Faits saillants du procès de Donald Trump: acquittement, colère et une balle courbe

Le deuxième procès en destitution de Donald Trump s’est soldé par un acquittement samedi, le parquet dirigé par les démocrates n’ayant pas réussi à recueillir suffisamment de soutien républicain pour condamner l’ancien président pour avoir incité à l’attaque meurtrière contre le Capitole américain.© Fournis par La Presse Canadienne

Sept républicains ont rejoint 50 démocrates, mais ceux-ci avaient 10 voix de moins que  les 67 nécessaires pour déclarer  Donald Trump coupable.

Le vote d’acquittement de Donald Trump en sera un «d’infamie dans l’histoire du Sénat américain», a déclaré le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, un démocrate de New York.

Une grande partie de la base républicaine reste farouchement fidèle à Donald Trump, même après qu’il ait échoué  à remporter un deuxième mandat. Et de nombreux sénateurs républicains hésitent à se mettre à dos un ancien président connu pour être rancunier et exercer des représailles.

Le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell, a déclaré qu’il ne faisait aucun doute que Donald Trump «est pratiquement et moralement responsable» de l’attaque. Pourtant, il a voté pour l’acquittement, arguant qu’il n’est pas constitutionnel de condamner un ancien président qui est maintenant un simple citoyen.

Voici les faits marquants de la dernière journée du procès:

LE CAS PRÉSENTÉ PAR LES DÉMOCRATES

Le discours de Donald Trump du 6 janvier n’a pas,  à lui seul,  incité ses partisans à prendre d’assaut le Capitole, ont déclaré les démocrates lors des plaidoiries. Le discours était plutôt le point culminant d’une campagne de plusieurs mois de Donald Trump qui a incité ses partisans à la violence pour faire avancer le «grand mensonge» selon lequel les élections de 2020 avaient été volées.

«Cette démarche a pris du temps et a abouti à la demande de Donald Trump à ses partisans de « réserver la date » du 6 janvier», a déclaré la représentante Madeleine Dean de Pennsylvanie, l’une des responsables de la mise en accusation de la Chambre.

Les preuves étaient claires pour ceux qui regardaient ce qui se produisait, ont fait valoir les démocrates.

Des mois avant les élections, Donald Trump a répété ad nauseam le mensonge selon lequel il ne pouvait perdre qu’en raison d’une fraude électorale généralisée. Il a refusé de s’engager dans un transfert du pouvoir pacifique. Et dans un discours tôt le matin après le jour du scrutin, il a affirmé être le gagnant.

Dans les semaines qui ont suivi, Donald Trump et ses alliés ont présenté une litanie de théories du complot et d’affirmations sans preuve selon lesquelles l’élection avait été volée.

Mais il n’y a pas eu de fraude généralisée, comme l’ont confirmé les responsables électoraux de tout le pays et le procureur général de l’époque William Barr. Des dizaines de contestations judiciaires de l’élection lancées par Donald Trump et ses alliés ont été rejetées, y compris par la Cour suprême.

De plus en plus désespérée, la campagne de Trump a joué un rôle dans la planification du rassemblement «arrêtez le vol» précédant l’attaque du Capitole. Donald Trump lui-même a invité ses partisans à y assister. «Soyez là, ce sera sauvage!» a-t-il tweeté.

Il a indiqué  «à sa base exactement quand, où et contre qui,  il fallait se battre», a déclaré Madeleine Dean. «Ils l’ont fait pour Donald Trump, sous sa direction. À sa commande.»

LA DÉFENSE DE DONALD TRUMP

Les avocats de Donald Trump ont qualifié le procès en destitution de «mascarade complète» imposée au pays par un parti d’opposition «obsédé par la destitution de M. Trump dès le début de son mandat».

Lors de l’argument final,  l’avocat Michael van der Veen a fait valoir que Donald Trump était une victime, pas l’instigateur. Et la violence n’a pas été le produit d’une campagne de plusieurs mois pour renverser les élections. Elle a été enracinée, a-t-il expliqué, dans la réticence des démocrates à condamner les violentes émeutes de l’été dernier, qui ont parfois découlé de manifestations pour la justice raciale.

