Dans « Le JDD », Macron réclame un « plan Marshall » pour l’Afrique

Dans «Le Journal du Dimanche», le président de la République se livre longuement après un voyage au Rwanda et en Afrique du Sud qui s’est terminé samedi.

Dans «Le Journal du Dimanche», le président de la République se livre longuement après un voyage au Rwanda et en Afrique du Sud qui s’est terminé samedi.

Après plusieurs jours en Afrique, Emmanuel Macron a livré quelques confidences au «Journal du Dimanche» pour défendre le bilan de sa politique vis-à-vis du continent. Se félicitant d’avoir bâti un «axe Europe-Afrique», le président français appelle à la mise en place d’un «plan Marshall» pour investir en Afrique. «Il faut que la communauté internationale ait la générosité de dire qu’on efface une partie de la dette pour aider les Africains à bâtir leur avenir. À condition aussi qu’on laisse sa société civile accéder aux responsabilités, qu’elle ne se laisse pas entraîner dans les réseaux de corruption et de gouvernance fermée», assure-t-il au «JDD».

Dans cet échange, Emmanuel Macron reprend un discours déjà tenu à plusieurs reprises à propos des relations de la France avec les pays africains. «Ceux-là mêmes qui nous demandent d’intervenir militairement n’assument pas le discours sur leur besoin de France. Parce qu’ils se sont habitués à dire que leurs problèmes d’aujourd’hui sont dus aux vieux colons d’hier. Certes, la colonisation a laissé une forte empreinte. Mais j’ai dit aussi aux jeunes de Ouagadougou que leurs problèmes d’aujourd’hui ne sont pas liés au colonialisme, ils sont davantage causés par la mauvaise gouvernance des uns et la corruption des autres», affirme le président dans «Le JDD», en référence au discours tenu devant des étudiants burkinabés à Ouagadougou en novembre 2017. Il dénonce également le «discours anti-Français» qui a cours dans certains pays et se souvient avoir déclaré au président malien Ibrahim Boubacar Keïta : «Je ne peux pas laisser tuer de jeunes soldats français sur un théâtre d’opérations où ils se font insulter.»

Comme il l’a déjà fait à de nombreuses reprises dans ses discours, Emmanuel Macron met en balance développement de l’Afrique et immigration. «Je le dis avec lucidité, si on est complices de l’échec de l’Afrique, on aura des comptes à rendre mais on le paiera cher aussi, notamment sur le plan migratoire», dit-il au «JDD». Il dénonce également un «détournement du droit d’asile». «Quand les migrants venaient du Soudan, de l’Érythrée ou d’Afghanistan, ils y avaient naturellement droit. Mais la plupart ne viennent plus de pays éligibles à l’asile», estime Emmanuel Macron.

« Surpris » par la réaction du président rwandais

Après sa visite au Rwanda, où il a prononcé un discours reconnaissant la «responsabilité accablante» de la France dans le génocide de 1994, Emmanuel Macron assure avoir été étonné de la réaction, favorable, du président rwandais Paul Kagame. «La réaction de Paul Kagame m’a surpris. Il ne m’avait pas mis dans la confidence sur la façon dont il allait réagir. Il a dit exactement ce que je pense, mais le fait qu’il le dise, lui, a infiniment plus de poids et de valeur», se félicite le chef de l’Etat dans «Le JDD».

Paris Match

Barack Obama : le jour où il s’est vengé de Donald Trump en l’humiliant en public

Dans le dernier chapitre de ses mémoires, Barack Obama, ancien président américain, raconte le moment où il a tenu à humilier Donald Trump en public après que celui-ci ait alimenté des rumeurs sur sa nationalité. Une douce et classe vengeance…

Dans le dernier chapitre de ses mémoires, Barack Obama, ancien président américain, raconte le moment où il a tenu à humilier Donald Trump en public après que celui-ci ait alimenté des rumeurs sur sa nationalité. Une douce et classe vengeance…

