1er mai-Angela Kpeidja invite le Gouvernement à poser cet acte pour mettre fin au harcèlement sexuel en milieu professionnel

Ce 1er mai 2022, le monde entier célèbre les travailleurs. Et à l’occasion de la célébration  de la fête du travail ce dimanche, Angela Kpeidja a partagé,  avec ses abonnés,   un souvenir douloureux, avant d’indiquer la voie à suivre au Gouvernement pour lutter contre le harcèlement sexuel et les violences sexuelles en milieu professionnel.

« Il y a exactement deux ans que ma vie a complètement basculé », confie Angela Kpeidja,  avant d’expliquer «  Je me battais pour me faire une place sur les écrans, avec une belle et grande émission de santé. Mais au lieu de ça, ma carrière a pris une autre tournure, celle qui m’a emmené au web journalisme. Je n’y étais pas préparée mais j’y fais face courageusement avec mes collègues qui subissent malheureusement certaines fois, les contrecoups de mon impertinence de l’époque ».

La journaliste qui avait dénoncé le harcèlement sexuel dans les médias du service public se réjouit toutefois des « petites victoires obtenues sur le chemin » après ses dénonciations.

Elle cite notamment le «   débat sur les violences sexuelles et sexistes, les nouveaux textes de lois, la redynamisation de l’Institut national de la femme, la célérité de la justice sur certains dossiers »…pour lutter contre le harcèlement sexuel et les violences sexuelles.

Angela Kpeidja fait une proposition au Gouvernement

La journaliste fait néanmoins une recommandation au Gouvernement pour pousser hors des frontières béninoises le harcèlement sexuel et les violences sexuelles en milieu professionnel.

Elle invite le Gouvernement à ratifier la convention 190 de l’Organisation internationale du travail (OIT).

« …il reste tant à faire pour les victimes, les auteurs et la société elle-même ! Pour ce deuxième anniversaire, je voudrais oser plaider pour que le gouvernement de mon pays ratifie la convention 190 de l’OIT pour protéger les travailleurs (hommes et femmes) contre le harcèlement et les violences en milieu professionnel », indique Angela Kpeidja, avant de souhaiter « une bonne fête de travail » à tous et à toutes.

Le Gouvernement du président Talon appréciera.

Manassé AGBOSSAGA

1 an après, Angela Kpeidja revient sur sa nomination et clarifie, « On ne devient pas présentatrice du journal, d’une émission ou d’un show parce qu’on est généreuse sexuellement avec son ou ses patrons »

Angela Kpeidja parle de sa nomination comme chef service Web de l’ORTB.  Celle qui s’était beaucoup fait connaître avec sa dénonciation sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel avait à l’époque qualifiée cette nomination de « maigre consolation ». Un an après, la journaliste n’a pas changé d’avis et fait cette mise au point. « On ne devient pas présentatrice du journal, d’une émission ou d’un show parce qu’on est généreuse sexuellement avec son ou ses patrons »

Angela Kpeidja parle de sa nomination comme chef service Web de l’ORTB.  Celle qui s’était beaucoup fait connaître avec sa dénonciation sur le harcèlement sexuel en milieu professionnel avait à l’époque qualifiée cette nomination de « maigre consolation ». Un an après, la journaliste n’a pas changé d’avis et fait cette mise au point. « On ne devient pas présentatrice du journal, d’une émission ou d’un show parce qu’on est généreuse sexuellement avec son ou ses patrons »

Angéla Kpeidja, harcèlement sexuel
Angela Kpeidja

𝗠𝗮𝗶𝗴𝗿𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗼𝗹𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 !

Oui je l’avais twitté. Et aujourd’hui encore, je l’assume. Pour beaucoup à l’époque, je n’avais pas l’étoffe pour prendre la direction du service Web de l’ORTB. Pour d’autres, en acceptant ce poste, je venais bonnement corroborer la thèse de la victimisation dans le but de gravir les échelons.

Ce 22 mai 2020, lorsque j’acceptais ce poste, j’étais accablée de toutes parts. Sur mon lieu de travail, je n’étais pas légitime à ce poste. Entre les éventuelles représailles du Président de la République qui s’est mêlé de l’affaire, la jalousie et mes présumées lacunes, les visages de la plupart de mes collègues sont restés fermés. Ils attendaient tous pour applaudir le clash au bout d’un mois. Pas un soupçon de félicitations!!!

Mais c’est tout de même évident d’avoir ce revers après leur avoir tendu le miroir. Je venais d’écorner l’image de tous les employés, harceleurs, violeurs ou pas.