«Comment sommes-nous arrivés à cet endroit où les émeutes et les pillages deviendraient monnaie courante?», a déclaré Michael van der Veen. «Mois après mois, des dirigeants politiques et des personnalités médiatiques, assoiffés de sang, glorifiaient les troubles civils et condamnaient les mesures raisonnables d’application de la loi qui sont nécessaires pour réprimer les foules violentes.»

En ce qui concerne le discours du 6 janvier, Michael van der Veen a déclaré que Donald Trump n’exerçait que son droit à la liberté d’expression. Ce jour-là,  il a demandé à ses électeurs de marcher vers le Capitole et de «se battre comme en enfer».

BALLE COURBE

Un vote final était rapidement attendu samedi.  Mais vendredi soir, une déclaration d’une élue républicaine a brouillé les cartes.

Le représentant Jaime Herrera Beutler de l’État de Washington a détaillé une conversation qu’elle a eue avec le chef de la minorité à la Chambre, Kevin McCarthy, à la suite de l’attaque du 6 janvier, qui a révélé que  Donald Trump n’était pas intéressé à réprimer la foule alors qu’elle se déchaînait dans le Capitole.

Herrera Beutler a déclaré que Kevin McCarthy lui avait dit qu’il avait parlé avec Donald Trump au téléphone pendant l’attaque, et avait demandé de toute urgence au président de calmer ses partisans.

Au départ, Donald Trump a blâmé des groupes de gauche. «Kevin, ils ne sont pas avec moi», a déclaré Donald Trump à Kevin McCarthy.

Kevin McCarthy aurait riposté: «Oui, ils le sont, ils viennent de passer par mes fenêtres et mon personnel court pour se mettre à l’abri. Ouais, ce sont vos partisans. Appelez-les », a raconté Herrera Beutler.

«Eh bien, je suppose que ces gens sont seulement plus en colère contre les élections et bouleversés que vous», a répondu Donald Trump. 

La représentante du Congrès avait déjà parlé à un journal de son district de l’appel téléphonique. Mais cela n’avait pas attiré l’attention générale jusqu’à ce qu’elle publie une déclaration à ce sujet vendredi soir à la suite d’un reportage de CNN. 

Les sénateurs ont été clairement surpris par l’évolution de la situation et ont envisagé d’autoriser des témoins, une mesure qu’ils espéraient éviter, car cela pourrait retarder le procès. Les esprits se sont enflammés et le Sénat a été suspendu. 

La procédure a finalement repris et les témoins n’ont pas été autorisés. La déclaration de Herrera Beutler a été incluse au dossier du procès.

AVOCAT EN COLÈRE

Michael van der Veen, le principal avocat de la défense de Donald Trump, était visiblement agité.

Sa voix s’est élevée à plusieurs reprises alors qu’il frappait le lutrin du Sénat avec son doigt, en colère contre les démocrates de vouloir assigner Herrera Beutler.

Il a fait valoir que si l’élue du Congrès était assignée à comparaître, il devrait également être en mesure de «d’envoyer des assignations à comparaître à un bon nombre de personnes».

«Ces dépositions doivent être faites en personne, dans mon bureau à Phil-eeeee-delphie», a-t-il-dit.

Sa prononciation de Philadelphie (Phil-eee-delphia en anglais) a suscité un rire chaleureux de la part des sénateurs.

«Je ne sais pas pourquoi vous riez», a déclaré van der Veer avec mépris. «Je n’ai ri d’aucun d’entre vous et il n’y a rien de risible ici.»

Le sénateur Patrick Leahy, un démocrate du Vermont qui présidait le procès, est finalement intervenu.

«Toutes les parties présentes dans cette salle doivent s’abstenir d’utiliser un langage qui ne favorise pas le discours civil», a déclaré Patrick Leahy

La Presse Canadienne

Joe Biden réagit à l’acquittement de Donald Trump: «la démocratie est fragile»

Le président Joe Biden a réagi à l’acquittement de Donald Trump en déclarant que tous les Américains, en particulier les dirigeants du pays, ont le devoir et la responsabilité de «défendre la vérité et de vaincre les mensonges».© Fournis par La Presse Canadienne

Joe Biden a ajouté que  «c’est ainsi que nous mettrons fin à cette guerre incivile et guérirons l’âme même de notre nation. Telle est la tâche qui nous attend. Et c’est une tâche que nous devons entreprendre ensemble. »

Le nouveau président a également déclaré  «que la violence et l’extrémisme n’ont pas leur place en Amérique».