Difficile de faire coïncider vie politique, opérations spéciales secrètes et… attaques de la part de Donald Trump. Dans le 27e et dernier chapitre de ses mémoires, dont le Journal du dimanche a publié des extraits ce 15 novembre 2020, Barack Obama, ancien président des États-Unis, a raconté cette difficile période où il devait préparer le raid des forces spéciales contre Oussama Ben Laden tout en répondant à des rumeurs sur son acte de naissance… « Un jour, en revenant de la salle de crise, j’ai croisé Jay Carney, [le porte-parole]. […] Il m’a annoncé qu’il venait de passer une bonne partie de son point presse quotidien à répondre à des questions sur l’authenticité de mon acte de naissance », commence l’ancien président. En effet, cela faisait quelques mois que l’ancien président faisait face à des rumeurs, que Donald Trump s’amusait à proliférer : « Le document que nous avions diffusé en 2008 était un « extrait » d’acte de naissance […] Mais, à en croire Trump et sa clique, cet extrait ne prouvait rien. » Exaspéré par toutes ces rumeurs, le président décide « qu’il en a [sa] claque ». Il diffuse donc le document intégral contre l’avis de ses conseillers. Mais il n’en restera pas là…

« Nous nous laissons distraire par des clowns »

Le 27 avril 2011, sur l’estrade de la salle de presse de la Maison-Blanche, Barack Obama doit prononcer un discours. Après avoir salué l’assemblée, il fait remarquer que « deux semaines plus tôt, quand les républicains de la Chambre et moi avions dévoilé deux propositions budgétaires opposées, les journaux télévisés étaient restés focalisés sur mon acte de naissance. » L’ancien président a ajouté que les États-Unis « se trouvaient face à des défis importants, exigeant de grandes décisions ; qu’il fallait nous attendre à des débats acharnés et parfois à des désaccords farouches». Mais, selon lui, tous ses défis n’allaient pas pouvoir être relevés par les États-Unis « si nous nous laissons distraire par des clowns et des bonimenteurs de foire ». Une attaque directe contre Donald Trump, qui laissera la salle muette… Mais ce ne sera pas la seule. Plus tard, lors d’une soirée au Hilton de Washington, Barack Obama adressera la moitié de son discours directement à Donald Trump : « Personne n’est plus heureux et plus fier de notre ami Donald de pouvoir tirer un trait sur cette histoire d’acte de naissance. Parce que maintenant, il va pouvoir recommencer à se concentrer sur les vraies questions. Est-ce que nous sommes vraiment allés sur la Lune ? Que s’est-il réellement passé à Roswell ? Et qu’est-il arrivé aux rappeurs Biggie et Tupac ? » Barack Obama a ainsi cité plusieurs théories du complot connues en faisant référence à l’émission « The Celebrity Appendice » que Donald Trump a présenté. Il a ensuite conclu le tout en le félicitant pour sa réaction avisée lors de l’épisode où « l’équipe des hommes n’a pas réussi à impressionner les juges du grill Omaha Steaks », n’oubliant pas de lui tirer son chapeau sous les rires de l’assistance. C’est ce qu’on appelle une vengeance avec classe.

Voici.fr

Côte d’Ivoire : Un ministre de Ouattara dézingue Soro

Mamadou Touré n’a pas loupé l’ancien président de l’Assemblée nationale. Interrogé par le Journal Du Dimanche (JDD), le ministre ivoirien de la Promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes a dézingué Guillaume Soro. Il a notamment traité l’ancien président de l’Assemblée nationale de tous les noms d’oiseau.

Mamadou Touré n’a pas loupé l’ancien président de l’Assemblée nationale. Interrogé par le Journal Du Dimanche (JDD), le ministre ivoirien de la Promotion de la jeunesse et de l’emploi des jeunes a dézingué Guillaume Soro, le traitant de tous les noms d’oiseau.

« Guillaume Soro est un affabulateur, un vendeur d’illusions qui a fui la justice de son pays. Il se prend pour Ché Guevara mais il a soixante ans de retard ! Le temps des maquis est terminé », lance Mamadou Touré.

Puis d’enfoncer le clou « .. . Lorsqu’il appelle au boycott des élections, au départ du président Ouattara, il s’inscrit dans une logique insurrectionnelle. C’est ce qui a guidé toute sa carrière politique. Laurent Gbagbo disait de lui ‘‘il doit tout aux armes’’.  Il est en fait une grosse déception de notre génération ».

L’ancien chef rebelle appréciera !!!

Manassé AGBOSSAGA

Crise en Côte d’Ivoire : Guillaume Soro écrit à Emmanuel Macron

Guillaume Soro, exclu de la liste pour le scrutin présidentiel du 31 octobre en Côte d’Ivoire, en appelle à Emmanuel Macron afin qu’il prenne position contre Alassane Ouattara, le président sortant qui brigue un troisième mandat alors que la constitution ivoirienne limite à deux le nombre de mandats.

