L’ancien maire de Cotonou en exil s’est adressé au peuple béninois à l’occasion de la fête du 01 août. Léhady Soglo a notamment profité pour critiquer le régime de Patrice Talon. Il dit constater avec déception la perte du « label de l’héritage issue de la conférence nationale en quelques années de rupture seulement ». Nous vous invitons à prendre connaissance de son message pour vous en rendre compte.
MON MESSAGE A L’OCCASION DE LA FETE DU 1ER AOUT.
60 ans que notre pays a accédé à la souveraineté nationale, en ce 1er août 2020. Un bel âge pour se projeter dans l’avenir à travers des perspectives claires vis-à-vis de la jeunesse, des femmes, des travailleurs et de toutes les couches de notre nation.
Ce devrait être en effet un moment de faire une halte et se parler entre citoyens sur les enjeux de l’heure. Nos aînés nous ont toujours enseigné que la construction de la nation est une œuvre de tous les instants, génération par génération.
En abordant l’étape de 2020, en effet, les citoyens du Bénin que nous sommes, devrions nous préoccuper de ce que nous sommes devenus. En si peu de temps nous avons perdu le label qui nous a rendu si fiers, si sûrs de nous-mêmes, si confiants; le label de l’héritage issue de la conférence nationale des forces vives de février 1990.
A cette historique rencontre nous avions proclamé à la face du monde, avec enthousiasme, avoir vaincu la fatalité. Plus jamais ça ! avions nous dit à cette tribune.
Et pourtant, il a suffit de quelques années de rupture seulement pour revivre la terreur des exilés, des prisonniers sans jugement pour certains , des jugements d’exception pour d’autres, des ballets de chars d’assaut dans nos villes, des opérations militaires d’envergure sur notre territoire, et hélas des manifestants et étudiants tués par des balles tirées à bout portant par des agents en uniforme.
En ce 1er août 2020, les Béninois ont certainement envie de voir autre chose qu’un parlement boudé par une écrasante majorité des électeurs, monocolore et composé en totalité de gens entièrement acquis au gouvernement en place. Ils n’ont certainement pas la joie au cœur en constatant ce que sont devenues les institutions de la République engluées dans des compromissions inquiétantes , les acteurs de la société civile, les médias nationaux et même les milieux d’affaires totalement désarticulés par une insécurité judiciaire chronique.
Je vous épargne les méandres de mes mésaventures personnelles récemment conclues par un verdict qui démontre à souhait l’acharnement politique dont je suis l’objet.
Néanmoins nous avons espoir en la capacité de notre peuple à se réinventer à chaque fois qu’il se trouve assailli par les épreuves comme c’est le cas en ce moment.
Malgré la terreur imposée notre peuple est resté digne et n’a pas basculé dans la violence comme on peut le voir partout sur le continent.
Nous trouverons les ressorts internes nécessaires pour redorer le blason de notre chère nation. Le rétablissement de la démocratie et de l’Etat de droit demeure la seule motivation dans la continuité de l’héritage de février 1990.
Vive la Démocratie
Vive le Benin
Je vous remercie