Côte d’Ivoire : Les sept exigences du parti de Guillaume Soro

Générations et peuples solidaires (GPS), le parti de Guillaume Soro a, à travers un communiqué publié ce 30 novembre et signé de Maître Affoussiata Bamba fait sept exigences pour une sortie de crise en Côte dIvoire. Détails à travers lintégralité du communiqué.

COMMUNIQUE GPS

L’échéance du scrutin du 31 octobre 2020 a de nouveau plongé la Côte d’Ivoire dans une situation de déchirure et de tensions sociale et politique, exposant ce pays à la déflagration.

La Côte d’Ivoire ressort fortement fragilisée face aux fléaux actuels que sont la guerre civile, l’immigration massive de sa jeunesse et le terrorisme qui menacent à ses portes. Les pays voisins que sont le Burkina, le Mali et le Niger en sont déjà victimes.

Tout ceci compromet durablement tous les espoirs de voir notre pays s’acheminer vers la démocratie après la grave crise post-électorale qu’il a connu en 2010.

En effet, de tous les avis, le contexte politique et sécuritaire qui a prévalu en amont comme en aval n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle concurrentielle, compétitive et crédible.

Pour rappel :

▪️le Président de la République sortant, Monsieur Alassane Ouattara pourtant inéligible a imposé à un Conseil Constitutionnel parjure de compétir et ce en violation de la Loi Fondamentale ivoirienne qui en son article 55 stipule que : « Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois ». Comme on peut le constater, il n’y a pas d’interprétation possible, ni cas de force majeure admis comme exception à la règle érigée, la Constitution interdit formellement un troisième mandat.

▪️en plus les candidatures légitimes et légales de l’ancien Président Laurent Gbagbo et de l’ancien Premier Ministre Guillaume Kigbafori Soro ont été rejetées au mépris de la législation ivoirienne et en dépit des injonctions de la justice internationale, notamment de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.

▪️c’est au regard de cette forfaiture et refusant de la cautionner que le Président Henri Konan Bedié et le Premier Ministre Pascal Affi N’guessan se sont interdits de participer à la mascarade électorale et ce en harmonie avec la Constitution ivoirienne.

Autant dire que cette farce électorale nous ramène au contexte des partis-Etats partis uniques des années 60. Une telle reculade méritait une réaction sans équivoque du Peuple ivoirien et de la classe politique : la désobéissance civile.

Ce processus électoral n’en fut pas un. En plus, il fut terriblement entaché d’irrégularités et des pires violences jamais enregistrées depuis 1960 avec la résurgence d’affrontements intercommunautaires aggravés. Les manifestations de protestation lancées par la société civile et les partis de l’opposition dès l’annonce de la candidature inconstitutionnelle de M. Alassane Ouattara jusqu’au passage en force orchestré, ont été émaillées par une violence inouïe. M. Alassane Ouattara actionnant ses milices qui ont été auteurs d’une barbarie bestiale contre les populations ivoiriennes.

Le bilan de ces actes de sauvagerie est lourd : près de 200 personnes atrocement tuées, plus d’un millier de blessés, plusieurs arrestations et des milliers de déplacés cherchant réfuge dans les pays voisins selon Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. A ce jour, plusieurs hauts responsables de l’opposition sont en détention, dont des députés, des leaders politiques et des personnalités de la société civile.

Malgré le règne de terreur et les nombreuses violations des droits de l’hommes observées, l’opposition politique, en toute responsabilité, affirme que le seul antidote à l’effondrement de l’Etat ivoirien, demeure la démocratie et le respect strict de la Constitution.

C’est pourquoi elle exige :

la dissolution du Conseil Constitutionnel parjure ;

la dissolution de l’actuelle Commission Electorale Indépendante(CEI) monocolore et aux ordres ;

l’audit international de la liste électorale ;

la libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;

le retour sécurisé de tous les exilés ;

la commission d’une enquête internationale pour situer les responsabilités des atrocités commises avant et après la mascarade électorale et identifier leurs auteurs ;

la mise en place d’une transition civile pour l’organisation d’une élection présidentielle transparente et inclusive.

C’est dire que nous ne reconnaissons pas le troisième mandat inconstitutionnel de M. Alassane Ouattara et par conséquent il ne peut être accepté comme le Président élu.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) considère que la farce électorale du 31 octobre 2020 établit clairement que le Peuple de Côte d’Ivoire n’a pas voté pour Alassane Ouattara et de ce fait, que ces élections sont réputées nulles et de nul effet.

Les tentatives maladroites du Président Français, Emmanuel Macron, de reconnaitre M. Alassane Ouattara comme Président en violation de la Constitution, du massacre de plus de 200 ivoiriens dont le jeune Koffi Toussaint décapité, est une faute.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) note qu’une telle posture de la France ne fait qu’empirer le climat politique déjà délétère.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) considère que le bradage économique au profit des multinationales Françaises par M. Alassane Ouattara ne doit en aucun cas justifier son adoubement au détriment des nobles valeurs des droits de l’homme et de la démocratie.

En effet, de gros contrats juteux, sulfureux et teintés de corruption, en l’occurrence la construction du métro d’Abidjan concédé au coût faramineux de 1,5 millions d’euros soit environs de 1000 milliards de francs CFA et le projet d’extension de l’aéroport d’Abidjan concédé en pleine campagne électorale heurte l’éthique et les principes de la bonne gouvernance si chères semble-t-il à l’Union européenne. Ceci achève de convaincre les plus sceptiques si besoin en était, qu’il y’a une inversion de l’échelle des valeurs de la démocratie et les rend plus détestable.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) dénonce de telles pratiques qui violent la loi Sapin en France ainsi que les règles et pratiques de l’Union Européenne.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) appelle les juridictions internationales notamment françaises à se saisir de ces dossiers suscités.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) indique que le combat pour une Afrique libre et démocratique demeure son leitmotiv.

Générations et Peuples Solidaires continuera à s’opposer aux troisièmes mandats et aux Présidences à vie en Afrique.

C’est pour toutes ces raisons qu’il urge que l’opposition politique se réveille et porte haut le flambeau du combat pour la démocratie et l’État de droit.

Générations et Peuples Solidaires (GPS) sollicite le Président Henri Konan Bédié et l’ensemble des leaders des partis d’opposition aux fins de convoquer toutes les plateformes politiques engagées dans le combat pour l’État de droit et la démocratie pour faire un état des lieux de la désobéissance civile sans complaisance, en tirer les leçons afin de rassurer le peuple et relancer son noble combat car la lutte doit continuer .

Générations et Peuples Solidaires félicite le vaillant et courageux Peuple de Côte d’Ivoire pour sa bravoure et sa pugnacité et l’invite à se mobiliser davantage.

Générations et Peuples Solidaires salue la mémoire de nos martyrs exécutés par les miliciens sur l’autel du pouvoir absolu de M. Alassane Ouattara et dit sa détermination à se tenir solidairement aux côtés des blessés et des familles éplorées.

Vive la désobéissance civile.

Fait à Paris le 30 novembre 2020.

Pour le GPS

Maître Affoussiata Bamba