L’ancien Premier ministre de la Côte d’Ivoire Guillaume Soro, dans une lettre ouverte que publie le JDD, en appelle à Emmanuel Macron avant la tenue d’un scrutin présidentiel tendu dans son pays. Exclu de la liste pour le scrutin présidentiel d’octobre, il s’était déjà insurgé, le 9 août dans nos colonnes, contre la candidature du président sortant, Alassane Ouattara. « J’ai la dictature contre moi mais le droit avec moi », déclarait-il. La Côte d’Ivoire « est prise dans un tourbillon qui fait valser les libertés fondamentales et démantèle l’État de droit », s’alarme-t-il aujourd’hui. Voici sa lettre ouverte au président français :

Lettre ouverte au président de la République française, au représentant de la patrie des droits de l’homme et des citoyens

Monsieur le président de la République,

Permettez-moi de vous écrire, comme tout homme épris de liberté sait pouvoir le faire, quel que soit son nom ou son origine. Permettez-moi de m’adresser au représentant d’une Nation qui a placé la grandeur au cœur de son Histoire et dont la Lumière éclaire le monde depuis si longtemps. Permettez-moi de vous parler au nom de tous ceux qui croient que la démocratie est le seul avenir possible pour le continent africain, comme pour tous les autres, et qui n’hésitent plus à pourfendre les crimes commis contre la juste expression d’un suffrage populaire.

Je suis le petit-fils de Sekongo Kadioyaha, ancien des troupes coloniales ayant fièrement servi comme tirailleur, au cours de la Deuxième guerre mondiale, pour vaincre les nazis. Je suis le neveu de Yéo Nanienehorona Adama, mobilisé lors de cette même guerre et qui, ayant participé à toutes les campagnes militaires françaises, fut décoré de la Légion d’honneur des mains du président Jacques Chirac. Ils se sont battus avec dignité et honneur pour la France, ce grand pays de la liberté et des droits de l’Homme : ils étaient si fiers d’avoir pris part à ce combat contre des forces farouchement opposées à la démocratie. Ils ont tant marqué mon enfance, ma jeunesse et ils m’ont tant inspiré par leur expérience et par leur sagesse.

La Constitution, socle de notre édifice républicain, est en train d’être démolie

Dans mes mots, ils sont toujours présents, et c’est aussi en leur nom que je m’adresse à vous aujourd’hui, Monsieur le président. Avec humilité et avec gravité. Avec simplicité, aussi. Je veux vous parler de la Côte d’Ivoire, un pays que j’aime par-dessus tout et que j’ai eu l’honneur de servir comme Premier ministre et comme président de l’Assemblée nationale.

Le pays est pris dans un tourbillon qui fait valser les libertés fondamentales et démantèle l’État de droit et met à mal une démocratie que beaucoup prenaient en exemple. La Constitution, socle de notre édifice républicain, est en train d’être démolie. Aucune femme, aucun homme de bonne volonté, aucun démocrate au monde ne saurait se résigner face à ce crime commis sous nos yeux contre l’un des pays les plus importants et les plus stables d’Afrique. Et que dire de ces milices du pouvoir qui attaquent désormais les manifestants pacifiques à coups de gourdins et de machettes sous les yeux complices de la police, que dire de ces femmes humiliées et violentées, que dire des manifestations désormais interdites, que dire de toutes ces exactions largement dénoncées par Amnesty International et par tant d’autres ONG?

Vous vous êtes rendu récemment en Côte d’Ivoire mais êtes-vous vraiment informé de ce qui est en train de se jouer?

Le 22 décembre 2019, jour de votre anniversaire, par un hasard du calendrier, vous vous trouviez en visite officielle à Adidjan et le gratin du pouvoir ivoirien, en bout de course, profitait de cette aubaine pour se réunir autour de vous, en vous aidant, dans un étrange symbole, à souffler sur le gâteau. Le vice-président de la République avait endossé la posture du maitre de chœur pour entonner un « Joyeux anniversaire », repris à l’unisson par tous les membres du gouvernement présents à ses côtés. Dépitée, l’opinion ivoirienne trouva également de bien mauvais goût le dandinement pathétique d’un président de 75 ans sur une piste de danse, tentant de vous amadouer en cette circonstance qu’il pensait propice, alors que la situation sociale du pays est si préoccupante.

Nous sommes des millions et des millions. Nous avons tendu l’oreille. Nous n’avons entendu que le silence de la France.