La Maison-Blanche a publié la déclaration de Joe Biden samedi soir, plusieurs heures après que le Sénat n’ait pas réussi à réunir les deux tiers des voix nécessaires pour condamner Donald Trump.

Le mercredi 20 janvier, Joe Biden a officiellement été nommé président des États-Unis, et le mandat de quatre ans de Donald Trump à la tête du plus haut bureau de la nation américaine a pris fin. Trump, un promoteur immobilier et une vedette de téléréalité ne possédant aucune expérience politique ou militaire, a connu une présidence mouvementée, pour ne pas dire tumultueuse. Passons en revue les années de Trump à la Maison-Blanche ainsi que les évènements et les mésaventures qui les ont définies à travers ces remarquables photos.

Le Sénat a acquitté M. Trump de l’accusation d’avoir incité à une insurrection, même si 57 des 100 élus l’ont jugé coupable.

 Sept membres du parti républicain de Donald Trump ont voté contre lui.

L’insurrection au Capitole américain et le rôle de Donald Trump dans celle-ci est, selon Joe Biden,  un «triste chapitre» de l’histoire américaine et un rappel que la démocratie est fragile et doit toujours être défendue. Il a ajouté que la nation «doit être toujours vigilante».

La Presse Canadienne

« Je serai un président pour tous les Américains », promet Joe Biden

Après quatre ans d’une présidence Trump mouvementée, les États-Unis ont désormais un nouveau dirigeant : Joseph Robinette Biden, qui a appelé à l’unité et avait à ses côtés une vice-présidente qui a écrit l’histoire.Joe Biden prête serment en tant que 46e président des États-Unis.© Alex Wong/Getty Images Joe Biden prête serment en tant que 46e président des États-Unis.

À la tête d’un pays divisé, le démocrate est officiellement devenu le 46e président des États-Unis peu avant midi, au cours d’une cérémonie marquant un changement de ton, mais incarnant aussi une vision différente des États-Unis.

Deux semaines après l’assaut meurtrier du Capitole, Joe Biden, qui a fait campagne sur le thème de l’unité, a renouvelé son plaidoyer.

Se présentant en rassembleur, il s’est engagé à être un «président pour tous les Américains», promettant de ne pas avoir en tête «le pouvoir, mais les possibilités», de ne pas agir «par intérêt personnel, mais pour le bien public».

«Ensemble, nous écrirons une histoire américaine d’espoir et non de peur, d’unité et non de division. De lumière, et non de ténèbres. Une histoire de décence et de dignité, d’amour et de guérison, de grandeur et de bonté», a-t-il poursuivi.Plus de 190 000 drapeaux décorent le National Mall et le Capitole pour l’assermentation du président démocrate Joe Biden.© ROBERTO SCHMIDT/Getty Images Plus de 190 000 drapeaux décorent le National Mall et le Capitole pour l’assermentation du président démocrate Joe Biden.

Succédant à un président qui a défié les principes et les normes démocratiques, contestant même la validité de l’élection présidentielle, Joe Biden a insisté sur le respect de la Constitution. «La démocratie a prévalu», a-t-il affirmé dans les premiers mots de son discours.

«Je défendrai la Constitution. Je défendrai notre démocratie. Je défendrai l’Amérique», a-t-il soutenu.

La tâche qui l’attend est titanesque. Il entre en fonction à une période trouble de l’histoire américaine, alors que le pays fait face à de nombreux défis : une pandémie qui a fait plus de 400 000 morts, une économie fortement ébranlée par la crise entourant la COVID-19, une société plus polarisée que jamais et la menace posée par des groupes d’extrême droite.

À 78 ans, Joe Biden est devenu le président américain le plus âgé assermenté. Il est plus âgé que ne l’était le républicain Ronald Reagan au dernier jour de sa présidence. Celui-ci était alors plus jeune de quelques semaines.

Kamala Harris, visage d’une autre Amérique

Kamala Harris est assermentée comme vice-présidente des États-Unis par Sonia Sotomayor, juge à la Cour suprême.© Alex Wong/Getty Images Kamala Harris est assermentée comme vice-présidente des États-Unis par Sonia Sotomayor, juge à la Cour suprême.

