J’observe ces derniers jours, une levée de boucliers élitiste sinon parcellaire face à ce qu’il convient d’appeler Steve Amoussou Thriller. Tant pis pour ceux qui peinent à reconnaitre qu’il s’agit d’un enlèvement ou de kidnapping.
Ne pas l’appeler ainsi revient à déclarer une guerre aveugle à la justice béninoise et togolaise et au Droit en général, car ici, le lexique est bien précis et ne s’accommode guère de l’à peu près. Que des ravisseurs reconnus et identifiés comme tels, soient jugés et condamnés pour certains et relaxé pour le cas Ouanilo Fagla, le vin est tiré et seuls ceux qui voient le verre à moitié rempli, peuvent le boire.
Qu’importe ! Que mandat d’arrêt soit décerné contre X ou Y ; le même Traité qui consacre Interpol a prévu les conditions d’extinction du mandat et bien grincheux qui peut voir déjà entre le Togo et le Bénin, matière à faire distendre davantage une relation qui n’était déjà pas des plus directes et franches. Bien tendancieux et risqué d’affirmer urbi et orbi que l’affaire Steve Amoussou supplante des affaires déjà plus corsées et qui n’ont pas poussé les deux pays à une escalade diplomatique.
Depuis mi-Aout que l’opinion a été alertée de l’enlèvement, du kidnapping de Steve Amoussou au Togo au quartier Adidogonmè, que n’avions-nous pas entendu ?
Que d’expertises ! que de débats ! que d’élucubrations !
Justice expéditive pour des ravisseurs, oui ! Le Procureur spécial s’est autosaisi du dossier – certainement pour donner un coup de frein au mandat d’arrêt international émis par la justice togolaise – ceux qui clament que le mandat d’arrêt est inextinguible devrait tenir compte des relations bilatérales entre les deux pays en matière de coopération policière, parce que l’effacement de noms de cette liste rouge, est également prévu suivant une procédure spéciale. Laquelle procédure a bien été appliquée dans certains pays où la Justice bénéficie pourtant d’une certaine crédibilité.
Justice expéditive, oui ! Mais que dire du déroulé de l’audience ? Quand la partie civile soulève dans un premier temps, l’incompétence de la CRIET devant des prévenus, mais n’en fait pas un scandale judiciaire au point d’ameuter l’opinion publique puis vient plaider une condamnation civile des ravisseurs, pour l’enlèvement de Steve Amoussou constitué lui aussi partie civile dans ce procès.
Et que dire enfin, de tous ces Experts patentés qui, pour nous apprendre les règles en matière de procédure policière, comme si toute leur carrière durant, toutes les procédures se sont déroulées dans les règles de l’art… Qui, en oublient de rappeler que Steve Amoussou a été inculpé pour des faits que lui reprochent des victimes.
Pour rappel, dans un dossier jugé en Cour d’assises, l’accusé a déclaré et soutenu devant la Cour, avoir été conduit au Commissariat, pour tentative de vol de moto, sur clameur publique. Et jamais, il n’a été exigé que la prétendue moto soit montrée à l’audience, parce que les faits pour lesquels comparaissait cet accusé, n’avaient aucun lien avec un prétendu vol de moto.
Bien au contraire, le cahier de PV de Police ne comportait même pas cette mention. Et justice a été rendue contre l’accusé, pour le crime de Disparition mise à sa charge, lequel croupit encore en prison, alors même que la Cour constitutionnelle du Bénin a déclaré cette détention arbitraire et contraire à la Constitution.
Je comprends que la liberté d’expression soit défendue bec et ongle, par nombre de citoyens, mais que répondre à cette importante frange de la population taiseuse, indifférente voire agacée, qui en a marre de voir leur pays subir l’opprobre d’une série de dénonciations sans fin, si bien entendu la Justice parvenait à établir l’unicité de la personne inculpée.
Que répondre à cette importante minorité choquée exacerbée et révoltée par les dénonciations et les humiliations de leurs parents, au nom d’une hypothétique liberté d’expression, principe par ailleurs sacro-saint en régime démocratique, même si en Démocratie, être libre, c’est connaitre la liberté de l’autre…
Allumons un peu cette fibre patriotique et arrêtons de claironner sur ce qui n’arrange guère les deux pays voisins. Il y a comme une volonté de voir les pistes entre le Togo et le Bénin s’embrouiller. Mais l’oiseau qui appelle la pluie, sera le premier sans abri, quand l’orage inespéré, fera danser grands et petits arbres…
A bon entendeur… j’ai dit !!!
Hermann Parfait Aniambossou