Horrifiés, les Ivoiriens assistèrent, quelques heures à peine après votre départ du pays, à une vague de répression inédite et brutale contre l’opposition, visant plus particulièrement les militants et les dirigeants du mouvement Générations et Peuples Solidaires (qui compte plusieurs millions de membres), qui se trouvèrent battus et emprisonnés arbitrairement. Moi-même, président de ce Mouvement, j’étais traqué et interdit de séjour en Côte d’Ivoire, mon pays, sous un prétexte fallacieux et reconnu comme tel (à l’unanimité des juges) par la Cour africaine des droits de l’Homme .

Nous sommes des millions et des millions. Nous avons tendu l’oreille. Nous n’avons entendu que le silence de la France, chère patrie des droits de l’Homme. Un silence assourdissant.

Quand le Chef de l’État ivoirien sortant, M. Ouattara, sous pression, fit une annonce tonitruante indiquant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, comme si ce retrait faisait de lui un grand démocrate (alors que ce nouveau mandat le conduirait tout simplement à violer la Constitution!), vous avez cru devoir le féliciter en le qualifiant « d’homme de parole et d’homme d’État », en saluant « sa décision historique ». Monsieur le président de la République, j’imagine que vous êtes informé du revirement de M. Ouattara qui, le 6 août dernier, a annoncé qu’il briguerait finalement ce troisième mandat usurpatoire, en violation de la Constitution et en violation du serment qu’il avait fait devant la Nation. Monsieur le président de la République, puisque, en vous exprimant une première fois, vous êtes désormais partie-prenante dans le débat politique ivoirien, votre silence face à la forfaiture qui se dessine serait incompréhensible et totalement incompris. Pire, aux yeux de beaucoup, il vaudrait complicité. Et ce n’est pas seulement la Côte d’Ivoire qui se trouverait bafouée, mais l’Afrique toute entière, celle dont la jeunesse a plus que jamais soif de démocratie et aspire à ce changement que vous avez si bien su incarner en France!

Votre réaction, Monsieur le président de la République, déterminera une partie du regard que la jeune génération d’Africains portera sur la France et les valeurs dont elle se réclame. La patrie de Voltaire, de Hugo, de Schœlcher, de Clemenceau, de Jaurès, de Mendès-France, du général de Gaulle, et de tant d’autres, est-elle toujours du côté de la démocratie et de la liberté?

La France ne peut pas aller dans le sens de ceux qui piétinent les libertés fondamentales d’un pays

Je ne demande rien pour moi-même : seulement des élections honnêtes et justes dans lesquelles chaque candidat pourra se présenter librement, pour que le peuple puisse voter librement. En Côte d’Ivoire, après 60 ans d’Indépendance, la population n’acceptera pas l’émergence d’un pouvoir usé qui cherche à se maintenir à tout prix à la tête de l’Etat, en écartant arbitrairement du jeu démocratique tous ceux qui, constitutionnellement, sont en droit de solliciter le suffrage populaire. Monsieur Ouattara, le seul qui n’y est pas autorisé par la Constitution, pourrait donc se faire adouber à travers une pseudo-élection d’un autre âge? Qui pourrait accepter cela?

L’Afrique croit en la France en tant qu’elle est le pays de la démocratie et des libertés, aujourd’hui comme hier. Votre parole est forte. Elle est attendue, en Côte d’Ivoire et bien au-delà de la Côte d’Ivoire. La France ne peut pas aller dans le sens de ceux qui piétinent les libertés fondamentales d’un pays : c’est ma conviction absolue et c’est aussi l’espoir de millions de femmes et d’hommes qui croient en la démocratie.

Dans cette attente, recevez ma très respectueuse considération.

Guillaume Kigbafori Soro

Député

Président de Générations et peuples Solidaires

Ancien Premier ministre de Côte d’Ivoire

Candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020

Source: JDD

 

3ème mandat : Soro parle de « forfaiture » et accuse Ouattara de vouloir « brûler » la Côte d’Ivoire

Guillaume Soro a accordé une interview au Journal du Dimanche. Dans cet entretien, il évoque la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. L’ancien président de l’Assemblée nationale affiche son opposition à la candidature de Alassane Ouattara, qu’il accuse d’ailleurs de vouloir brûler la Côte d’Ivoire. Kpakpato Medias vous propose l’intégralité de l’interview.

