Ouattara

Le président nigérian Buhari a adressé un message voilé à ses homologues de la Guinée Conakry et de la Côte d’Ivoire, lors du sommet des dirigeants du bloc régional, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), tenu à Niamey, la capitale du Niger. Muhammadu Buhari, a notamment appelé les présidents d’Afrique de l’Ouest à respecter la limite constitutionnelle de leur mandat.

Le président nigérian Buhari  a adressé un message voilé à ses homologues de la Guinée Conakry et de la Côte d’Ivoire, lors du sommet des dirigeants du  bloc régional, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao),  tenu à Niamey, la capitale du Niger. Muhammadu Buhari, a notamment appelé les présidents d’Afrique de l’Ouest à respecter la limite constitutionnelle de leur mandat.

« Il est important qu’en tant que dirigeants de nos différents États membres de la Cedeao, nous respections les dispositions constitutionnelles de nos pays, notamment en ce qui concerne la limitation des mandats. C’est un domaine qui génère des crises et des tensions politiques dans notre sous-région », a-t-il déclaré, d’après des propos rapportés par la BBC.

Le président ivoirien Alassane Ouattara

Candidats à un troisième mandat dans leurs pays respectifs, Alassane Ouattara er Alpha Condé apprécieront !!!

Manassé AGBOSSAGA

3ème mandat des présidents Ouattara et Condé : « Un débat essentiellement éthique et politique », d’après l’ancien ministre de la Justice Topanou

Victor Topanou analyse dans une tribune la situation électorale en Guinée Conakry et en Côte d’Ivoire. Pour l’ancien ministre de la Justice, les candidatures de Alpha Condé et de Alassane Ouattara pour un troisième mandat posent un problème « éthique et politique », mais non juridique. Voici son développement

Victor Topanou analyse dans une tribune la situation électorale en Guinée Conakry et en Côte d’Ivoire. Pour l’ancien ministre de la Justice, les candidatures de Alpha Condé et de Alassane Ouattara pour un troisième mandat posent un problème « éthique et politique », mais non juridique. Voici son développement.

Lire l’intégralité de sa tribune

L’actualité politique et démocratique en Afrique de l’Ouest depuis quelques mois se focalise autour des élections présidentielles en Côte-d’Ivoire et en Guinée. Ces deux pays illustrent en ce moment la problématique de la pérennisation des régimes au pouvoir par la technique de la violation du principe constitutionnel du « mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une fois ».
C’est qu’en effet, il est apparu aux yeux des pères fondateurs des démocraties africaines que le principe de la limitation des mandats présidentiels était un excellent moyen de rompre avec les régimes monolithiques et les présidences à vie des trente premières années des indépendances africaines. Il semblait être le meilleur moyen de garantir, non seulement le renouvellement de la classe politique à travers l’alternance au sommet de l’Etat, mais aussi et surtout la pacification de la vie politique. Mais très rapidement, certains gouvernants très assoiffés du pouvoir, ont décidé d’user de tous les subterfuges juridiques à leur disposition pour briser le consensus de la limitation des mandats présidentiels en procédant à des révisions constitutionnelles dont le seul but est de pérenniser leur pouvoir : il s’agit des révisions constitutionnelles opportunistes.
De façon constante, nous distinguons trois types de révisions constitutionnelles à savoir les révisions constitutionnelles opportunistes dont la seule finalité est de pérenniser les pouvoirs en place (elles touchent pour l’essentiel à la limitation des mandats et aux critères d’éligibilité), les révisions constitutionnelles de crise qui sont faites en situation de crise justement pour sortir des crises toujours occasionnées par les acteurs politiques et enfin les révisions constitutionnelles de confort qui sont celles qui interviennent pour renforcer, soit les droits et devoirs des citoyens, soit le fonctionnement démocratique des Institutions. Si les révisions constitutionnelles de confort sont souhaitées, les révisions constitutionnelles opportunistes, elles, sont à proscrire et quant aux révisions constitutionnelles de crise, elles s’imposent.
C’est la Guinée du Professeur de Droit Alpha Condé et la Côte-d’Ivoire de l’économiste Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui s’illustrent négativement dans la sous-région depuis quelques mois.
Or depuis, l’insurrection populaire du 31 Octobre 2014 au Burkina Faso qui a renversé le régime de Blaise Compaoré, l’Afrique de l’Ouest, à l’exception notoire du Togo, semblait avoir fini avec les révisions constitutionnelles opportunistes et la présidence à vie : les pays anglophones, tels le Nigéria, le Ghana, le Libéria, la Sierra-Léone de même que certains pays francophones et les Iles du Cap Vert semblaient afficher une stabilité rassurante sur cette question. C’est la Guinée du Professeur de Droit Alpha Condé et la Côte-d’Ivoire de l’économiste Alassane Dramane Ouattara (ADO) qui s’illustrent négativement dans la sous-région depuis quelques mois. Ces deux cas présentent toutes les caractéristiques des révisions constitutionnelles opportunistes, à savoir conçues pour pérenniser les régimes des Présidents Alassane Ouattara et Alpha Condé au pouvoir. Tous les deux ont en commun d’être des élites intellectuelles dont les parcours respectifs ne laissaient présager une fin pareille.
Mais très tôt, les débats sur leur désir de faire un troisième mandat se sont focalisés autour de la dimension juridique de la question à savoir si le caractère légal ou illégal du troisième mandat et l’intérêt de cette réflexion est de montrer que ce débat a trois dimensions, la dimension juridique, bien sûr mais aussi les dimension éthique et politique qui sont probablement plus importantes encore que la dimension juridique. En effet, non seulement on aurait tort de réduire ce débat à sa seule dimension juridique qui a déjà été vidée aussi bien sur le fond que sur la forme lors de l’adoption de ces nouvelles constitutions (I) mais aussi et surtout il importe de souligner que les dimensions éthique et politique doivent prédominer (II).

