Des organisations de la société civile n’approuvent pas les résultats du Laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments (LCSSA) au sujet de la mort massive de poissons dans le lac Toho, survenue dans la nuit du 19 au 20 mai. AquaDeD Ong, Ong Les Jardins de l’Espoir, JINIKUN, Unité de protection de l’environnement et Africa mobile nature, réunies au sein du »Groupe d’action pour le Lac Toho » l’ont fait savoir à travers une déclaration commune ce mardi 11 septembre 2018 au Codiam de Cotonou. Elles ont, à cet effet, fait des recommandations au gouvernement pour élucider le drame.
Manassé AGBOSSAGA
Dans une déclaration commune lue par Fidèle Sossa, le »Groupe d’action pour le Lac Toho » n’a pas caché sa position au sujet du drame survenu au lac Toho, situé dans l’arrondissement de Kpinnou, commune d’Athiémé. Tout en saluant la promptitude des pouvoirs publics, avec le déplacement du ministère de la pêche dans la localité, mais aussi et surtout la célérité avec laquelle le Laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments ( LCSSA) a procédé au prélèvement et à l’analyse des échantillons d’eau, de sédiments et de poissons du Lac, AquaDeD Ong, Ong Les Jardins de l’Espoir, JINIKUN, Unité de protection de l’environnement et Africa mobile nature, toutes membres du Groupe d’action ont exprimé leur insatisfaction. Dans leur déclaration, ces organisations de la société civile ont dénoncé la procédure et la méthodologie de prélèvement d’échantillons, la procédure d’échantillonnage, mais aussi la nature des molécules réellement recherchées dans les échantillons, l’absence d’une enquête de terrain approfondie par les équipes des directions techniques du ministère de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep) et de l’Agence béninoise pour l’environnement (Abe), la faible implication de l’Abe, du ministère du Cadre de vie, et des scientifiques spécialisés dans les questions halieutiques.
Face à ces constats, le groupe d’action rejette les résultats du LCSSA. « La société civile béninoise, … sur avis de quelques experts en la matière, remet en cause la crédibilité des résultats du LCSSA… », martèle Fidèle Sossa.
Explorer d’autres pistes
Se faisant, le Groupe d’action invite les autorités compétentes et les parties prenantes à poursuivre les investigations pour une meilleure connaissance de l’origine du drame. Pour ces organisations de la société civile, actives dans la protection de l’environnement et la promotion de la biodiversité, qui ont dépêché une mission au Lac Toho pour constater les faits et échanger avec les populations, le 24 mai, la mort massive de poissons pourrait être provoquée , entre autres, par les pratiques de maraîchage répandues autour du lac et surtout dans le bassin versant, l’influence des carrières de graviers en exploitation non loin du lac, les phénomènes géologiques locaux, les pratiques piscicoles, l’apparition possible d’algues unicellulaires de type cyanobactérie ou euglène.
Et dans le but de confirmer ou d’infirmer ces différents facteurs qui pourraient être à l’origine du drame, le Groupe d’action fait trois propositions au gouvernement. Il recommande de « mettre sur pied un comité national pluridisciplinaire, d’associer les laboratoires compétents des universités et enfin, de prendre des mesures pour rassurer les pécheurs, les pisciculteurs et les consommateurs sur la qualité des produits halieutiques.
En attendant que le gouvernement de Patrice Talon apprécie ces propositions, les autorités de la commune d’Athiémé, et les pécheurs présents à la conférence publique qui s’est tenue sous le thème « gestion de la mort massive des poissons du Lac Toho à Athiémé » ont approuvé ces recommandations.