Un an après, je ne ferai pas de bilan. Je laisserai le soin aux internautes des différentes pages de ce média de le faire. Mais je reviendrai sur cette promotion qui décrédibiliserait mon combat contre le harcèlement sexuel en milieu du travail.

Pour moi, il est inadmissible qu’on bénéficie d’une promotion en plein cœur de la gangrène du harcèlement sexuel. On ne devient pas présentatrice du journal, d’une émission ou d’un show parce qu’on est généreuse sexuellement avec son ou ses patrons. L’humiliation vient justement du fait qu’on réduise la femme à ses simples attributs au lieu de miser sur ses compétences. Et Dieu sait que de plus en plus les femmes ont cette intelligence, cette élégance à gérer au mieux les affaires de la cité.

Face à ce que les uns et les autres appellent promotion, je suis tentée de dire que je n’ai pas été promue. Jamais je n’ai rêvé d’autre chose que d’une émission de santé dans ce média.

Bien au contraire, cette nomination aurait dû mettre à nu mes présumées lacunes. Puisque certains ont affirmé que je n’ai eu droit qu’à des promotions canapés dans ce média. En plus dans mon cas, comme l’a écrit mon collègue rédacteur Web, j’étais une profane du Web qui débarquait à la tête du service Web de l’ORTB.

Mais quand on vous a réduit à un objet sexuel pendant des années, la baisse de l’estime de soi est bien souvent le seul choix à votre portée. Faut-il alors continuer à vous engouffrer dans ce tunnel de la déchéance quand vous avez l’opportunité d’en sortir ?

J’avais besoin de me prouver que je n’étais pas ce qu’ils me condamnaient à être. J’avais besoin d’éprouver mes capacités et de faire honneur à cette catégorie de femmes qui allient allègrement beauté, intelligence, courage, et savoir-faire.

Le Bénin reste l’un des rares pays sur le continent africain à disposer d’un texte de loi portant protection des victimes du harcèlement sexuel en milieu professionnel. Mais la peur du regard de la société a toujours été le frein à l’application de cette loi. Les sanctions administratives et juridiques y sont clairement signifiées. Et comme j’ai pu l’exprimer sur mon mur à l’époque, la sanction administrative n’exclut pas la poursuite judiciaire. Elle est même maigre en face du préjudice social et professionnel qui est le mien.

Pour lutter, il faut aller au front. En plus, j’y suis les mains nues, sans maquillage, sans fioritures. Il est plus facile d’être bon joueur quand on est sur le banc de touche.

#AngelaKpeidja #naiepaspeur

Angéla Kpédja toujours déterminée contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel : « Je n’aurai pas de répit tant que ces bourreaux continueront leur sale besogne »

Angéla Kpédja reste déterminée dans son combat contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel.

Angéla Kpédja reste déterminée dans son combat  contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel.  Dans un entretien accordé à nos confrères de Matin Libre,  dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes célébrée ce mercredi 25 novembre 2020, la journaliste de l’ORTB  et présidente de l’Ong “N’aie pas peur” a martelé qu’elle n’aura  « pas de répit tant que ces bourreaux continueront leur sale besogne ». Entretien !!!

Angéla Kpédja toujours déterminée contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel : « Je n’aurai pas de répit tant que ces bourreaux continueront leur sale besogne »

En ce jour où on célèbre la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, quel regard portez-vous sur la vie de la femme béninoise ?

J’ai mal quand je visite la vie de la femme béninoise. Elle est faite de préjugés et de stéréotypes sexistes. Et surtout en milieu du travail, les statistiques rapportées par les organisations de défense des droits de la femme font froid dans le dos. Plus de la moitié des femmes travailleuses ont déjà subi le harcèlement sexuel. À cette époque où toutes les filles doivent être inscrites à l’école et que tous les textes et lois du Bénin prônent l’égalité des sexes, tout ceci est inacceptable et inconcevable. Le plus dur pour moi a été de me rendre compte que l’un des freins à l’élimination  des violences faites aux femmes est le manque de solidarité entre les femmes elles-mêmes. Nous devrions nous donner la main, comme les amazones de Danxomey, pour écrire autrement nos vies.

Justement, quel est l’impact des violences conjugales sur la santé des femmes ?

Les conséquences des violences sur la santé des femmes sont énormes. Une violence qui me choque à chaque fois, c’est celle du milieu médical avec pour cible la parturiente. Elle doit payer avant n’importe quel acte peu importe les douleurs, la souffrance du travail d’accouchement.