Celle qu’il a choisie comme numéro deux, la désormais ex-sénatrice de la Californie Kamala Harris, est pour sa part devenue la première femme, la première Noire et la première personne aux origines asiatiques à assumer la vice-présidente américaine.

La cérémonie d’investiture s’est déroulée sous haute sécurité, dans la foulée de l’assaut du Capitole, il y a deux semaines. Avec 25 000 membres de la Garde nationale, la capitale fédérale revêt des airs de ville fortifiée. Fait notable : il y a davantage de militaires qui y sont mobilisés qu’en Irak et en Afghanistan réunis.Les membres de la Garde nationale et les policiers à Washington se tiennent prêts à de possibles débordements.© David Ryder/Getty Images Les membres de la Garde nationale et les policiers à Washington se tiennent prêts à de possibles débordements.

La cérémonie d’investiture de Joe Biden s’est déroulée en l’absence de son prédécesseur, qui a laissé derrière lui la capitale américaine en matinée.

C’était la première fois depuis 1869 qu’un président américain manquait la prestation de serment de son successeur.

L’ex-vice-président Mike Pence y a pour sa part assisté, tout comme les anciens locataires du bureau ovale Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.Doug Emhoff, époux de la vice-présidente désignée Kamala Harris, Jill Biden et le président désigné Joe Biden au Capitole américain pour l'inauguration le 20 janvier 2021.© Joe Raedle/Getty Images Doug Emhoff, époux de la vice-présidente désignée Kamala Harris, Jill Biden et le président désigné Joe Biden au Capitole américain pour l’inauguration le 20 janvier 2021.

« Pas une seconde à perdre », dit Biden

Joe Biden entend marquer dès le premier jour le contraste avec son prédécesseur.

Le nouveau président doit prendre dans la journée 17 mesures présidentielles effaçant certaines mesures phares de Donald Trump. Cela va du retour à l’Accord de Paris sur le climat à la suspension des travaux de construction d’un mur à la frontière avec le Mexique et son financement grâce au budget du Pentagone.

La première journée de Joe Biden à la tête du pays sera marquée par l’effet combiné de la pandémie et des violences du Capitole qui ont fait cinq morts.

Compte tenu de la pandémie, c’est loin des foules habituelles qu’a lieu la cérémonie. Joe Biden faisait face à plus de 190 000 drapeaux plantés pour représenter ce public absent. De hautes grilles, parfois surmontées de barbelés, protègent la «zone rouge» entre la colline du Capitole et la Maison-Blanche.

Pour limiter la propagation du virus, le président signera un décret pour rendre obligatoire le port du masque dans les bâtiments fédéraux, ou pour les agents fédéraux.

La veille, il avait rendu un hommage solennel aux victimes de la COVID-19, prenant le contre-pied de Donald Trump, qui a depuis des mois tenté de minimiser l’impact de la pandémie.

 Sophie-Hélène Lebeuf

Les démocrates veulent enclencher le processus de destitution de Trump lundi

La majorité à la Chambre des représentants des États-Unis préfèrerait ne pas attendre au 20 janvier pour changer de président.Nancy Pelosi dans un couloir du Capitole américain, le 8 janvier 2020.© Alex Wong/Getty Images Nancy Pelosi dans un couloir du Capitole américain, le 8 janvier 2020.

Selon les agences de presse Reuters et Associated Press, le processus de destitution de Donald Trump pourrait s’enclencher lundi avec le dépôt d’accusations formelles d’inconduite dans la foulée de l’invasion du Capitole cette semaine.

Le cas échéant, le vote de destitution pourrait avoir lieu aussi tôt que mercredi, d’après l’AP. Le vice-président Mike Pence prendrait ainsi la place de Donald Trump pour assurer la transition avec le président désigné Joe Biden, la semaine suivante.

Les sources de Reuters affirment que les accusations d’inconduite qui pourraient être portées contre le président actuel ont déjà été rédigées par les représentants démocrates David Cicilline, Ted Lieu et Jamie Raskin.