I / Un débat juridique vidé avec l’adoption des nouvelles constitutions

Une constitution ne connaît que deux sorts, soit elle est révisée, soit elle est changée. Dans le premier cas, il faut souligner que toutes les Constitutions prévoient en leur sein, leurs propres procédures de révision aussi bien sur la forme que sur le fond tandis que dans le second cas, aucune constitution ne prévoit sa propre disparition. Elles sont abrogées, soit de façon directe par l’adoption d’une nouvelle constitution, soit de façon indirecte par sa suspension en cas de coup d’Etat avec toutes les conséquences de droit et en attendant l’adoption d’une nouvelle. Dans le premier cas, les débats sont plus compliqués car la difficulté a toujours été de savoir jusqu’où peut-on continuer de parler d’une simple révision et à partir de quel moment peut-on parler de l’adoption d’une nouvelle constitution ; et puisqu’aucune constitution ne règle le problème, c’est à la doctrine qu’il est revenu de le faire.
Et dans la doctrine, c’est au Professeur Martin Bléou qu’il revient ce qu’il n’est pas superflu de considérer comme étant la meilleure définition. En effet, c’est au cours d’une conférence inaugurale prononcée le lundi 3 décembre 2007 à l’occasion de la rentrée solennelle de la Chaire Unesco des Droits de la Personne et de la Démocratie de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin (voir pp. 5 & 6), que le Professeur Martin Bléou, avec toute la maîtrise et le doigté qu’on lui connaît, a définitivement tranché, de notre point de vue, le débat. D’abord, le Professeur Martin Bléou donne deux définitions de la révision constitutionnelle, l’une négative, l’autre positive. Pour lui :
« Négativement, la révision de la Constitution n’est pas l’établissement de celle-ci. En d’autres termes, par la technique de la révision, on ne saurait aboutir à la mise en place d’une Constitution nouvelle, distincte de l’ancienne. C’est que positivement, la révision consiste dans la modification de la Constitution existante. Et cela peut se traduire par une adjonction ou une soustraction ».
Ainsi, même s’il ne dit rien sur la forme, il est très largement admis que la révision d’une Constitution se fait par le biais du constituant dérivé, c’est-à-dire par la voie parlementaire. Il n’a jamais été utile dans le cadre d’une simple révision constitutionnelle d’organiser un référendum sauf sur certaines questions très sensibles et sous certaines conditions préalablement définies par le constituant originel dans la Constitution. De même, sur le fond, une révision est nécessairement chirurgicale et ne concerne que très peu de points, trois à cinq au maximum.
Ensuite, en voulant montrer à partir de quand l’on peut et l’on doit parler d’une nouvelle constitution, le Professeur Martin Bléou s’est inspiré de la révision constitutionnelle opérée par l’Assemblée Nationale de Côte-d’Ivoire le 2 juillet 1998 et qui a touché 53 articles pour constater que :

