Les évangéliques ont voté pour Trump, mais les catholiques étaient partagés

Avant l’élection, les deux campagnes avaient lancé des appels vibrants aux catholiques, en les invitant à voter selon leur foi. Les partisans de M. Trump demandaient aux catholiques de ne pas voter pour M. Biden, qui appuie le droit à l’avortement; les partisans de M. Biden estimaient que M. Trump était trop controversé et lui reprochaient de ne pas avoir accordé d’attention aux questions de justice sociale au coeur de la foi catholique.

WASHINGTON — Le président Donald Trump a reçu l’appui d’environ huit électeurs évangéliques blancs sur dix, mais les électeurs catholiques se sont partagés presque également entre lui et son rival démocrate Joe Biden, révèle le sondage AP VoteCast.© Fournis par La Presse Canadienne

L’emprise de M. Trump sur le vote évangélique blanc témoigne du succès que continue de remporter le Parti républicain auprès d’un pan de l’électorat qui est au coeur de son pouvoir politique depuis sa victoire de 2016. Ses chances de réélection ont toutefois été compliquées quand des catholiques se sont ralliés à M. Biden, un membre de cette foi.

AP VoteCast indique que 50 % des catholiques ont appuyé M. Trump et 49 % M. Biden, ce qui illustre l’impact de ces électeurs dans les campagnes présidentielles — surtout dans des États pivots comme le Michigan et le Wisconsin.

M. Trump avait remporté ces deux États par moins d’un point de pourcentage en 2016, mais ils sont allés à M. Biden cette année.

Avant l’élection, les deux campagnes avaient lancé des appels vibrants aux catholiques, en les invitant à voter selon leur foi. Les partisans de M. Trump demandaient aux catholiques de ne pas voter pour M. Biden, qui appuie le droit à l’avortement; les partisans de M. Biden estimaient que M. Trump était trop controversé et lui reprochaient de ne pas avoir accordé d’attention aux questions de justice sociale au coeur de la foi catholique.

Michael Wear, un ancien conseiller religieux du président Barack Obama, assure avoir perçu que la campagne Biden à l’intention des électeurs religieux touchait la cible. M. Biden deviendrait le deuxième président catholique après John F. Kennedy.

«Ces résultats montrent que l’approche politique de M. Biden était la bonne, a dit M. Wear. Il s’est lancé parce qu’il croyait qu’il n’échapperait pas la région du ‘Rust Belt’, comme c’est arrivé à la candidate en 2016.»

Michael New, un adversaire de l’avortement qui enseigne à l’Université catholique des États-Unis, croit que l’opposition de M. Trump à l’avortement a probablement attiré des électeurs catholiques en désaccord avec lui sur d’autres questions.

Les électeurs catholiques représentaient cette année 22 % de l’électorat, mais ils étaient clairement divisés.

Ce sont 57 % des catholiques blancs qui ont appuyé M. Trump et 42 % M. Biden, selon VoteCast. En 2016, M. Trump avait rallié 64 % des catholiques blancs, contre 31 % pour Hillary Clinton, selon une analyse du Pew Research Center.

Parmi les catholiques latinos, VoteCast montre que 67 % ont appuyé M. Biden et 32 % M. Trump.

«L’élection montre que l’Église catholique n’est pas aussi divisée que notre pays; la vraie division concerne la race et l’ethnicité, pas la théologie», a dit David Gibson, qui dirige le Center on Religion and Culture de l’université Fordham.

Il a ajouté que l’écart entre le vote catholique blanc pour M. Trump et le vote latino pour M. Biden est problématique pour les leaders de l’Église, surtout si le Parti républicain continue de courtiser les électeurs blancs avec une rhétorique anti-immigrants.

«Si le Parti républicain continue à amplifier ses appels aux griefs blancs et à la peur des immigrants pour rallier le vote catholique blanc, ça pourrait causer d’autres problèmes pour une Église catholique qui cherche l’unité», a dit M. Gibson par courriel.

Les catholiques ne sont pas les seuls électeurs à qui la campagne Biden a fait la cour, alors qu’elle tentait de miner l’avantage de M. Trump auprès de certains segments de l’électorat évangélique blanc. Le succès retentissant remporté le président de ce côté permet toutefois de se demander si de prochaines campagnes démocrates devraient y aller d’efforts similaires.

Ryan Burge, un politologue de l’université Eastern Illinois qui se spécialise dans le vote religieux, a expliqué que les évangéliques blancs «sont aussi rouges qu’il est possible d’être rouge». Il a suggéré aux candidats démocrates de l’avenir de se concentrer sur les catholiques blancs et les évangéliques latinos.

«Il n’y a pas moyen d’aller chercher qui que ce soit» parmi les évangéliques blancs qui aiment l’agenda républicain, a dit M. Burge.

Parmi les électeurs sans affiliation religieuse, 72 % ont choisi M. Biden et 26 % M. Trump. VoteCast a aussi constaté que plusieurs autres pans de l’électorat religieux sont allés à M. Biden, en respect avec leurs préférences traditionnelles pour les démocrates.

Les électeurs juifs représentaient 3 % de l’électorat cette année; 68 % d’entre eux ont appuyé M. Biden et 31 % M. Trump. Soixante-quatre pour cent des électeurs musulmans ont voté pour M. Biden et 35 % pour M. Trump. Lors d’un sondage mené en 2017 par le Pew Research Center, environ les deux tiers des électeurs musulmans s’identifiaient comme démocrates ou proches du Parti démocrate.

M. Trump peut se réjouir de sa popularité auprès des électeurs de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours: 71 % d’entre eux ont appuyé le président sortant et 24 % son rival démocrate.

Seulement 56 % de ces électeurs approuvaient toutefois de la performance de M. Trump comme président.

___

Le sondage AP VoteCast de l’électorat américain a été réalisé par la firme NORC à l’Université de Chicago pour le compte de Fox News, de NPR, de PBS NewsHour, d’Univision News, du USA Today Network, du Wall Street Journal et de l’Associated Press. L’enquête a été menée auprès de 106 240 électeurs pendant huit jours, en anglais et en espagnol. La marge d’erreur est d’environ 0,4 point de pourcentage.

Elana Schor et David Crary, The Associated Press