«Certaines personnes demandent : pourquoi destituer un président qui n’a plus que quelques jours au pouvoir? La réponse : pour créer un précédent. Il doit être clair qu’aucun président, ni maintenant ni à l’avenir, ne peut mener une insurrection contre le gouvernement», a expliqué le sénateur indépendant Bernie Sanders sur Twitter.

Un funèbre bilan

L’invasion du Capitole par des partisans pro-Trump, dont plusieurs membres de l’extrême droite, mercredi, a causé la mort de quatre manifestants et d’un policier, Brian Sicknick, qui a succombé à ses blessures le lendemain.

Dans une allocution télévisée en après-midi, le président désigné Joe Biden a d’ailleurs rendu hommage à celui-ci et offert ses condoléances à la famille.

Les personnes à l’origine de ce drame «devront être tenues responsables, et elles le seront», a-t-il promis.

Quinze personnes ont été arrêtées et inculpées pour les violences de mercredi, dont Richard Barnett, l’homme photographié dans le bureau de la cheffe démocrate Nancy Pelosi qui a été arrêté vendredi matin, a annoncé le ministère de la Justice en début d’après-midi.

Un autre prévenu est soupçonné d’avoir déposé une bombe artisanale près du Congrès, a précisé Ken Kohl, du bureau du procureur fédéral de Washington.

Une absence historique

Par ailleurs, Donald Trump a annoncé vendredi, sur son compte Twitter, qu’il n’assistera pas à la prestation de serment de Joe Biden, le 20 janvier. Il deviendra ainsi le premier président sortant depuis Andrew Johnson à ne pas assister à l’assermentation de son successeur.

«À tous ceux qui ont posé la question, je n’assisterai pas à la prestation de serment le 20 janvier», a-t-il écrit.

Selon une source proche du dossier citée par Reuters, il est même question que Donald Trump quitte Washington le 19 janvier, soit la veille de la prestation de serment de son successeur, pour se rendre dans sa résidence en Floride.

Cette décision n’aurait rien d’étonnant, compte tenu du fait que Donald Trump répète depuis plusieurs semaines que la victoire lui a été volée et qu’il a été victime d’une vaste fraude électorale. Sa propre administration affirme plutôt que le vote a été juste et libre.

Il a toutefois reconnu, jeudi, qu’il devait céder sa place à la nouvelle administration, sans toutefois nommer ni féliciter Joe Biden pour sa victoire.

Le vice-président sortant Mike Pence devrait quant à lui assister à la cérémonie d’assermentation du 20 janvier.

Un président « déséquilibré »

Enfin, la cheffe des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi, a déclaré vendredi s’être entretenue avec l’armée américaine afin de s’assurer que Donald Trump, un «président déséquilibré», ne puisse utiliser les codes nucléaires, tout en menaçant d’agir au Congrès s’il ne quittait pas rapidement le pouvoir.

Joe Biden et Kamala Harris prêteront serment le 20 janvier à midi, respectivement comme président et vice-présidente des États-Unis.

Traditionnellement, le président sortant et le président désigné se rendent ensemble au Capitole pour incarner la transition pacifique. La cérémonie très attendue se déroule sur les marches du Congrès, devant les pelouses du National Mall.

Tous les quatre ans, des centaines de milliers de spectateurs se pressent dans la capitale fédérale américaine pour y assister, mais l’accès sera limité en raison de la pandémie de COVID-19.

 CBC/Radio-Canada 

La Chine compare les violences au Capitole aux manifestations à Hong Kong

LA CHINE COMPARE LES VIOLENCES AU CAPITOLE AUX MANIFESTATIONS À HONG KONG© Reuters/FLORENCE LO LA CHINE COMPARE LES VIOLENCES AU CAPITOLE AUX MANIFESTATIONS À HONG KONG

PEKIN (Reuters) – La Chine a établi jeudi un parallèle entre l’envahissement du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump refusant sa défaite à l’élection présidentielle et les manifestations de 2019 en faveur de la démocratie à Hong Kong.

Pékin a cependant souligné que l’intrusion de manifestants au siège du Conseil législatif de Hong Kong le 1er juillet 2019 n’avait fait aucun mort, alors que quatre personnes sont décédées dans les violences à Washington.

Les images des scènes de chaos survenues mercredi dans la capitale fédérale américaine tournaient en boucle jeudi à la télévision d’Etat chinoise.

