Malgré les nombreux efforts des organisations de la société civile ainsi que les dispositions juridiques que font adopter l’Etat central au profit de la femme béninoise, nombreuses sont celles d’entre elles au foyer qui ont de la peine à se sentir épanouies. Pour citer les facteurs de cet état de choses, certaines pointent du doigt leur conjoint.
Comment l’homme qui est appelé à partager sa vie avec une femme peut au même moment constituer un frein à son épanouissement ? L’interrogation semble paraître étonnante. Mais, elle trouve effectivement sa raison d’être une fois que l’on tente d’arracher quelques réponses des bouches de certaines femmes béninoises au foyer au sujet du rapport qui existe entre leur épanouissement et l’homme avec lequel elles partagent leur vie. Il est vrai qu’elles ne balayent pas du revers de la main l’importance capitale que ces derniers représentent à leur côté. Mais au même moment, elles n’hésitent pas à reconnait qu’elles pourraient être plus heureuses si ce dernier se soucie vraiment de leur épanouissement. A les entendre, difficile de porter un jugement sur le champ. Il fallait réussir à avoir d’abord une idée de comment elles conçoivent ce qu’est une femme épanouie.
« …contribuer à ce que sa femme soit autonome sur le plan financier revient à l’amener à ne plus être soumise… »
Se prêtant à nos questions une jeune femme en service dans une entreprise de la place et qui a requis l’anonymat défini la femme épanouie comme cette femme au foyer qui a la liberté d’exercer une activité qui la rend financièrement autonome. Une femme épanouie, c’est cette femme estime-t-elle qui vit avec un homme qui a du respect à son égard, qui est un véritable responsable et qui fait ses devoirs conjugaux. Mais dans l’environnement béninois, très peu sont ces femmes dont les conditions sus citées sont réunies. En effet, nombreux sont ces conjoints qui trouvent que contribuer à ce que sa femme soit autonome sur le plan financier revient à l’amener à ne plus être soumise. Pour cette raison, ils œuvrent pour que cette dernière ne puisse même pas aller travailler quelque part. Non seulement on soupçonne qu’elle peut un de ces jours devenir la maîtresse de son employeur ou d’un de ses collègues, mais elle ne sera plus disponible pour s’occuper du foyer comme il le faut. Dans certains cas, c’est à un manque de respect criard que la femme a droit de la part de son conjoint. On lui parle de façon très arrogante. On va parfois ne pas la mettre au courant de ses déplacements. Voilà entre autres ces comportements et faits qui font que les hommes sont accusés d’être parfois à l’origine de notre manque épanouissement, ajoute-telle pour conclure.
Religion et tradition indexées
Au fur et à mesure que le temps évolue, le comportement prend de l’ampleur au niveau des conjoints a déploré la plupart des femmes interrogées sur le sujet. Mais qu’en est-il de ces facteurs qui favorisent cet état de chose ? Pour répondre à cette interrogation, certaines d’entre elles pointent de doigt la religion, mais d’autres par contre la tradition. En effet, des versets bibliques à la lecture rabaissent la femme devant l’homme se désolent-elles. Le mari est le chef de la famille peut-on lire dans Ephésien 5 :23, nous cite une femme à titre d’exemple. Elle ajoute que ces hommes qui mettent en avant ce passage font en réalité une mauvaise lecture car au même moment dans la bible, il est écrit que l’homme doit aimer sa femme si fort au point de favoriser les intérêts de cette dernière plus que ses propres intérêts a-t-elle rappelé pour paraphraser Ephésiens 5 :25-29. Seuls ces hommes soucieux de l’épanouissement de la femme et qui sont chrétiens l’évoque. Les autres non, a mentionné notre interlocutrice qui estime que c’est parce qu’ils sont influencés par certains principes enseignés à eux par la tradition.
« Cette conception est rétrograde face aux actuelles réalités économiques de nos jours »
En se référant à la tradition rappelle-t-elles, la femme doit se mettre uniquement à la disposition du foyer. Il n’est pas questions, quelle cherche à aller travailler. Elle doit attendre le mari qui doit lui apporter l’argent de la popote. Cette conception est rétrograde face aux actuelles réalités économiques de nos jours, trouvent les femmes au foyer interrogées. Elles estiment que la situation a trop durée et il est temps que les hommes changent de paradigme. « Nous voulons que nos conjoints soient les premiers complices de notre évolution. Nous n’avons pas pris la décision de se mettre ensemble avec eux dans l’optique qu’ils deviennent un frein à notre épanouissement. Ils doivent au contraire nous aider à réaliser nos rêves », ont-elles lancé à l’endroit de la gente masculine.
Voilà qui vient de relancer au Bénin le débat sur la responsabilité des hommes dans l’épanouissement des femmes. Toutes ces accusations portées à l’encontre des hommes sont-elles vraies ? Nous nous intéresserons à cela dans notre prochaine publication sur la thématique.
Christophe KPOSSINOU