Guillaume Soro a accordé une interview au Journal du Dimanche. Dans cet entretien, il évoque la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. L’ancien président de l’Assemblée nationale affiche son opposition à la candidature de Alassane Ouattara, qu’il accuse d’ailleurs de vouloir brûler la Côte d’Ivoire. Kpakpato Medias vous propose l’intégralité de l’interview.

Guillaume Soro

JDD: Le président Ouattara invoque une nouvelle interprétation de la Constitution après l’instauration de la IIIe République approuvée par le peuple lors du référendum du 30 octobre 2016. Il parle de « compteurs remis à zéro » et d' »un cas de force majeur ».

SORO: Il n’y a pas d’interprétation possible. C’est une forfaiture. Il est clairement écrit qu’on ne peut se présenter une troisième fois. D’ailleurs, il n’a cessé de répéter au cours du mois de mars dernier – propos validés par ses juristes – qu’il n’était pas autorisé à faire un troisième mandat. C’est clairement une atteinte à l’indépendance de la Côte d’Ivoire.

JJD: Vous parlez même de coup d’Etat…

SORO: Oui, et il a franchi la ligne rouge. Quand vous vous attaquez à la constitution d’un pays, vous sapez les bases de l’Etat. Au-delà de la Côte d’Ivoire, il y a la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedao), dont fait partie notre pays et qui possède également une charte interdisant de faire un mandat de trop. Il existe donc un double verrou que M. Ouattara a clairement fait sauter.

JDD: Une déception politique et personnelle?

SORO: Il venait chez moi, on se connaissait très bien. En 1990, j’étais encore étudiant et, ensemble, nous nous sommes battus contre le parti unique et pour une alternance politique. Venant de quelqu’un qui a travaillé au Fonds monétaire international, vous comprenez mon ahurissement. Il a profité de l’auréole du FMI pour se glisser dans la peau du charmeur. Moi-même, j’ai été séduit par son CV. Je l’ai soutenu. Nous étions cinq camarades, quatre sont partis. Vous comprenez mon désarroi. J’ai honte. Son comportement caricature les Africains. Mais aussi les politiques. Quel Ivoirien va nous croire?

JDD: Vous vivez en exil, que pouvez-vous faire en réaction à cette décision?

SORO: Dans le cadre de mon mouvement, nous allons nous réunir ­aujourd’hui pour annoncer que nous nous opposons sans concession au troisième mandat de Ouattara. C’est une question de survie, pour sauver la République et ses fondements, protéger notre Constitution et réaliser un idéal démocratique. Nous allons nous battre et lui demander de renoncer.

JDD: De Paris?

SORO: Oui, nous avons des relais et j’ai appelé à l’unité d’action de toute l’opposition. Les manifestations ont commencé à Abidjan, et nous ne sommes pas en 1960. Nous sommes en 2020, il y a Internet et les réseaux sociaux.

J’ai la dictature contre moi mais le droit avec moi

JDD: Vous êtes candidat à l’élection présidentielle, mais vous avez été exclu de la liste électorale et vous ne pouvez pas rentrer en Côte d’Ivoire…

SORO: Je maintiens ma candidature parce que la Constitution me donne le droit de me présenter. J’ai la dictature contre moi mais le droit avec moi. Une parodie de procès a été organisée à mon encontre afin de me rayer de la présidentielle, mais la Cour africaine des droits de l’homme a cassé la décision du tribunal d’Abidjan. Je suis convaincu d’être en bonne position pour gagner cette élection.

JDD: Qu’attendez-vous de la France?

SORO: Maintenant que M. Macron s’est ­invité dans le débat politique ivoirien en félicitant M. Ouattara et en distribuant des bonnes notes, j’attends les sanctions, un carton rouge. Il existe une grande communauté française en Côte d’Ivoire, or aujourd’hui nous sommes à quelques mois d’une élection qui sonne les prémices d’une crise pré-électorale, il prend des risques. Le pays va brûler.

JDD: Qui va le faire brûler?

SORO: Ouattara, bien sûr! Parce que les Ivoiriens n’accepteront jamais qu’il soit candidat alors que lui veut l’être par la force des chars.

Source : Le Journal Du Dimanchehttps://www.lejdd.fr/International/Afrique/guillaume-soro-candidat-a-la-presidentielle-en-cote-divoire-au-jdd-ouattara-va-bruler-le-pays-3984872.amp?Echobox=1596918816&__twitter_impression=true