Lors d’un point presse quotidien, Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que les événements survenus en 2019 à Hong Kong avaient certes été plus « graves » mais qu' »aucun manifestant n’était mort ».

Un homme est mort en chutant d’un parking durant le mouvement de contestation de 2019 à Hong Kong, que la Chine a étouffé via l’adoption d’une nouvelle loi de sécurité nationale dans la ville sous administration spéciale.

« Nous formulons aussi le voeu que le peuple américain puisse jouir de la paix, de la stabilité et de la sécurité aussi rapidement que possible », a dit Hua Chunying.

« La réaction et les mots utilisés par certains aux Etats-Unis à ce qui s’est passé à Hong Kong en 2019 étaient complètement différents de ceux qu’ils ont utilisés pour les événements en cours aux Etats-Unis », a-t-elle poursuivi.

REUTERS

USA: Après une « insurrection », reprise de la certification de la présidentielle

USA: APRÈS UNE "INSURRECTION", REPRISE DE LA CERTIFICATION DE LA PRÉSIDENTIELLE© Reuters/JIM URQUHART USA: APRÈS UNE « INSURRECTION », REPRISE DE LA CERTIFICATION DE LA PRÉSIDENTIELLE

WASHINGTON (Reuters) – Des centaines de partisans de Donald Trump ont pénétré de force mercredi dans le Capitole dans le but de faire annuler la défaite du républicain lors de l’élection présidentielle américaine, forçant le Congrès à suspendre la certification des résultats donnant le démocrate Joe Biden victorieux.

La police a évacué les élus des deux chambres du Congrès et a lutté pendant plus de trois heures pour repousser les partisans de Donald Trump du Capitole, symbole de la démocratie américaine, où les contestataires ont déambulé dans les couloirs et mis sens dessus dessous des bureaux.

Une femme blessée par balle lors de ces incroyables scènes de chaos est décédée, a fait savoir la police de Washington, indiquant par la suite que le bilan s’était alourdi à quatre morts. Trois personnes ont succombé à des blessures survenues au Capitole, a-t-elle dit sans plus de précisions.

Le FBI a dit avoir désarmé deux engins explosifs présumés.

L’assaut sur le Capitole marque l’apogée de plusieurs mois de divisions et de rhétorique incendiaire autour de l’élection présidentielle du 3 novembre, dont Donald Trump a répété qu’elle lui a été volée dans le cadre d’une vaste fraude, exhortant ses partisans à l’aider à inverser sa défaite.

Ces scènes de chaos sont survenues après que Donald Trump, qui avait refusé de s’engager à une passation pacifique du pouvoir en cas de défaite, a pris la parole devant des milliers de manifestants près de la Maison blanche.

Il a galvanisé ses partisans en leur demandant de se diriger vers le Capitole pour exprimer leur colère, les incitant aussi à « se battre » en faisant pression sur les représentants électoraux locaux dans leurs Etats afin que ceux-ci rejettent les résultats du scrutin de novembre.

La police a fait usage de gaz lacrymogène à l’intérieur du Capitole pour disperser les émeutiers, dont l’un était parvenu jusqu’au siège habituellement occupé par le président du Sénat pour hurler que « Trump a gagné cette élection ».

Robert Contee, le chef de la police de Washington, a déclaré que des émeutiers ont attaqué des officiers avec des produits chimiques irritants, blessant plusieurs d’entre eux.

« VOUS N’AVEZ PAS GAGNÉ »

Le Capitole a été considéré comme sécurisé peu après 17h30 (22h30 GMT). Les élus ont fait leur retour dans les chambres du Congrès peu après 20h00 (jeudi 01h00 GMT) pour reprendre le processus de certification de l’élection présidentielle.

« A ceux qui ont semé aujourd’hui le chaos dans notre Capitole: vous n’avez pas gagné », a déclaré le vice-président Mike Pence, chargé de superviser le processus, à son retour au Sénat. « Remettons-nous au travail », a-t-il dit sous les applaudissements.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat a qualifié l’intrusion d' »insurrection manquée » et a promis que les élus ne céderaient pas face à l' »anarchie et l’intimidation ».

« Nous avons repris nos postes. Nous allons remplir nos obligations dans le cadre de la Constitution et pour notre nation. Et nous allons le faire ce soir », a ajouté Mitch McConnell, qui a aidé Donald Trump à obtenir certains des principaux succès législatifs de son mandat.