« Cette révision constitutionnelle a affecté la procédure de révision initialement établie par la Constitution du 03 novembre 1960, rendu plus sévères les conditions d’éligibilité à la Présidence de la République, a offert aux Associations de défense des droits de l’homme légalement constituées le droit d’attraire devant le Conseil Constitutionnel les lois portant atteinte aux libertés publiques, créé trois Cours suprêmes (la Cour de Cassation, le Conseil d’État, la Cour des Comptes) ».
Et de conclure que :
« Cette révision constitutionnelle a été critiquée comme une fraude à la Constitution. L’on s’est demandé si l’organe investi du pouvoir de réviser la Constitution n’a pas outrepassé ses pouvoirs. Certains ont même parlé de détournement de procédure car par la technique de la révision, l’on avait abouti à des institutions nouvelles, à des principes nouveaux. Ce qui autorisait à y voir en fait une Constitution nouvelle. L’on a même pu conclure à la banalisation de la Constitution, loi suprême ».
Ici aussi, même s’il ne dit expressément rien sur la forme, il est largement admis que l’on ne peut adopter une nouvelle constitution par voie parlementaire. C’est pourquoi il parle de « détournement de procédure ». Car une nouvelle constitution, pour être revêtue de toute sa légitimité et de toute sa splendeur se doit d’être adoptée par voie référendaire. De même sur le fond, dans l’hypothèse d’une nouvelle constitution, l’on peut toucher à autant de points que l’on veut, voire même changer la nature du régime (présidentiel, parlementaire, semi-présidentiel, voire même présidentialiste).
Or, à l’évidence, en Côte-d’Ivoire comme en Guinée, il s’agit bel et bien de l’adoption de nouvelles Constitutions et non de révisions constitutionnelles car non seulement sur le fond, elles créent de nouvelles institutions en suppriment d’autres, changent profondément la nature de certaines autres et créent des principes nouveaux mais aussi sur la forme, elles sont régulièrement revêtues de la légitimité populaire obtenue par voie référendaire. C’est pourquoi, ça ne fait pas sens de soutenir qu’une nouvelle constitution régulièrement adoptée ne serait plus une nouvelle constitution parce qu’elle reprendrait quelques principes de l’ancienne constitution.
Autrement dit, parce que le principe de la limitation des mandats est reconduit d’une constitution à une autre, ou encore parce que le principe de la laïcité de l’Etat est reconduit d’une constitution à l’autre, on ne serait plus en droit de parler d’une nouvelle constitution avec ses effets induits, même si cette nouvelle constitution est adoptée par référendum et qu’elle contient de nouvelles institutions et instaure de nouveaux rapports entre les différents pouvoirs. Au total, elle serait nouvelle sur certains aspects et ancienne sur d’autres ; non, une Constitution est nouvelle ou ne l’est pas et quand elle est juste révisée, elle demeure la même constitution et ne devient pas une nouvelle constitution. En définitive, le débat sur le troisième mandat des Présidents Alpha Condé et Alassane Ouattara est un débat éthique et politique.

II/ Un débat essentiellement éthique et politique

Sur le plan éthique, les Ivoiriens ont bien le droit de reprocher au Président Alassane Ouattara le fait qu’il leur ait menti pour les convaincre de voter oui au référendum constitutionnel. En effet, selon plusieurs acteurs politiques dont le Ministre de la Justice, la nouvelle constitution n’aurait jamais permis au Président sortant de se représenter pour un nouveau mandat. De sorte qu’en se présentant maintenant, plusieurs centaines de milliers de citoyens se sentent trahis et floués. Le PDCI également pourrait se sentir trahi parce que selon un accord politique, dont eux seuls connaissent la teneur, le parti aurait soutenu Ouattara afin qu’au terme de ses deux mandats, ce dernier lui retourne l’ascenseur et non pas se représenter contre lui.
De même, les Guinéens sont parfaitement légitimes à reprocher à leur Président d’avoir tué certains parmi eux, juste pour faire adopter la nouvelle constitution qui lui permet aujourd’hui de se présenter pour un nouveau mandat : cela relève de l’éthique et peut remettre en cause la légitimité des gouvernants sans jamais remettre en cause leur légalité. Dans l’un et l’autre cas, les populations ont également le droit d’aspirer au renouvellement de leurs classes politiques et de considérer que les candidats Ouattara et Condé sont trop âgés pour se représenter, et ce, au regard de l’âge qu’ils auront à la fin des mandats qu’ils briguent actuellement, soit plus de quatre-vingt-ans. En plus, leurs concitoyens se souviennent de leurs prises de position sur la question de l’âge des candidats à l’élection présidentielle : faire fi de tout cela et se représenter aujourd’hui relève aussi de l’éthique, pas de la légalité.
Certes, sous tous les cieux, il y a une poussée et une demande de plus en plus fortes d’une politique plus propre et plus éthique, certains allant jusqu’à souhaiter une politique plus morale.
Malheureusement, tout le monde sait que la politique et l’éthique n’ont jamais fait bon ménage et ils ne sont pas prêts à le faire de sitôt : en politique, seuls les rapports de force et les intérêts comptent et compteront longtemps encore. En effet, si les peuples sont de plus en plus demandeurs d’éthique, voire de morale, c’est aussi parce qu’ils savent ne pas pouvoir compter sur la politique qui est cruelle et cynique avec eux ; c’est surtout parce qu’ils savent que la faiblesse structurelle de leurs Etats ainsi que la faiblesse chronique de la culture démocratique de leurs gouvernants ne constituent pas des remparts pour eux.

