C’est réagissant aux raisons avancées par Dah Adagboto pour justifier son départ du Bénin pour le Canada que Nourou-Dine Saka Saley a prodigué un précieux conseil à toute la jeunesse béninoise. Lire son développement pour en prendre connaissance. Et ne l’oubliez pas, un jeune aux cheveux blancs voit plus loin qu’un …
« Je viens de lire un message d’aurevoir émouvant….de Dah Adagboto
Un jeune béninois dont je rigole souvent des punchlines sur la toile, a écrit un message pour justifier et peut-être se justifier, de devoir s’éloigner de son pays qu’il aime, pour se construire.
Il se surprenait que malgré sa kyrielle « d’ami(e)s » qu’il qualifie d’autorités (ministres, députés, chefs d’entreprises..), il soit encore à ce statut quo qui ne le valorise pas personnellement et ne valorise pas son talent. En gros il continue de se chercher dans son pays.
Ce jeune homme, je l’ai découvert lors d’une malheureuse phrase qu’il avait prononcée et qui lui avait valu des critiques dures. Il aurait dit en tant qu’invité lors d’un baptême controversé du fils d’un ministre en 2020, sûrement une de ses « autorités amies », que « celui ou celle qui n’était pas invité(e) à ce baptême ne comptait donc pas au Bénin ».
Malgré ces propos que j’impute à l’euphorie du moment, je me délectais beaucoup de ses punchlines sur des sujets de société, de mœurs, où il avait une position certes assez critiquée, mais pleine de logique et d’invitation au questionnement.
Je me plaisais beaucoup à le lire s’émerveiller de ce nouvel environnement propice pour l’épanouissement de la jeunesse, impulsé depuis les élections de 2016.
6 ans après…il dit aurevoir à sa terre, parce que mu par un impératif de se construire, loin de ce pays où malgré ses relations et talents, il ne se sent pas valorisé.
Il utilise quasiment les mêmes mots que moi en Avril 2016, quand je rédigeais une ode contre le terme « désert de compétence » utilisé par le nouveau Président élu du Bénin, où je l’invitais justement à créer des conditions idoines du secteur privé et productif pour eviter que nous soyons obligés d’aller nous vendre ailleurs…creusant ainsi le désert de compétences. Je mettrai mon texte en commentaire de ce post.
Je me permettrai également de publier, dans un commentaire, son émouvant texte.
Maintenant, Très cher Dah Adagboto, je vais me risquer à vous parler malgré que je n’ai jamais eu le plaisir et le luxe de vous rencontrer, vous ce compatriote qui me faites rigoler en m’amenant à m’interroger profondément sur les sujets que vous abordez.
1- Vous n’aviez pas d’ami(e)s autorités, mais des personnes dont le quotidien était peut-être plus difficile que le vôtre, et qui se sont retrouvées par opportunité, opportunisme ou objectifs précis à des fonctions, et qui devaient feindre rester les mêmes personnes en vous ayant dans leur entourage. Et surtout qui éprouvaient le besoin de vous utiliser pour projeter une image dans le public.
2- Vous découvrez en 2022 que le Bénin, encore plus aujourd’hui que par le passé, n’a jamais valorisé en interne quelque talent ou valeur que ce soit. Pour preuve, regardez autour de vous quelles sont les personnes qui sont « propulsées » et par quel canal: le seul de la politique. Il est aujourd’hui au Bénin plus facile d’être nommé député, préfet, ministre, directeur général…que de trouver soi même un stage.
3- Vous découvrez que d’autres cieux sont plus propices à l’éclosion personnelle. Peut-être avez vous eu parmi vos ami(e)s autorités, des personnes qui vantent le Bénin comme terre de paradis, mais qui n’y sont rentrées que par le biais d’une nomination politique, avec des conditions d’expatriés dans leurs propres pays. Les pays dont le climat attire les talents, font rarement de la publicité. La Côte d’Ivoire qui nous a pris Fanicko, Alain Capo Chichi. .et bien d’autres talents en est une preuve. Pas besoin de prendre l’avion même pour y aller et y croiser certains de vos amis autorités qui y vont en week-end lubrique.
4- Vous découvrez sûrement qu’au Bénin, aucune banque ne vous accompagne pour quelque projet si vous n’êtes pas personnellement suffisamment héritier ou fortuné pour pouvoir le financer en fonds propres.
5- Vous découvrez sûrement la douleur avec laquelle vos parents ont dû vous encourager à vous éloigner d’eux pour vous construire. Personne ne veut voir son enfant souffrir ou périr d’une manière ou d’une autre.
Mon modeste conseil
Si vous ne vous construisez pas, vous ne serez d’aucune utilité pour votre famille et votre pays, mais plutôt un poids nuisible pour eux. Mes mots d’Avril 2022 publiés dans le Quotidien Matin Libre.
Vous avez avec vous la jeunesse, la volonté et surtout la force de vous accomplir. Le Bénin ne périme pas, mais vous oui si vous y mettez un patriotisme NIAIS. Rien de grand ne se fait sans émotion. Il faut que ce sentiment qui vous a fait partir, soit votre terreau pour ne plus vivre ce que vous avez fui. Et surtout éviter à d’autres de le vivre. Ce sera cela votre valeur ajoutée.
Nous qui avons fait le choix de vivre au Bénin malgré nos talents reconnus et encore utilisés ailleurs, allons malgré l’adversité, continuer à contribuer y compris au prix de sacrifices d’exclusions, d’emprisonnements et autres embûches volontairement érigées, à capitaliser les cris de cœur comme le vôtre, pour que le Bénin soit une terre qui nous accepte et nous donne de meilleures chances. Nos enfants nous en remercieront.
Vous n’avez pas à vous justifier, mais plutôt à vous construire et servir d’exemple pour les autres..et cela sans frontières géographiques.
Chez Vous, vous êtes d’une famille et avez un nom, Ailleurs vous n’avez que vous-même et votre talent.
Bon vent à vous et à tous les « Dah Adagboto » ».