Les parlementaires débattaient de l’ultime tentative d’élus pro-Trump pour contester les résultats de l’élection présidentielle, une démarche menée par une dizaine de sénateurs républicains qui a peu de chances d’aboutir.

La sénatrice républicaine Kelly Loeffler a dit qu’elle prévoyait de s’opposer à la certification de la victoire de Joe Biden mais avoir changé d’avis après les incidents. « Je ne peux pas en bonne conscience m’opposer à la certification de ces électeurs », a déclaré celle qui a échoué à être réélue en Géorgie lors d’un second tour de sénatoriales décisives.

Victorieux des deux sièges en lice dans cet Etat du Sud, le Parti démocrate s’est adjugé la majorité au Sénat américain et contrôle désormais avec une marge étroite les deux chambres du Congrès.

La maire de Washington, la démocrate Muriel Bowser, a ordonné mercredi l’imposition d’un couvre-feu dans l’ensemble de la capitale fédérale à partir de 18h00 (23h00 GMT).

Des soldats de la Garde nationale, des agents du FBI et les services secrets américains ont été déployés pour aider la police du Capitole, débordée par les événements.

« C’est ainsi que des résultats électoraux sont contestés dans une république bananière – pas dans notre république démocratique », a déclaré l’ancien président républicain George W. Bush. « Je suis consterné par le comportement insouciant de certains dirigeants politiques depuis l’élection », a-t-il ajouté dans un communiqué, sans mentionner directement Donald Trump.

Le prédécesseur démocrate de Trump à la Maison blanche, Barack Obama, et des dirigeants du monde entier parmi lesquels le président français Emmanuel Macron ont exprimé leur choc.

« À LA LIMITE DE LA SEDITION »

Joe Biden, qui a battu Donald Trump lors du scrutin du 3 novembre et doit être investi à la présidence américaine le 20 janvier, a déclaré que le comportement des manifestants était sans contestation possible « à la limite de la sédition ».

« Ce n’est pas une manifestation, c’est une insurrection », a ajouté l’ancien vice-président démocrate en citant l’envahissement du Congrès et de ses bureaux, les vitres brisées et les menaces pour la sécurité de représentants élus.

S’exprimant par la suite dans une vidéo publiée sur Twitter, Donald Trump a réaffirmé que sa victoire lui avait été volée, tout en demandant à ses partisans de quitter les lieux. « Vous devez rentrer chez vous, nous avons besoin de paix », a-t-il dit, ajoutant: « Nous vous aimons. Vous êtes très spéciaux ».

Twitter a ensuite empêché les utilisateurs de la plateforme de relayer la vidéo publiée par Donald Trump, suspendant le compte du président américain, tandis que Facebook a tout simplement retiré la vidéo.

Par sécurité, au moment des émeutes, les élus de la Chambre des représentants ont reçu pour consignes de se munir du masque à gaz placé sous leurs sièges et de se mettre au sol. Des policiers ont sorti leurs armes lorsqu’un contestataire a tenté de pénétrer dans la Chambre.

La police a placé du mobilier derrière les portes pour tenter d’empêcher l’intrusion, a déclaré l’élu démocrate Jason Crow à la chaîne de télévision MSNBC.

Plusieurs centaines d’élus, conseillers et journalistes ont ensuite été évacués vers un lieu resté confidentiel.

Des représentants électoraux des deux partis, des observateurs indépendants et le département américain de la Justice ont dit n’avoir constaté aucune fraude importante lors de l’élection présidentielle.

Les multiples recours engagés par la campagne Trump devant des tribunaux à travers le pays ont tous échoué.

Joe Biden a remporté le scrutin avec plus de 7 millions de votes populaires de plus que Donald Trump. Le démocrate a obtenu 306 voix au Collège électoral, contre 232 pour le président républicain sortant.

Donald Trump a fait pression sur Mike Pence pour qu’il rejette les résultats certifiés par des Etats clés où le président sortant s’est incliné de peu face à son rival démocrate, bien que le vice-président n’en a pas l’autorité aux termes de la Constitution des Etats-Unis.

REUTERS/Patricia Zengerle, Jonathan Landay et David Morgan