Mais parlons des conséquences des violences conjugales. C’est déjà sur la santé mentale de la victime (anxiété, insomnie, cauchemar, dépression…), les troubles psychosomatiques, les maladies chroniques comme le diabète, l’hypertension artérielle et même l’infertilité sont au bout. Sur le plan physique, ce sont des coups et blessures avec des cicatrices indélébiles et même des séquelles invalidantes. Le pire, ce sont les décès pour violences. Les enfants sont les victimes secondaires car une enfance émaillée de violences engendre un adulte psychologiquement atteint avec la possibilité de reproduire les mêmes violences sur une tierce personne.

Mais avez-vous l’impression que les sensibilisations portent leur fruit?

Les sensibilisations valent ce qu’elles valent. Je n’ai vraiment pas l’impression qu’elles portent leur fruit tout simplement parce que la sociologie béninoise enferme la femme dans le mutisme malgré le cadre juridique qui la protège suffisamment. Tant que des procès pour punir ces bourreaux, ne vont pas se multiplier pour reconnaître les victimes en tant que telles, on ne bougera pas. Demandez aux hommes de droit, les avocats et autres magistrats, combien de procès de violences faites aux femmes vont jusqu’au bout pour rendre justice à la femme. Vous vous rendrez compte que nous sommes très loin de l’élimination des violences faites aux femmes. Très peu de femmes vont jusqu’au bout, à cause du regard de la société elle-même, des pesanteurs socioculturelles et même financières. Figurez-vous qu’il y a des associations de défense des droits de la femme qui exigent des honoraires pour enclencher la procédure judiciaire dans notre pays!

Il est prévu pour cette édition, 16 jours d’activisme à partir du 25 novembre. Ces actions peuvent-elles servir à quelque chose?

Ces actions participeront à mettre les projecteurs sur ces violences pour alerter les décideurs sur l’ampleur de celles-ci d’une part et d’autre part  elles apporteront aux femmes des éléments pour identifier et apprécier ces horreurs.

Quelle place occupent les hommes dans cette sensibilisation?

Ah, les hommes ! J’ai toujours été sidérée de constater qu’ils viennent tous d’une femme et qu’en plus ils ont tous  une ou des épouses et des sœurs sans pour autant faire preuve d’empathie à l’égard du sexe féminin. Un homme qui respecte sa mère, qui l’aime, ne devrait pas générer autant de violences à l’égard d’une femme fut-elle une épouse inintelligente, une employée. Mais à vrai dire, nous n’y arriverons jamais sans eux. Donc à votre question, je répondrai que leur rôle est primordial. Déjà au niveau familial, ils doivent être un bon repère pour la progéniture.

Que fait votre ONG à l’endroit des hommes et des femmes en vue d’une prise de conscience collective ?

Bien que “N’aie pas peur” ait choisi de participer à la lutte contre les violences faites aux femmes en général, le mot d’ordre de l’ONG est tolérance zéro au harcèlement sexuel en milieu professionnel. Nous voulons être un centre d’écoute, de soutien psychologique et juridique pour les victimes. À cet effet, nous avons des plateformes Twitter et Facebook pour vulgariser la loi portant protection et répression du harcèlement sexuel en milieu professionnel. Des psychologues et avocats répondent à nos questions pour la prévention et la riposte contre le harcèlement sexuel. Ensuite, nous avons un numéro WhatsApp pour encourager les victimes à témoigner, à se confier à nous pour que nous puissions les aider à déclencher la procédure de riposte contre le fléau. Et c’est encore le lieu de faire comprendre aux uns et aux autres que chaque minute de silence sur ces horreurs en milieu de travail est un gain pour les harceleurs et des victimes de plus. Il faut faire tomber les murs qui nous empêchent d’éclore librement nos talents pour prendre le chemin de la liberté dans nos choix.

Beaucoup vous considèrent aujourd’hui comme une figure historique de la lutte contre toutes formes de violences à l’égard des femmes. Quel message avez-vous à passer à ces dernières ainsi qu’aux autorités politiques ?

Je tiens réellement debout contre le harcèlement sexuel en milieu professionnel. Je n’aurai pas de répit tant que ces bourreaux continueront leur sale besogne. Je voudrais ainsi remercier tous ceux qui croient en moi et me portent. Mais au-delà de ma personne, c’est une cause commune. Peu importent les jugements que les uns et les autres peuvent porter sur ma personne, donnons-nous la main pour un nouveau mode de recrutement et d’épanouissement pour nos filles, nos sœurs et nos femmes au travail.

C’est au président de la République que je voudrais enfin dire ceci: “il y a beaucoup de Angela dans l’ombre dans nos entreprises et administrations”. J’admire son courage et sa détermination à inscrire notre pays dans le concert des grandes nations. Un seul mot, une seule décision et nous serons libérées pour nous battre à ses côtés telles des amazones.

Propos recueillis par Mike MAHOUNA/Matin Libre