Manifestations contre la candidature de Ouattara à Yopougon-Sicogi

En effet, ils voient bien comment leurs gouvernants sont capables d’entraîner leurs pays dans des guerres juste pour défendre leurs intérêts personnels et égoïstes. Ils les savent capables de retourner l’appareil répressif des Etats contre les populations toujours pour défendre et protéger leurs intérêts personnels et égoïstes. Ils savent enfin, sans prétendre à l’exhaustivité, que pour leurs gouvernants, les Etats ne sont que d’immenses gâteaux à parts multiples et infinies et qu’in fine l’enjeu ultime de leurs bagarres n’est rien que le contrôle pour cinq ans et pour le plus longtemps possible des richesses nationales : ils les savent tous prédateurs.
Mais ils les savent aussi capables de profiter de la faiblesse de la culture démocratique de leurs concitoyens. Ainsi, aux yeux et à la barbe des opinions publiques nationale et internationale, les fraudes électorales institutionnelles et individuelles, chaque jour toujours plus sophistiquées, sont organisées pour tronquer l’expression populaire et pérenniser les régimes en place. Au point où, la conscience collective a fini par intérioriser qu’en Afrique, un pouvoir en place ne peut organiser une élection et la perdre. Ils savent aussi et surtout que leurs élites prédatrices instrumentalisent à leur seul profit les valeurs démocratiques auxquelles elles s’empressent d’opposer quand ça les arrange les contre valeurs culturelles africaines telles l’interdiction de s’opposer à la parole des aînés ou encore le règne à vie du Chef si caractéristique du fonctionnement monarchique de nos sociétés traditionnelles.
Mais que faire face à cette situation inextricable de divorce presqu’inconciliable entre d’un côté, des peuples désabusés qui sont demandeurs de plus d’éthique, voire de morale et de l’autre des gouvernants toujours plus prédateurs et égoïstes ? A nos yeux, il n’y a que deux voies, la voie interne et la voie externe. Sur le plan interne, il y a la voie du peuple et celle des armes. Le peuple a deux solutions, la première l’expression démocratique et la seconde, celle de l’insurrection populaire. La première est souvent sans issue avec toute l’ingénierie de fraude que développent les gouvernants. La seconde donne l’illusion d’une vraie victoire populaire. Mais en réalité, très vite les gouvernants reprennent le dessus.
Il n’existe pas un seul pays au monde où l’insurrection populaire a effectivement changé les choses en profondeur ; ni dans la France révolutionnaire ni dans le Burkina Faso de 2014, encore moins en Egypte, en Syrie ou ailleurs : très rapidement, les peuples se font voler leur victoire par une nouvelle élite de prédateurs en embuscade pour faire triompher ses intérêts. En ce qui concerne la voie des armes, quelles que soient ses formes (rebellions, guerre civile ou autres), elle constitue toujours la pire des solutions. La violence exacerbe les inégalités et les antagonismes ; elle laisse des plaies béates et inutiles qui mettent longtemps, très longtemps à cicatriser et à guérir.
Sur le plan externe, il y a exclusivement le rôle des Organisations internationales, qu’elles soient sous-régionales, régionales ou internationales. Ces derniers temps c’est la CEDEAO qui est sous les feux de la rampe. Il lui est reproché surtout sa fâcheuse tendance à supporter les régimes en place contre les peuples, à jouer le haut contre le bas comme si elle pouvait faire autrement. La Cedeao reste et demeure une Organisation Internationale des Etats ; en tant que tel, elle est garante de la légalité internationale. Or, le droit international est édicté par les Etats pour se protéger ; il en découle que la Cedeao est faite pour protéger les Etats et leur volonté : dans ce registre, elle ne joue que trop bien son rôle. Ceci dit, elle peut faire mieux, mais pour faire mieux, il faut que les peuples obtiennent de leurs Etats qu’elle fasse mieux.
Dans ce sens, il faut avoir le courage d’ouvrir une vraie réflexion sur le principe de la « souveraineté limitée » ou encore de la limitation de la souveraineté des Etats afin de permettre à des Organisations Internationales, réellement supranationales de définir et de mettre en œuvre des politiques communes au profit des peuples et surtout de se donner les moyens de privilégier la diplomatie préventive. C’est possible mais encore faut-il en avoir la volonté politique car comme l’écrivait Edem Kodjo dans Et demain l’Afrique, la « volonté politique a toujours précédé dans l’histoire, la réalisation des grandes œuvres politiques, économiques et sociales ».
En attendant, la seule solution est l’éducation pour tous, qu’elle soit formelle ou non formelle ; elle seule pourra faire reculer le plus loin possible les frontières de l’ignorance, source de tous les malheurs ; et le temps fera le reste.

Par Prudent Victor Toponou
Maître de conférences de sciences politiques
Faculté de droit et et de sciences politiques Université d’Abomey-Calavi